Fleuve Editions, Polar/thriller français

De cendres et de larmes – Sophie Loubière

Sophie Loubière est une auteure originaire de ma région, et que je me plais à retrouver à chaque nouvelle parution depuis mon coup de cœur pour Black coffee il y a quelques années. J’ai aimé tout ce que j’ai lu d’elle jusqu’à présent et son dernier roman ne dérogera pas à la règle bien qu’il soit très différent des autres.

Je vous parle aujourd’hui du dernier roman de Sophie Loubière, De cendres et de larmes, publié récemment chez Fleuve éditions.

Pour aller plus loin, mes autres chroniques pour Sophie Loubière :

L’histoire (4ème de couverture)

Madeline, Christian et leurs enfants rêvent depuis longtemps d’un appartement plus grand où chacun aurait son espace. Un rêve rendu impossible par la réalité du marché parisien. Quand l’occasion se présente pour Christian d’obtenir le poste de conservateur au cimetière de Bercy, avec un pavillon de fonction de 180 m2, la famille Mara n’hésite pas et s’y installe au début de l’été 2019. Peu à peu, les enfants se font au panorama. Tandis que Madeline, caporale cheffe sapeur-pompier, sauve les vivants, Christian veille les morts. L’âpreté de son métier réveille bientôt en lui le besoin d’extérioriser ses émotions par la peinture. Au cœur de ce fragile équilibre où les métiers de l’un et de l’autre pèsent lourd, la maison révèle ses fêlures. Lentement. Insidieusement.
Quelque chose menace cette famille recluse au milieu des tombes.
Une menace dont personne ne mesure encore l’ampleur.

Quel étrange roman !

Sophie Loubière situe son intrigue au sein d’une famille assez banale : le père vient d’obtenir un poste de gardien de cimetière, la mère est sapeur-pompier professionnelle et lutte avec acharnement tantôt contre les incendies, tantôt pour sauver la vie d’une personne en détresse, ainsi que leurs enfants. Elle sauve des vies, il s’occupe des morts. Le cycle de la vie imperturbable, immuable, éternel, qui s’abattra sur chacun d’entre nous sans distinction de race ou de catégorie sociale. L’auteure se plaît à opposer ces deux mondes, à les mettre en parallèle aussi parfois, et ça donne quelques passages difficiles à lire pour moi, parce que je vis dans cette peur perpétuelle de la mort et de perdre mes proches. Un peur sourde et envahissante, réveillée par moment au fil du récit parce que l’auteure en fait une analyse très juste et réaliste. C’est traité de manière très humble, pas de jugement de valeur, pas de discours moralisateur, juste les faits de cette réalité qui finira tous par nos rattraper un jour.

La vie de cette famille va prendre un nouveau tournant lorsqu’ils vont emménager dans le logement de fonction du père, en plein milieu d’un cimetière parisien. Plus glauque que ça, tu meurs, surtout que la demeure est restée inhabitée plusieurs années, que la déco « dans son jus » provoquerait une crise de tachycardie aux influenceuses nordiques de déco, et que presque toutes les fenêtres offrent une magnifique vue plongeante sur… Les tombes du cimetière ! Cette étrange maison semble prendre vie sous la plume de Sophie, elle semble vivre et respirer, mais surtout on comprend rapidement qu’elle a une influence sur ses occupants, finissant par les envahir de son aura malsaine. Elle est un personnage à part entière dans ce récit, immatériel certes, mais avec une présence forte et omniprésente. Elle est l’élément perturbateur du récit, et on se demande où cela va nous mener.

Ne cherchez pas d’enquête policière ni des rebondissements à chaque fin de chapitre car ici, il faut s’imprégner de l’ambiance macabre pour ressentir la tension, il faut laisser l’auteure prendre son temps pour ressentir l’angoisse et constater que l’équilibre fragile d’une vie peut basculer à tout moment. Flirtant de manière subtile entre un soupçon de fantastique (attention, je n’ai pas dit que c’était fantastique ! ) et la réalité, l’auteure prouve son art de se mouvoir dans différents genres littéraires. Chaque ouvrage de Sophie Loubière offre une certaine singularité qui fait qu’on ne peut jamais savoir à quoi s’attendre en débutant un nouveau roman d’elle. J’apprécie ces auteurs qui ne s’enferment pas dans leur propre style et qui expérimentent d’autres choses, au risque de bousculer leur lectorat. Il ne se passe finalement pas grand-chose durant une bonne première moitié du roman, et pourtant je me suis sentie subjuguée par le récit car je sentais le basculement se faire insidieusement.

Il y a toujours beaucoup de poésie dans l’écriture de Sophie Loubière, une certaine sensibilité qui est un peu le fil conducteur de chacun de ses romans et qui contraste avec la noirceur de ses intrigues, ou le glauque de son atmosphère comme c’est le cas ici. Si elle est capable d’écrire des intrigues totalement différentes à chaque fois, cette sensibilité ne la quitte, elle, jamais.

Vous rencontrerez bien des personnages étranges dans ce roman, inquiétants même parfois. L’ambiance de cette maison y est à nouveau pour beaucoup, par moment j’avais le sentiment qu’on se rapprochait d’un scénario à la Shining.

Le mot de la fin

Je ne m’attendais vraiment pas à ce genre de récit de la part de Sophie Loubière et je ressors enchantée par ma lecture (pourtant je suis chiante en ce moment avec mes lectures, surtout avec les auteurs français).

Sophie Loubière a le don d’écrire des romans qui font la part belle aux mystères et qui donnent envie de les lire d’une traite. J’ai volontairement pris du temps pour cette lecture, pour me sentir bien immergée dans cette atmosphère et je pense que cela a décuplé cette petite angoisse qui ne m’a pas quittée de toute ma lecture.

Je recommande !

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