
Je continue de lire autre chose que du nordique. C’est l’occasion pour moi de sortir des romans qui patientent gentiment dans ma PAL depuis un moment, et aussi de me remettre un peu à jour avec les auteurs français que je délaisse depuis plus d’un an maintenant.
Il me semble avoir tout lu de Claire Favan, et il me semble surtout avoir tout aimé ce que j’ai lu d’elle. Je n’ai toujours pas envie de lire du polar (et encore moins français), donc le roman psychologique me va très bien en ce moment !
Aussitôt commencé, aussitôt terminé, je vous parle aujourd’hui de La chair de sa chair, publié chez Harper Collins.
Vous pouvez également retrouver mes précédentes chroniques de l’auteure :
L’histoire (4ème de couverture)
Un bon roman psychologique
Ouvrir un roman de Claire Favan, c’est la certitude de basculer dans une sombre histoire au sein d’un cercle familial. Le sujet est exploité régulièrement par l’auteure et pourtant, chaque intrigue est différente et elle réussit à se renouveler à chaque fois.
Cette fois, nous découvrons l’histoire d’une jeune mère de famille qui n’a pas épargnée par la vie. D’abord femme battue, elle sombre peu à peu dans la précarité et se démène pour élever ses enfants du mieux qu’elle peut. La petite est gravement malade, les deux frères à priori sains de corps et d’esprit. A priori…
Je n’ai pas pu me défaire d’un certain sentiment de malaise durant ma lecture. Je me suis sentie mal à l’aise aux côtés de tous les personnages, sans exception, car ils semblent tous renfermer un certain côté inquiétant et manipulateur dès leur plus jeune âge.
Derrière l’image de mère courage que dégage Moira, je l’ai trouvée immature, égoïste et complètement déconnectée de la réalité. La relation qu’elle noue avec le plus grand de ses enfants est par moment malsaine. Le gamin de 14 ans tient les rênes de la maison, c’est lui l’adulte, lui qui s’occupe des autres enfants de la fratrie, lui qui raisonne sa mère quand elle dévie. Je n’ai pas réussi à me défaire de cette impression de relation incestueuse, même si à aucun moment il n’est question de relation charnelle entre eux. Sans porter de jugement sur Moira, je n’ai pas compris son aveuglement, ses réactions à l’opposé de celles que devrait avoir une mère. Il est difficile d’élever des enfants dans un foyer si abimé par les épreuves, et on peut dire que derrière son acharnement à vouloir s’en sortir, elle est l’une des responsables des drames qui se succèdent.
Pas besoin de litres de sang et de cadavre en décomposition pour verser dans l’horreur, et ça Claire Favan l’a parfaitement compris. Comme dans d’autres de ses romans, l’ambiance poisseuse colle à la peau de manière désagréable. A nouveau j’ai eu ce sentiment d’être dans le voyeurisme, en assistant à ces scènes de vie quotidienne de cette famille pas banale. Peu de choses nous sont cachées, c’est sans doute pour ça que ce sentiment de malaise a été si présent.
La mère et la maternité sont les thèmes principaux de ce roman. Elles sont nombreuses ces romancières à écrire sur ce sujet, je pense à Johana Gustawsson lue récemment, ou encore Barbara Abel. Il faut dire qu’il y a matière à écrire dessus, tant grâce aux faits divers qu’au quotidien difficile de nombreuses mères.
Le mot de la fin
Claire Favan fait ce qu’elle sait faire le mieux : elle fait du Claire Favan, et c’est pour ça que j’aime la lire depuis que je l’ai découverte il y a près de dix ans.
Même si je n’ai pas été surprise dans le dénouement et que j’ai rapidement compris ce qui se cachait derrière les personnages, j’ai apprécié ma lecture.