
Voilà un moment que je n’avais pas lu de polar islandais, et pour cause, j’ai lu presque tout ce qui a déjà été traduit en français ! Les romans islandais qui atterrissent dans ma PAL ne font donc pas long feu, et passent un peu avant tous les autres.
Mon parcours de lectrice n’a pas été toujours très linéaire avec Yrsa Sigurðardóttir. Si j’aime en général à chaque fois les romans de sa série policière Freyjar & Huldar, ça se passe beaucoup moins bien avec sa série Þóra Guðmundsdóttir (Ultimes rituels et Bien mal acquis que je n’ai même pas chroniqué car je l’ai abandonné avant la centième page).
Le trou est le quatrième roman de la série Freyjar et Huldar, et ça s’est superbement bien passé entre lui et moi. Vous pouvez le lire de manière complètement indépendante sans avoir lu les précédents. L’ordre de lecture est le suivant :
- ADN (que je n’ai pas encore lu mais je vais l’acheter prochainement)
- Succion
- Absolution
- Le trou
Je vous parle aujourd’hui du dernier roman d’Yrsa Sigurðardóttir traduit en français, Le trou, publié chez Acte sud/Acte noir.
L’histoire (4ème de couverture)
Un homme est retrouvé pendu entre deux rochers du champ de lave de Gálgaklettar, un lieu historique d’exécution dans le passé colonialiste islandais devenu une attraction touristique. La pièce manquante du puzzle : un morceau de papier planté dans la poitrine du cadavre qui a été partiellement emporté par la mer…
Yrsa Sigurðardóttir et ses deux héros, Huldar et Freyja, reviennent pour un quatrième polar haletant dans une course contre la montre. Comme dans chacun de ses romans, l’auteure traite et creuse avec brio la face sombre de l’être humain.
Vrai bon polar !
J’ai tendance à bouder les polars depuis de longs mois, au détriment des thrillers, mais bizarrement les polars nordiques passent toujours mieux que les français.
L’enquête est double ici : un homme riche et à la réussite qui force à l’admiration est retrouvé pendu dans un haut lieu historique islandais. Alors que les enquêteurs se penchent sur les prémices de leurs investigations, la fouille de l’appartement de la victime va se révéler pleine de surprise et pour cause, les policiers tombent sur un gamin, qui n’est pas celui de la victime, incapable d’expliquer où sont ses parents, qui l’a emmené ici, ce qu’il fait là ou tout simplement quel est son prénom. Aucun lien entre lui et le pendu, et beaucoup de mystères autour de ces deux affaires qui finiront, vous l’aurez deviné, par se rejoindre pour n’en former qu’une seule.
La partie polar est majoritaire dans ce roman, et si elle est d’un certain classicisme, elle est néanmoins bien traitée par Yrsa Sigurðardóttir qui en connaît et maîtrise tous les codes : maintenir son suspense en ménageant le rythme de son intrigue, quelques rebondissements judicieusement placés, et surtout, l’auteure ne se focalisera pas, dans ce roman, sur la seule enquête de flics. Elle nous emmènera aux côtés de l’entourage de la victime, notamment son groupe d’amis d’enfance qui sont tous sont profondément traumatisés par le drame, mais également du côté du petit garçon placé en foyer en attendant de savoir qui il est. Elle met un soin particulier à décrire ses personnages principaux, à les construire tant sur le plan professionnel que personnel. Chacun a un caractère particulier, quelque chose qui lui est propre et qui fait de lui quelqu’un d’unique. Leurs caractères différents et affirmés donnent lieu à des échanges parfois tendus, parfois croustillants, et ajoutent du corps à une enquête relativement classique.
Comme très souvent chez les auteurs venus du froid, l’auteure déroule des thèmes de société et donnent une consonance très actuelle à ce roman. Je préfère ne pas développer cette partie pour vous laisser découvrir tout ça par vous-même, car ces sujets interviennent dans le dénouement de l’enquête et ne sont pas mentionnés en quatrième de couverture. Il est important pour moi de ne pas vous spoiler mes lectures quitte à ce que mes chroniques soient moins fournies et détaillées. Je vous dirais juste que je n’ai pas compris le titre du roman pendant une grande partie de ma lecture et quand enfin j’ai eu l’explication, j’ai été pétrifiée d’effroi et d’horreur.
Le mot de la fin
Le trou est un roman qui se lit tout seul, d’une traite ou presque.
Je recommande !