
La publication en France d’un nouvel auteur islandais est toujours un évènement pour moi, les polars islandais restent mes préférés en raison de l’amour que je porte à ce pays.
L’ouvrage a été publié cette année par l’éditeur de Ragnar Jonasson, forcément, je ne pouvais pas passer à côté !
Je vous parle aujourd’hui d’Elma, écrit par Eva Björg Ægisdóttir, traduit par Ombeline Marchon, et publié chez La Martinière.
L’histoire (4ème de couverture)
Un village d’Islande que tous cherchent à fuir.
Mais où l’on revient inexorablement vivre…
Ou mourir.
» Elma est inoubliable. » The Financial Times
» Le roman prodigieux et terrible d’une des étoiles montantes de l’Islande. » Ragnar Jónasson
Elma ne pensait pas revenir un jour habiter sa ville natale. Akranes, ce petit bourg islandais à l’atmosphère oppressante, où les amitiés d’enfance portent les stigmates de terribles secrets…
Affectée au poste de police local, cette ancienne inspectrice de la brigade criminelle de Reykjavík n’a pourtant pas le choix. Elle fuit une histoire d’amour qui l’a laissée en miettes. L’épaule de son nouveau collègue Sævar semble bien réconfortante.
Quand le cadavre d’une femme est retrouvé gisant au pied d’un phare…
Une femme qui avait quitté Akranes – comme Elma.
Une femme dont le passé murmure aux oreilles de toute la ville, ronge le cœur des habitants les moins soupçonnables…
Du polar islandais pur jus
Direction la petite ville d’Akranes, non loin de Reykjavik, pour suivre cette enquête. L’auteure nous plonge dans les eaux tumultueuses de la petite ville où le cadavre d’une femme est retrouvé sur les rochers en bord de mer. Accident ou meurtre ? La mort de la jeune femme sème le trouble dans cette petite communauté où tout le monde se connaît. Les crimes sont très rares en Islande, ils le sont encore plus dans cette ville isolée où les familles vivent en autarcie depuis plusieurs générations.
Le polar islandais a la particularité d’avoir une construction, et des éléments d’intrigue relativement similaires : on retrouve systématiquement les thèmes de l’isolement, de la fuite des jeunes vers la capitale qui finissent toujours pas revenir sur les lieux où ils ont grandi (cf la série Siglufjordur par mon chouchou Ragnar Jonasson), renouant ainsi avec les vieux démons de leur passé et jouant un rôle prépondérant au sein de la communauté (comme celui de policier par exemple), le tout au milieu d’une nature chaotique et omniprésente qui prend toujours une place importante dans l’intrigue. Si cela dénote d’un certain clacissisme, chez moi ça fonctionne toujours, surtout quand c’est bien fait.
Je n’ai pas vu l’info passer sur les réseaux sociaux de l’éditeur, mais j’ai comme l’impression qu’Elma est le premier tome d’une nouvelle série de romans islandais. Eva Björg Ægisdóttir prend le temps de décrire les lieux, de mettre en place un lien fort entre Elma, son personnage principal, ainsi que les divers personnages qui s’annoncent récurrent (ses parents, ses coéquipiers policiers). La vie, le caractère, le côté personnel des personnages sont mis au premier plan, prenant le pas parfois sur l’enquête en elle-même. J’aime beaucoup le fait de mettre les personnages au cœur du roman et de ne pas se focaliser uniquement sur l’action, et je me rends compte que ce sont ceux auxquels j’accroche le plus parce que ça crée un lien fort avec le lecteur. On se souvient rarement de tous les détails des enquêtes dans les romans policiers, surtout si on ne lit que ça comme c’est mon cas ; par contre, on se souvient volontiers des personnages que nous rencontrons de manière récurrente, et on prend plaisir à les retrouver tome après tome.
Ne cherchez pas de course-poursuite, ni des rebondissements à outrance, ni même beaucoup de rythme d’ailleurs, ce n’est pas ce que vous trouverez ici. Ce n’est pas le propre du polar nordique d’ailleurs, donc si vous êtes amateurs de polars qui vont à cent à l’heure, il y a fort à parier que vous abandonnerez vite les ouvrages du nord… Par contre, si vous aimez ressentir l’atmosphère pesante d’un environnement, qui confère un certain suspense et accroît la sensation étouffante qu’on aime retrouver dans les intrigues policières, alors ça devrait vous plaire. Ici, l’enquête se focalisera sur la vie de la victime, son entourage proche, mais également son passé qui a marqué au fer rouge l’adulte qu’elle est aujourd’hui. L’auteure aborde des thèmes difficiles à travers cette enquête, et on se rend compte que l’Islande n’échappe pas aux problèmes de société qui gangrènent les autres pays.
Ce qui différencie ce roman, apporte un petit quelque chose en plus par rapport à ses confrères islandais et contraste non seulement avec la dureté du climat mais également des thèmes abordés, c’est cette délicatesse dans l’écriture très féminine de l’auteure. Il y a quelque chose de doux, de réconfortant et de cocooning dans cette lecture, comme un plaid moelleux dans lequel on viendrait se blottir pour se protéger du vent, du froid islandais, et de la violence des hommes.
Le mot de la fin
Partez du principe que de toute façon, je ne peux pas ne pas aimer un polar islandais dans lequel les auteurs décrivent les paysages, la vie sur place, et la société islandaise dans son ensemble. Voilà donc encore une belle découverte pour moi, je continuerai de suivre l’auteure lors de ses prochaines publications françaises.
Un très bon premier roman que je vous recommande !