Editions Metropolis, Polar/thriller français

Les anges de Babylone – Ghislain Gilberti

Première frayeur : le bouquin fait plus de 600 pages alors que je n’ai pas envie de lire des pavés en ce moment.

Deuxième frayeur : l’intrigue se situe dans le milieu du trafic de drogue, thème qui n’est pas forcément l’un de mes préférés dans mes lectures.

Troisième frayeur, aux alentours de la page 75 : « non mais c’est quoi c’pavé lààààààà !!! Y a même pas un flic ou une enquête dans c’bouquin, Ghislain mais qu’est-ce que t’as foutu ?? « 

Madame Serial Lectrice, elle commence toujours par râler avant de réfléchir. Et puis, elle s’y met, elle constate que finalement, ça l’fait grave, et elle regrette d’avoir râlé pour rien !

Je vous parle aujourd’hui du dernier livre de Ghislain Gilberti, Les anges de Babylone, paru hier aux Editions Metropolis.

L’histoire (4è de couverture)

« Ghislain Gilberti est un écrivain stratosphérique : bienvenue dans le monde maléfique de l’un des plus grands auteurs de polars contemporains. » Gérard Collard, librairie La Griffe Noire
Débarquée de l’enquête sur Borderline, Cécile Sanchez revient sur le terrain lorsqu’une guerre des ombres éclate entre de nouveaux caïds et le Réseau Fantôme. Prêt à tout détruire, l’un des leaders de la corporation de tueurs, bien plus dangereux et instable que ses coreligionnaires, vient de sortir de prison après une décennie passée à l’isolement. Au centre de cette guerre pour le contrôle global, les Anges de Babylone, une nouvelle unité qui a grandi dans l’ombre de Borderline, s’apprête à prendre le ciel et s’étendre aux périphéries du territoire. Avec toujours la mystérieuse Voix pour guider leurs actions, leurs pensées et leurs bras armés. C’est dans cette zone que la nature est à nouveau sauvage. Les Anges feront la guerre pour l’Homme. Même les anges déchus auront leur croisade et celle qui ouvre la porte au grand chaos balaiera tout sur son passage : il n’y aura pas le moindre quartier.
Suite virtuose de Sa Majesté des Ombres, révélation polar de l’année 2018, Prix des Géants du Polar 2018 et salué unanimement par les lecteurs, Les Anges de Babylone est le second volume apocalyptique de La trilogie des Ombres.

En avril, ne te découvre pas d’un fil…

Mais garde quand même ton gilet pare-balle, c’est plus prudent !

Si dans le premier tome de la série, Sa majesté des ombres, l’auteur fait évoluer son lecteur aux côtés de policiers qui enquêtent sur un trafic de drogue, ici il nous immerge en plein cœur de la vie d’un groupe de trafiquants, semant le chaos, disséminant les cadavres, inondant leur chemin de sang et de poudre blanche. La première longue partie qui s’apparente à un immense prologue de 150 pages est centrée sur le trafic de drogue et sur l’affrontement entre deux cartels. Lorsque tout s’embrase, c’est un véritable carnage, avec des scènes de guerre dignes des pires règlements entre cartels mexicains, au beau milieu de la paisible région alsacienne.

Bienvenue en Enfer, Commissaire Sanchez !

Les anges de Babylone est un thriller dense, et pas seulement en raison de son nombre de pages : multitude de lieux, de personnages, immersion tantôt côté trafiquants, tantôt du côté de l’enquête, sentiment d’omniscience du lecteur qui ne peut qu’assister aux carnages, aux trahisons, aux magouilles qui s’opèrent au plus haut de la pyramide. L’écriture de Ghislain Gilberti est à l’image d’un tir de précision, pointue, millimétrée, tout a une raison d’être, chaque mot, chaque paragraphe, chaque chapitre est là pour desservir l’intrigue, la rendre captivante et enivrante. Pas de longueurs inutiles, il faut que ça claque, que ça tabasse, il faut que le lecteur en prenne plein la tête et qu’il en ressorte groggy avec l’impression de s’être fait tabasser sur un ring de boxe. L’action est incessante, pas le temps de t’ennuyer, pas le temps de reprendre tes esprits que tu te reprends une nouvelle salve en pleine tronche, scènes de meurtre, scène de violences, scène de cul se succèdent, plongeant le lecteur en apnée dans les abîmes d’un univers impitoyable.

Et toujours cette musique qui berce notre lecture… L’auteur le dit lui-même dans l’interview qu’il m’a accordée il y a quelques jours, la musique fait partie intégrante de sa vie, elle est son moteur, son inspiration, et on la retrouve dans chacun de ses ouvrages. J’apprécie d’autant plus que je me retrouve beaucoup dans ses goûts musicaux, forcément ça me parle, et mon cerveau embraye sur ces sombres mélodies qui rythment ma lecture.

Le mot de la fin

Un raz-de-marée, un cataclysme littéraire, digne d’un scénario de série ! Ce bouquin est tout ce que j’attends d’un thriller : passages bien costauds, rythme incessant, puissance des sentiments histoire de multiplier les émotions ressenties par le lecteur durant sa lecture. Je n’ai pas été seulement bousculée par les scènes de violence, je l’ai été aussi par des passages plus poignants et humains. C’est ce qui fait que j’aime autant cet écrivain, il est capable de décrire le pire, et puis l’instant après il ajoute un peu de poésie pour panser les plaies qu’il aura ouvertes en vous.

Gilberti ose, là où d’autres ajouteraient un peu d’édulcorant, Gilberti bouscule, là où d’autres feraient plus conventionnel, Gilberti prend aux tripes, là où d’autres ne feraient qu’effleurer. Jamais de surenchère pour faire du sensationnel, juste l’horreur d’une réalité qui nous dépasse, froide et sans concession.

Sa majesté des ombres m’avait séduite, Les anges de Babylone m’a conquise.

Ghislain Gilberti nous prouve une nouvelle fois qu’il est l’un des auteurs les plus doués de sa génération.

Il n’y a plus qu’à prendre mon mal en patience, et attendre le troisième volume qui clôturera cette Trilogie des ombres.

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