Coup de coeur, Editions Cherche Midi

America(s) – Ludovic Manchette et Christian Niemiec

Ludovic Manchette et Christian Niemiec, ce sont les seuls et uniques auteurs à réussir à me faire lire autre chose que du thriller.

Je n’ai pas échappé à raz-de-marée des lecteurs séduits par leur premier roman Alabama 1963, le roman ayant terminé dans mes trois coups de foudre 2021.

J’avais hâte de continuer l’aventure littéraire avec eux, et même si j’ai eu une petite frayeur en comprenant que ce roman n’était pas du tout porté sur le thriller et le polar, j’ai eu envie de le faire passer devant tous les autres romans qui sont dans attente dans ma PAL et c’est à nouveau une réussite !

Je vous parle aujourd’hui d’America(s), de Ludovic Manchette et Christian Niemiec, paru aux éditions Cherche Midi.

L’histoire (4ème de couverture)

Un road trip initiatique et sensible à travers l’Amérique par les auteurs d’Alabama 1963.

Philadelphie, juillet 1973. Voilà un an qu’Amy est sans nouvelles de sa grande sœur partie tenter sa chance au Manoir Playboy, à Los Angeles. Inquiète, la jeune adolescente décide de la rejoindre. Pour cela, il lui faudra traverser les États-Unis. Seule.

Dans une Amérique de la contre-culture secouée par le scandale du Watergate et traumatisée par la guerre du Vietnam, elle croisera la route d’individus singuliers : vétéran, couple en cavale, hippies de la dernière heure, un Bruce Springsteen encore débutant, mais aussi une certaine Lorraine, autrefois serveuse à Birmingham, en Alabama…

Direction les routes américaines !

Si l’action de leur premier roman se situait en Alabama durant la ségrégation, cette fois c’est sur la route que les deux auteurs nous emmènent aux côtés d’Amy, très jeune adolescente à la vie cabossée qui a décidé de prendre son sac à dos pour rejoindre sa sœur qui s’est fait la malle de la maison pour vivre son rêve et devenir Playmate à Los Angeles.

Au programme de cette longue route, plusieurs Etats, des milliers de kilomètres, des heures et des jours de bitume avalés, et surtout des rencontres ! Partie avec quelques dollars en poche seulement, qu’elle a consciencieusement mis de côté pour ce périple, elle pourra compter sur de nombreuses personnes rencontrées au hasard de la route pour avancer. Et bien qu’elles ne soient pas toujours bonnes, ce sont ces rencontres qui donnent toute la puissance de cette intrigue.

Amy, ce petit bout de jeune fille est le personnage central par lequel nous vivrons toute l’intrigue. J’ai ressenti un attachement infini envers elle, envers sa pugnacité et son charisme. Elle sait ce qu’elle veut et elle y mettra tout son cœur pour réussir, bercée par des illusions enfantines et une naïveté qui émeut. On sourit parfois devant les réflexions et le caractère de la jeune fille, on a peur pour elle quand elle monte dans la cabine d’un routier qui accepte de l’emmener plus loin parce qu’on sait, nous adultes, à quel point l’humain peut être moche et malsain. Tous ces personnages hauts en couleurs vont pimenter cette route morose, apporter parfois un rayon de soleil ici. Parce que de la tristesse, elle en a en elle notre Amy ! Des parents qui auraient mieux fait d’être stériles, une meilleure amie décédée tragiquement quelques temps plus tôt, il y a une solitude immense qui plane autour d’elle et on espère pour elle, du plus profond de notre cœur, que cette quête réussira à l’emmener auprès de cette sœur qu’elle idéalise complètement, et qu’elles vont pouvoir vivre la belle vie ensemble sous le soleil et les palmiers de L.A. et loin de ce cercle familial pourri.

Les auteurs bercent notre lecture avec de nombreuses références musicales, ce qui donne une dynamique intéressante au récit. On rencontrera d’ailleurs un certain Bruce Springsteen, alors jeune chanteur essayant de percer dans le milieu. Les auteurs inscrivent également leur roman dans un contexte social, politique et culturel des années 70, on y apprend de nombreuses choses sur la vie de l’époque, on croise des hippies qui rêvent d’un monde meilleur, des musiciens en herbe qui partent sur la route en quête de célébrité…

America(s) est un roman initiatique, et comme toute évolution ça se fait dans la douleur. Balayées les illusions et la naïveté, la réalité n’est pas toujours belle, les gens ne sont pas toujours ceux que l’on croit. On apprend à ses dépens, mais chacun en ressort grandi et résolument différent.

Mon cœur de voyageuse aura vibré de parcourir ces routes parfois mythiques, et ces lieux que j’ai pu visiter en 2019 lors de mon périple dans l’ouest US. J’aime beaucoup ces romans qui me transportent ailleurs et où l’environnement prend toute la place, j’ai l’impression de voyager un peu par procuration et de retrouver cette atmosphère qui me plaît tant quand je voyage : la découverte de l’inconnu, l’émerveillement et le sentiment d’être quelqu’un d’autre une fois le périple terminé. J’ai vécu l’histoire de l’intérieur, avec le sentiment de faire partie intégrante de l’aventure.

Le mot de la fin

Quel merveilleux roman !

America(s) est une ode à la liberté et à l’amitié. Je referme ce roman avec une certaine nostalgie et avec la tête encore sur longues routes aux Etats-Unis.

Nous étions nombreux à nous demander comment il serait possible de faire aussi bien qu’Alabama 1963, je rassure tout le monde, vous pouvez y aller les yeux fermés !

Ne cherchez pas le polar ou le thriller ici, il n’y en a pas. Et pourtant, moi l’amatrice de littérature noire, je me suis régalée et pas ennuyée une seule seconde !

Ludovic Manchette et Christian Niemiec vont devenir des incontournables de ma bibliothèque, assurément !

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