Coup de coeur, Editions Taurnada, Livre qui décoiffe ta tête de lecteur

La peine du bourreau – Estelle Tharreau

J’ai tout lu d’Estelle Tharreau, j’ai tout aimé d’Estelle Tharreau. Mais alors celui-là… Mon dieu quel roman incroyable, je vais mettre des semaines à m’en remettre…

Je vous parle aujourd’hui de La peine du bourreau, d’Estelle Tharreau, paru chez Taurnada.

L’histoire (4ème de couverture)

McCoy est « bourreau » au Texas. Après 42 ans passés dans le couloir de la mort, il reçoit la visite officieuse du Gouverneur Thompson qui doit se prononcer sur la grâce du condamné numéro 0451.
Il ne leur reste que quatre heures pour faire revivre les souvenirs de McCoy avant l’injection létale.
Quatre heures dans l’isolement de la prison de Walls.
Quatre heures pour cinq crimes qui déchaînent les passions.
Quatre heures pour ce qui pourrait être la dernière exécution de McCoy.
Quatre heures pour jouer le sort d’un homme.

Un thriller psychologique aussi troublant que fascinant : une immersion sans concession dans le couloir de la mort et ses procédures d’exécution.

Poignant !

À la lecture de la quatrième de couverture, j’ai tout de suite compris que ce roman serait très différent des précédents ouvrages de l’auteur et qui se déroulaient tous en France, dans la France profonde et rurale. Ici, bye la France, good morning America pour mon plus grand bonheur vu que je suis toujours en pleine crise « j’veux retourner aux Etats-Unis et j’ai envie de lire des romans qui se déroulent là-bas » !

Ce que je n’avais pas prévu, en démarrant cette lecture, c’est de me sentir à ce point bouleversée…

L’auteure nous fait côtoyer tantôt le bourreau qui raconte sa vie d’exécuteur à un gouverneur venu assister à une exécution, tantôt les condamnés à mort lors de leurs dernières heures d’existence. On assiste à la peur, à la souffrance de cette mort qu’ils voient arriver et qui les terrorise, on assiste parfois aux remords, aux exécutions qui tournent mal parce que l’électricité a cramé le bonhomme mais pas assez pour lui faire claquer son cœur et qu’il s’est vu mourir dans d’atroces souffrances, à la douleur de celui pour lequel la piqûre a été mal dosée. J’ai dû sauter quelques passages parce que trop difficiles pour moi, oui, moi qui suis connue pour aimer les romans vraiment barbares qui tabassent, je n’ai pas pu supporter… La violence de ce roman est insidieuse, car elle transpire de l’écriture franche et nette de l’auteure, ce n’est pas une violence qui vous est jetée en pleine tronche à grand renfort de litres de sang ou de descriptions atroces, non. C’est une violence qui découle de la manière qu’a Estelle Tharreau de traiter le sujet de la peine de mort. C’est du grand art en matière d’écriture, et c’est grâce à cette puissance des mots que je me suis trouvée si bouleversée. La violence émane aussi du fait qu’on vit les exécutions au plus près, et qu’on comprend parfois que le bourreau n’est pas forcément toujours celui qu’on croît. Je suis profondément contre la peine de mort, je l’ai toujours été, je le serai toujours malgré la monstruosité des crimes que certains assassins peuvent perpétrer. Je suis pour une justice sévère, pour l’enfermement à vie, mais pas pour la peine de mort. Et après cette lecture, cette position s’en retrouve renforcée.

Plus qu’un thriller, on est ici dans une vraie littérature, frôlant par moment le roman noir. Le fait que l’auteure est française et pas américaine me pousse une fois de plus à l’admiration. Il en faut du talent pour avoir une analyse si juste sur ce qu’est la peine de mort, de l’ambiance qui règne autour de l’exécution d’un condamné.

Le mot de la fin

J’ai bien du mal à me défaire de ce roman deux jours après l’avoir terminé ; je ne suis pas une lectrice qu’on peut facilement chambouler, mais là j’en ressors sous le choc et groggy par tout ce qu’il a réveillé en moi, comme sentiments et émotions.

Lu quasiment d’une traite, mais avec quelques moments de pause histoire de reprendre mon souffle, et la boîte de mouchoirs pas loin…

C’est un magnifique coup de cœur, en même temps qu’un coup de griffe à l’âme.

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