Interview

Lumière sur… Odile Baltar !

Odile Baltar, c’est cette auteure inconnue qui a remporté le Prix San Antonio 2020 organisé par les éditions Fleuve. C’est aussi l’OLNI de mon année 2021 (Objet Littéraire Non Identifié). Vous savez que j’en ai marre du conventionnel et des romans tous écrits de la même manière, donc forcément Arrête ton cirque avait toute sa place parmi mes meilleures lectures tant il est décalé, inclassable et .

L’auteure souhaitant rester anonyme, il n’y aura pas de photo d’elle pour illustrer cet article (entre femmes qui n’aiment pas se montrer, on se comprend Odile ! =) ). Il est temps d’en apprendre d’avantage sur elle, son roman, mais aussi sur ce qui lui a donné envie de se lancer dans l’écriture.

Lumière sur Odile Baltar !

Bonjour Odile. Peux-tu te présenter aux lecteurs qui ne te connaîtraient pas encore stp ?

J’ai cinquante ans et je vis dans un tout petit village en Ardenne belge avec ma famille, une vie très tranquille ! Des forêts, des prairies, un ciel immense, des petites rivières, tout cela loin de l’agitation des villes.

En juillet 2021, j’ai eu la chance de voir un premier roman publié grâce à un concours lancé par les Éditions Fleuve, le prix San-Antonio. Il s’agissait d’un appel à textes en hommage au centenaire de la naissance de Frédéric Dard. J’ai participé sur un coup de tête, j’ai envoyé une histoire plutôt déjantée que j’avais écrite il y a quelques années.

Apprendre que j’avais gagné a été une sacrée surprise. Je sais que ça peut sembler affecté, mais franchement je ne m’y attendais pas. Il y avait près de trois cents participants. J’ai même cru que c’était une blague… Je suis très reconnaissante au Fleuve Noir d’avoir offert une telle visibilité à ce texte un peu dingue.

Arrête ton cirque est ton premier roman publié. Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans l’écriture ?

Écrire est longtemps resté un rêve lointain, du genre « Oh que j’aimerais écrire ! » exactement comme j’aurais aimé visiter la Mongolie, mais manque de temps, d’énergie et toutes les bonnes excuses liées à une flemme chronique. Je n’écrivais rien, ou cinq lignes sur un cahier que j’abandonnais dans une caisse, avant d’en racheter un nouveau.

Puis un jour (en 2015 exactement), je m’y suis mise de manière quasi frénétique. Le déclencheur a été le partage d’un petit texte sur un site d’auteurs amateurs. Moi qui vivais coupée du monde littéraire, j’ai découvert une communauté d’ « écriveurs » curieux les uns des autres. Ils m’ont accueillie, encouragée. Cela a ressemblé à une permission. L’objectif de ces sites (dans mon cas, c’étaient Atramenta et Scribay) n’est pas de mener aux succès commerciaux, plateaux TV… mais plutôt d’offrir un lieu pour oser.

C’étaient des échanges sympathiques, des petits mots d’encouragements, des défis thématiques… Cela me convenait parfaitement. Au fur et à mesure des lectures réciproques, des affinités se sont précisées : sont arrivés alors des conseils et remarques plus critiques. Il y avait une vraie franchise, bienveillante et souvent marrante. On riait bien.

Tout ce que je regrettais de ne pas vivre dans mon quotidien un peu « sauvage », je l’obtenais grâce à ces sites. Je découvrais des conseils pointus qui étaient postés du Québec, de la Suisse ou du Sud de la France. Ces échanges, les corrections avec les annotations interactives (sur Scribay !)… tout cela m’a stimulée.

Je m’amusais comme une gamine avec sa nouvelle poupée. J’écrivais dès que je réussissais à dégager du temps. J’ai tout tenté : du noir essentiellement, mais aussi des poèmes foireux, de la SF (wtf), de l’érotique, des histoires glauques avec des tox et même des récits de vie de personnes âgées…

Le ton résolument décalé et acéré me laisse penser que tu es une véritable amoureuse de la langue française et que tu aimes jouer avec les mots…

À la base, j’aime surtout lire. Depuis mon adolescence, j’ai lu énormément, avec parfois des périodes un peu obsessionnelles, comme « tous » les livres d’un auteur ou d’un courant, des Romantiques allemands, des Français de l’entre-deux-guerres, ou tout Iain M Bank en science-fiction… Ma vie n’a pas toujours été très stable et la lecture était le refuge où me reposer de mes excès.

Maintenant, je serais incapable de revendiquer une influence en particulier pas plus que je n’arrive à me considérer comme une « écrivain ».

Le vrai plaisir reste de s’amuser. Cela reste modeste, c’est surtout un défouloir, un peu comme le sport… Personnellement, je n’ai jamais aimé le jogging… c’est écrire qui me fait du bien. Il y a une réelle joie dans tout ça. Souvent je ris toute seule devant mon ordinateur, ça bouillonne dans ma tête et c’est très excitant – d’ailleurs quand ça m’ennuie, c’est simple, j’arrête.

Envisages-tu d’écrire d’autres romans ?

J’aimerais évidemment. Le manque de temps (ou la flemme ?) m’a rattrapée. Quand j’ai une demi-heure, je relis et corrige de nombreux textes en cours. « Arrête ton cirque » n’était qu’un projet parmi d’autres. J’ai vraiment envie de finir tout cela avant d’entamer un nouveau roman. C’est d’ailleurs le moment que je préfère, celui où je nettoie, débarrasse le texte du superflu. Il y a toujours trop de mots et j’adore ça : saquer dans le gras.

Souvent l’édition est présentée comme le but ultime des auteurs. Dans mon cas, je suis effectivement ravie d’avoir vu mon livre prendre forme sur papier. C’est très flatteur. Je frime à fond (bon, pas tant que ça vu que je reste incognito ici dans ma région). Je ne suis pas une vedette et j’ignore comment mes futurs projets peuvent être accueillis. Mais cette publication m’a offert une forme de légitimité qui me rassure. Je suis toujours perdue entre mes lessives pas faites, le frigo vide, mon gagne-pain vraiment pas excitant, mais je me dis parfois « Hé toi ! Prix S-A » et cela me procure une bouffée de bien-être.

Merci Odile d’avoir pris le temps de répondre à mes questions, et au plaisir de te suivre dans les années à venir !

2 réflexions au sujet de “Lumière sur… Odile Baltar !”

  1. Merci pour votre article car il m’a donné très envie de lire ce roman d’Odile Baltar que je ne connais pas (ou peut-être que si… sur Scribay avec un pseudo !). Pour une fois que je trouve autre chose à lire que du très politiquement correct ou du gnangnanpoupout… !
    Si le temps et l’envie vous prenne : je serai ravi de vous accueillir sur mon blog. Passez à n’importe quelle heure, la porte est toujours ouverte ! Ernest.

    Aimé par 1 personne

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