
J’ai traversé récemment une grosse période où je n’avais envie de lire que des thrillers psychologiques. Pioché au hasard dans les nouveautés sur Kobo, le hasard fait parfois bien les choses ! Ce roman est en effet tout ce que j’attends d’un thriller psychologique.
Je vous parle aujourd’hui de Tout ce qui est à toi brûlera, de Will Dean, publié chez Belfond.
L’histoire (4ème de couverture)
Il est son mari, elle est sa prisonnière.
Il l’appelle Jane, mais ce n’est pas son nom.
Thanh Dao a quitté illégalement son Vietnam natal pour rejoindre l’Angleterre, ses universités, sa liberté. Mais le rêve a viré au cauchemar. Personne ne soupçonne qu’elle est là, prisonnière de cette ferme perdue au milieu de nulle part. Personne ne viendra la sauver.
Sept ans que la jeune femme subit les remontrances, les humiliations, les punitions de l’homme qui l’a achetée. Bien sûr, elle a tenté de s’échapper, mais comment fuir ces plaines où le regard porte jusqu’à l’infini ?
Pourtant, aujourd’hui, elle a plus de raisons de lutter que jamais. Il y a cette vie minuscule qui grandit en elle. Et cette femme, cette voisine charmante et naïve venue se présenter un matin. Une étrangère dont Thanh est convaincue qu’elle est porteuse d’espoir…
Un bon thriller psychologique
La quatrième de couverture annonce immédiatement la couleur, c’est encore un thriller psychologique basé sur une histoire de couple, de séquestration et de maltraitances diverses. C’est une énième histoire du genre certes je vous l’accorde, mais quand c’est bien traité comme ici on prend toujours du plaisir à la lire.
L’auteur nous plonge dans le huis-clos d’une crasseuse petite maison isolée dans laquelle une jeune femme vit un enfer. Achetée, soumise, blessée, violée, contrainte à vivre dans l’isolement et le dénuement le plus total, l’espoir de sa vie prendra forme au creux de son ventre. L’enfant du monstre n’en restera pas moins son enfant à elle. Cette maternité fait naître en elle une rage, un volonté de tout faire pour essayer pour s’en sortir afin de garantie leur survie et de leur assurer une vie meilleure.
Plus que le sujet du couple toxique, l’esclavagisme et l’exploitation humaine, c’est la maternité qui est le thème principal du roman. Il y a quelque chose de quasi animal dans ce que réveille la maternité chez une femme. Prête à tout pour sauver et protéger son enfant, une mère est capable de puiser au fond de ses dernières ressources, dans cet amour inconditionnel que la lie à celui qu’elle a mis au monde. Il n’y a rien de plus dangereux, de plus déterminé ni de plus féroce qu’une mère qui a peur pour son enfant. C’est là toute l’originalité de ce roman, car bien souvent les thrillers psychologiques sont axés uniquement sur la relation toxique du couple.
Comme dans tout bon thriller psychologique, l’action n’est pas des plus retentissantes. Il y aura des passages plutôt répétitifs, en même temps que voulez-vous qu’il se passe entre les quatre murs d’une maison où une femme est retenue prisonnière ? Tout l’art de l’auteur réside dans le fait qu’il réussit à ferrer son lecteur pour lui donner envie de continuer jusqu’au bout. On se prend d’empathie pour la jeune femme, on s’implique émotionnellement avec elle et on espère tout au long de notre lecteur qu’elle réussira à s’en sortir. On assiste impuissants à de vaines tentatives d’évasions et aux conséquences de celles-ci. On pense par moment avoir touché le fond de l’horreur mais on découvre que ça peut être encore pire que ce qu’on imaginait. Le dénouement nous pète à la gueule sans qu’on comprenne ce qu’on a loupé dans notre lecture pour ne rien avoir vu venir.
Le mot de la fin
Un huis-clos étouffant, irrespirable et haletant.
L’auteur signe un ouvrage remarquable, fort et captivant.