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Lumière sur… Antoine Renand !

Comme je vous l’ai expliqué dans mon bilan de décembre, la première semaine de janvier sera consacrée à une série d’interviews d’auteurs. J’ai eu envie de donner la parole aux auteurs français ou francophones qui font partie de mes meilleures lectures de 2021 (voir article Coup de cœur et Coup de foudre 2021), histoire d’en apprendre un peu plus sur eux et leur œuvre .

Le premier auteur à se prêter au jeu des questions réponses avec moi est Antoine Renand. Vous n’avez pas pu passer à côté de lui depuis trois ans si vous êtes lecteurs de polars : il a débarqué du milieu du cinéma pour tout faire péter avec son premier roman L’empathie qui a d’ailleurs remporté le Prix Nouvelles Voix du Polar, et depuis il fait partie de ces auteurs dont on attend chaque année la nouvelle parution avec impatience, et qui passe un peu avant tous les autres lorsque leur roman arrive dans notre PAL.

Je suis l’auteur depuis le tout début de sa carrière, ses trois romans se sont hissés à chaque fois dans mes meilleures lectures annuelles, et j’avais envie de lui donner la parole une deuxième fois sur mon blog.

Lumière sur Antoine Renand !

Pour aller plus loin et avant de laisser la parole à Antoine, retrouvez la première interview réalisée avec l’auteur en cliquant ici.

Retrouvez également mes chroniques sur ses romans :

Bonjour Antoine. C’est notre deuxième interview ensemble, quel chemin parcouru depuis notre premier échange en janvier 2019 ! Trois romans publiés, un prix Nouvelles Voix du Polar Pocket, un deuxième roman sorti en plein confinement, une présence de nouveau régulière dans les salons pour aller à la rencontre de tes lecteurs…  Sacré rythme ! Comment vis-tu ta nouvelle vie d’auteur ?

Beaucoup de choses se sont passées, en effet. Je profite à fond de ce qui arrive, en réfléchissant presque constamment à de nouveaux projets. La grande chance que j’ai désormais est d’avoir des lectrices et des lecteurs qui me suivent et qui attendent de lire mes nouvelles histoires. C’est quelque chose de très précieux, à quoi aspire chaque auteur.

Tu as publié il y a quelques mois ton troisième roman, S’adapter ou mourir, aux éditions La bête noire. Peux-tu le présenter aux lecteurs qui n’auraient pas eu l’occasion de le découvrir ?

On suit dans le roman deux histoires parallèles, qui finiront par se rejoindre. D’abord celle d’Ambre, une jeune-fille de 17 ans qui s’est enfuie de chez elle car elle était en conflit avec sa mère. Accompagnée de son petit-ami, Ambre fait escale chez un homme avec lequel elle discutait depuis des mois sur Internet et avec lequel elle croit s’être liée d’une amitié profonde. Arrivée sur place, elle s’aperçoit que cette personne est différente de ce qu’elle pensait… Mais elle est loin d’imaginer le piège abominable dans lequel elle vient de tomber.

Dans l’autre récit, nous suivons les aventures d’Arthur, un réalisateur de cinéma dont les deux films n’ont pas marché et dont la compagne, avec laquelle il est depuis l’adolescence, décide de mettre un terme à leur relation. Presque à la rue, Arthur se voit contraint de trouver un job alimentaire en urgence, et devient modérateur de contenu pour Lifebook, le plus grand des réseaux sociaux. Un métier consistant à supprimer toute la journée des vidéos choquantes. Arthur va découvrir la face cachée de ce métier : les conditions d’embauche, la formation, les effets sur le long terme d’une surexposition à ces images violentes. Toutefois, à côté de ces difficultés, des aventures extraordinaires l’attendent, de par ses rencontres au sein des modérateurs…

C’est une histoire qui laisse une très grande part aux personnages et qui s’aventure régulièrement hors du thriller, un peu comme mon précédent roman, L’Empathie.

Tu évoques dans ce roman un sujet de société, celui des réseaux sociaux, et plus particulièrement des mauvaises rencontres qu’on peut y faire, ainsi que la modération de contenu pour tenter de faire disparaître la violence qui y est omniprésente. Tu m’as dit t’être beaucoup documenté sur le sujet. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’écrire dessus, et comment se sont passées tes recherches ?

Je suis parti de l’idée d’un modérateur qui irait sur le terrain après avoir visionné certaines vidéos, pour s’assurer que la police ou les services sociaux avaient bien pris les choses en main.

Je me suis ensuite documenté sur le métier de modérateur de contenu et j’ai vu un reportage qui décrivait leur formation pour Facebook et leur travail en conditions réelles. Ce qui était raconté était très étonnant : j’ai appris par exemple qu’une société intermédiaire les emploie, qu’ils signent une clause de confidentialité très stricte et qu’ils ont interdiction de révéler à quiconque que leur véritable patron est Facebook. Des modérateurs racontaient aussi les traumatismes auxquels ils sont sujets…

En découvrant ces éléments et d’autres, j’ai décidé d’élargir mon récit et de parler davantage de notre époque, en abordant des thèmes comme la précarité de l’emploi.

J’ai poursuivi ma documentation avec des livres sur le sujet ou des documentaires. Et pour l’histoire de la jeune fille séquestrée, je me suis plongé dans des témoignages de femmes kidnappées pendant des années, relatant leur évolution mentale et leur rapport avec leur bourreau.

Les réseaux sociaux sont devenus des incontournables de nos vies quotidiennes et permettent d’échanger, de communiquer. Quel rapport as-tu avec eux ?

J’ai un rapport nuancé avec les réseaux sociaux. Avant que L’Empathie ne sorte, j’ai parfois songé à fermer mon compte Facebook, car je ne trouvais pas cela très intéressant… Je dévoile peu de choses intimes sur moi, je ne me prends pas en photo quand je mange, je ne montre pas mes vacances… Il faut dire que je suis un peu sauvage, et cela se retrouve dans mon rapport avec les réseaux sociaux.

En revanche, le lien avec les lecteurs et toute la communauté des blogueurs sur les réseaux m’a beaucoup apporté quand mes romans ont été publiés. J’ai un immense plaisir à lire les réactions des lecteurs et je rends donc hommage aux réseaux sociaux pour cet aspect. J’aime également beaucoup discuter avec certaines personnes qui m’écrivent en privé. Des liens puissants peuvent parfois se créer, comme je le souligne d’ailleurs dans le roman.

Jamais d’édulcorant dans tes romans, tu montres la réalité telle qu’elle est et c’est ce qui est un peu ta marque de fabrique. J’ai l’impression qu’il est important pour toi d’aller plus loin que la fiction pour divertir des lecteurs de thrillers en manque de sensations fortes.

Merci beaucoup. Disons que je ne cherche pas forcément à être trash (je me retiens d’ailleurs souvent de donner des détails qui m’apparaissent trop durs ou gratuits, notamment sur les tortures), mais je veux, dans la mesure du possible, procurer aux lecteurs des sensations fortes. Et cela ne va pas forcément de pair avec la violence décrite. J’ai envie d’apporter des angles ou des situations un peu originaux. Et que les lecteurs s’identifient aux personnages. Tout cela est à la fois très instinctif et réfléchi.

Chacun de tes romans se lit de manière indépendante. Es-tu par moment tenté de te lancer dans une série, avec des personnages récurrents ?

J’y pense de plus en plus. Ce n’est la plupart du temps pas quelque chose qui m’attire car j’aime que mes histoires soient bouclées et que mes personnages aient eu une évolution. Retrouver le même enquêteur dans plusieurs romans ne me passionne pas en tant que lecteur, déjà parce que l’on devine avant d’ouvrir le livre qu’il survivra très certainement, alors que j’aime que les lecteurs redoutent que le personnage meure. Et c’est quelque chose qui peut vraiment à chaque fois arriver dans mes romans…

Toutefois, beaucoup de lecteurs m’ont dit prendre un très grand plaisir à retrouver des personnages qu’ils ont aimé. J’ai actuellement certaines idées et, sans rien dévoiler, je ne l’exclue pas…

Quel lecteur es-tu ?

Exigeant. Pas seulement sur le style littéraire (même si c’est important), c’est un tout, c’est le fait d’être embarqué. Certains livres me tombent des mains ; d’autres me procurent des émotions que je ne ressens avec aucun autre art, pas même le cinéma. Je lis des romans policiers, je lis Stephen King ; Michel Houellebecq a écrit deux de mes livres préférés (La Possibilité d’une île, Les Particules élémentaires) ; j’aime Virginie Despentes. L’un de mes autres romans préférés est Sa majesté des mouches, de William Golding. J’ai trouvé Lolita extrêmement puissant, Le Parfum également. Les romans qui m’embarquent de cette manière sont des cadeaux.

Un petit mot sur ton prochain roman ? Allez, c’est juste entre nous =) !

Je ne parle jamais de mes futures histoires avant qu’elles ne soient écrites 🙂 Il faut être ma mère ou ma compagne pour être dans la confidence…

Je te laisse carte blanche pour terminer cette interview !

Merci de me soutenir depuis mon premier roman. Bravo pour tes chroniques d’une très grande qualité, pour tes jolies photos et pour ton regard sur notre travail à tous.

Ta passion pour la lecture est communicative.

Merci infiniment Antoine, et merci d’avoir pris le temps de répondre à mes questions.

3 réflexions au sujet de “Lumière sur… Antoine Renand !”

  1. Bon ben on ne saura rien en ce qui concerne le quatrième roman. Il faut déjà que celui fasse des émules, chose dont je ne doute pas un instant. À peine un de sorti, qu’on réclame déjà le prochain. Il faut laisser le Maître se reposer pour mieux prendre de l’élan. 😉
    Merci à toi Anaïs et à Antoine pour ce bel échange. 🙏😘

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