Editions Acte Sud

Scène de crime virtuelle – Peter May

Je connais Peter May grâce à sa trilogie écossaise, avec laquelle il a réussi à me charmer grâce à une ambiance soooo scottish ! Je n’en ai lu que deux sur les trois pour l’instant (L’île des chasseurs d’oiseaux et L’homme de Lewis), le dernier sera lu prochainement d’autant plus que j’ai découvert qu’il traînait depuis 3 ans dans ma Pal de la honte (livres composés d’achats pulsions chez le bouquiniste il y a fort longtemps, jamais lus, avec même quelques exemplaires en double…).

C’est dans un tout autre univers que l’auteur nous emmène cette fois, nous quittons en effet l’Ecosse et ses paysages pour la Californie, de quoi en dérouter plus d’un !

Je vous parle aujourd’hui de Scène de crime virtuelle, de Peter May, publié chez Babel noir.

L’histoire (4ème de couverture)

Ils avaient choisi d’habiter des îles de rêve, imaginé de splendides villas pour des vies oisives, collectionnaient les voitures de luxe et les vins français. Ils ne pensaient pas que le mal viendrait les chercher là. Rivés à leurs écrans comme à des mirages, ils n’avaient pas senti qu’un tueur était sur leurs pas. Ils ont d’abord vu tomber leurs avatars. Ils n’ont pas compris que c’en était fini des jeux de rôle. Lorsque la mort est entrée chez eux, dans la vie réelle, il était trop tard…

Goodbye Scotland, Hello America !

Quand la vie réelle est trop difficile, il est tentant d’aller se réfugier dans un univers parallèle afin d’échapper aux souffrances qui nous rongent. C’est ce qu’a décidé de faire Michael, un technicien de scène de crime rongé par la mort de sa femme six mois plus tôt, en s’inscrivant sur Second Life (SL), un site internet permettant de se construire une vie sur mesure un peu à la manière des Sims, une vie dans laquelle les plus âgés pourraient se faire passer pour plus jeunes qu’ils ne sont le sont réellement, où ceux complexés par leur physique pourraient devenir des canons de beauté, où les pauvres peuvent se créer une vie de riches… Les possibilités sont infinies, mais les dangers sont multiples : risque de perdre pied avec la réalité évidemment, mais aussi faire de mauvaises rencontres, être victime de mauvaises personnes, ou encore voir cette vie virtuelle déborder sur notre vie personnelle, et pas de la meilleure des manières.

Bien que Scène de crime virtuelle ne restera pas dans mes meilleures lectures de l’année, j’ai malgré tout apprécié ce roman parce qu’il est différent, et surtout parce que l’auteur a réussi à susciter de l’intérêt chez moi pour un univers qui ne m’intéresse absolument pas normalement l’univers virtuel. Si l’ouvrage démarre dans un premier temps de manière assez classique, Peter May laisse rapidement de côté la réalité et une majeure partie de son roman se déroule dans Second Life.  À partir du moment où on arrive dans cet univers, la lecture se fait très rapide car il s’agit d’une succession de dialogues entre Michael (alias Chas dans SL), et les différents avatars qu’il côtoie. Puis, forcément on est dans un thriller, les choses se gâtent, et ce qui devait rester de l’ordre du virtuel finit par avoir un impact dans sa vraie vie, semant le chaos alors que la situation était déjà bien compliquée pour lui. C’est alors une course contre la montre qui se met en place, afin de sauver sa peau et de ne pas finir entre quatre planches refroidi.

J’ai vraiment apprécié le personnage de Michael, et bien qu’il enchaîne les mauvaises décisions qui le précipiteront dans un tourbillon d’emmerdes, j’ai trouvé qu’il avait quelque chose de touchant et de très humain en lui.

J’ai également apprécié retrouver deux caractéristiques récurrentes de l’écriture de Peter May : celle de décrire l’environnement dans lequel évolue les personnages, mais également celle de développer au maximum la psychologie des personnages et de les rendre vivants, complexes et humains.

Si je vous parle d’environnement, c’est que vous savez que j’aime particulièrement lorsqu’un auteur met l’accent sur le lieu dans lequel il place ses intrigues : l’Ecosse pour la Trilogie écossaise (naaaannn sérieux Anaïs ?? ), la Californie ici. Bien qu’on soit un peu dans le cliché grosse baraque américaine, couchers de soleil sur le Pacifique et palmiers à gogo, moi j’ai aimé ça car c’est très visuel et que ça a eu le mérite de me transporter, et dieu sait que j’en ai besoin après un an et 3 mois sans pouvoir voyager pour cause du méchant virus !

L’auteur s’est focalisé sur le fait d’essayer de rendre humain au maximum les personnages virtuels que nous croiserons au fil de notre lecture, ça semble parfois un peu peu crédible mais qu’importe, je ressors globalement avec un avis plutôt positif de cette lecture. Les sentiments, les pensées profondes des personnages, les liens qu’ils ont entre eux sont décrits avec précision et contrebalancent complètement avec la virtualité de ce monde, et c’est là la force du roman.

Le mot de la fin

C’est un ouvrage assez différent de ce que je lis habituellement, je suis contente de l’avoir lu. Il est assez singulier pour que je m’en souvienne dans les mois à venir, je pense !

Un ouvrage qui se lit vite, assez immersif pour me couper de mon monde réel à moi (quelle mise en abyme pour le coup ! ). J’ai trouvé certains passages un peu longs dans le monde virtuel, mais cela n’a malgré tout pas entaché ma lecture.

Je retiendrai également cette citation, franchement parlante pour quiconque a surfé un jour sur les réseaux sociaux : « Mais les gens sont comme cela dans SL. Pas seulement dans SL, d’ailleurs. Peut-être est-ce dû à Internet. Les individus ne sont jamais face à face, les yeux dans les yeux. On dirait qu’ils pensent que cela les dispense d’observer les règles sociales habituelles et politesse et de tact. Regardez les forums en ligne. Ce sont parfois des champs de batailles brutaux et sanglants, où la bile coule à flots et où les gens expriment des choses qu’ils ne vous diraient jamais en face. Ici, ils peuvent se cacher derrière leur avatar. »

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