
Je poursuis ma découverte de la bibliographie de l’auteur anglais R.J Ellory. J’ai envie de découvrir cette année tous les ouvrages de l’auteur, et je savoure à chaque fois ses romans avec une certaine délectation. Il y a quelque chose de terriblement poignant et d’accrocheur dans l’écriture de l’auteur, quelque chose que je ne trouve chez aucun autre.
Je vous parle aujourd’hui de Papillon de nuit, de R.J. Ellory, publié chez Le livre de poche.
L’histoire (4ème de couverture)
Après l’assassinat de Kennedy, tout a changé aux États-Unis. La société est devenue plus violente, la musique plus forte, les drogues plus puissantes. L’Amérique a compris que si une puissance invisible pouvait éliminer leur président en plein jour, c’est qu’elle avait tous les pouvoirs.
C’est dans cette Amérique en crise que Daniel Ford a grandi. Et c’est là, en Caroline du Sud, qu’il a été accusé d’avoir tué Nathan Vernet, son meilleur ami.
Nous sommes maintenant en 1982 et Daniel est dans le couloir de la mort. Quelques heures avant son exécution, un prêtre vient recueillir ses dernières confessions. Bien vite, il apparaît que les choses sont loin d’être aussi simples qu’elles en ont l’air.
Récit d’un meurtre, d’une passion, d’une folie, ce roman nous offre une histoire aussi agitée que les années soixante.
Direction les Etats-Unis !
Ce que j’aime chez R.J Ellory, c’est que chacun de ses romans est une fabuleuse immersion au pays de l’oncle Sam. Chaque roman de l’auteur est solidement ancré dans l’Amérique profonde, loin du strass et des paillettes.
L’ouvrage est structuré en deux temps : le passé et le temps présent où nous suivons les derniers jours d’un condamné à mort. La construction est certes assez classique, mais elle permet deux choses intéressantes dans l’intrigue.
La première est que les passages liés au passé nous permettent de comprendre ce qui a amené à la condamnation à mort de Daniel. L’auteur nous présente son enfance, sa rencontre avec celui qui devra son meilleur ami, une sorte de frère pour lui et avec qui il grandira, évoluera, affrontera les tempêtes et drames d’une vie. Cette amitié fusionnelle sera au cœur de l’intrigue, elle en est sa force et elle apporte une puissante humanité au récit.
La seconde chose intéressante est que cela engendre automatique un suspense de tous les diables dans le sens où, dès la lecture de la quatrième de couverture, on sait que l’auteur va aborder les sujets de l’erreur judiciaire et du fait qu’un innocent est peut-être en prison. On attend alors avec fébrilité le dénouement pour faire la lumière sur les événements qui ont conduits au meurtre de Nathan, pour savoir si la condamnation à mort ira à son terme ou si des éléments de dernière minute permettront de sauver l’homme qui croupit en prison depuis des années.
Comme à son habitude, l’auteur ne se contente pas d’énoncer des faits de manière mécanique, il fait tout pour que le lecteur s’attache à ses personnages, vive à ses côtés et se sente concerné par ce qui lui arrive. La plume de R.J. Ellory est une des plus merveilleuses du thriller, il y a toujours beaucoup d’humanité dans ses personnages et dans ses intrigues. Il fait naître tout un panel d’émotions en nous, on se sent touchés par ce que traversent les personnages. Il fait ça avec beaucoup de pudeur, sans pathos et de manière particulièrement poétique.
Les ouvrages de l’auteur sont toujours particulièrement fournis en détails, celui-ci n’échappe pas à la règle. L’intrigue principale se déroule dans les années 60-70, alors que la ségrégation et la guerre du Vietnam battent leur plein. On apprend quantité de détails intéressants concernant cette sombre époque traversée par les Etats-Unis. Je ne suis clairement pas friande des faits historiques dans mes lectures, sauf quand le pays et la période m’intéressent. C’est le cas ici, je vous ai d’ailleurs déjà parlé du fait que j’aimais beaucoup les romans qui se déroulent durant la ségrégation (voir ici, ici et ici). L’auteur n’en fait pas son sujet principal, il la déroule en toile de fond et comme une ombre qui plane sur la vie de nos deux jeunes personnages. L’un est noir, l’autre est blanc. Ils vivent dans un Etat qui n’est pourtant pas l’un des plus hostiles aux personnes noires, et pourtant on comprend ce qu’était la vie à l’époque de l’Amérique raciste.
Le mot de la fin
Un excellent roman, du début à la fin.