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No fun – Ombeline Marchon

J’avais juré craché que jamais personne ne me ferait lire quoi que ce soit sur la pandémie ou sur le confinement.

Puis un jour mon double maléfique débarque « Hey Anaïs, ça te dirait de lire No fun que je viens d’autopublier sur Amazon ? ». Prise d’une soudaine double angoisse, la première de lire quelque chose qui n’est pas un polar, la deuxième de lire quelque chose sur le confinement que j’ai hyper mal vécu, la troisième et sans doute la pire, je ne pouvais pas refuser au moins d’y jeter un œil pour décider si j’allais continuer ou pas. Et en l’espace de quelques pages me voilà embarquée dans ce récit de tranche de vie qui fait drôlement écho au mien (les gosses en moins), bourré d’humour noir, d’autodérision, mais pas que !

Mais qui c’est d’ailleurs, cette Ombeline Marchon ? Je l’ai découverte à la lecture de chouchou du nord Ragnar Jonasson car c’est elle qui a traduit de l’anglais au français une partie de ses ouvrages publiés en France. Traductrice donc, mais également correctrice ultra pointue en quasi AVC à chaque faute qui lui passe sous les yeux (Grammar nazie, j’en fais régulièrement les frais), ou encore rédactrice de comptines pour enfant, c’est autant de cordes à son arc qu’elle utilise pour se faire sa place dans ce milieu.

Alors je sais que ce qui bouscule le plus les foules sur le blog et les réseaux sociaux, ce sont les ouvrages qui n’ont pas besoin d’une mise en lumière supplémentaire car les auteurs sont déjà ultra connus, mais j’espère que vous aurez envie de vous intéresser à elle aujourd’hui parce que ça change de lire quelque chose de différent, parce qu’il y a des talents à découvrir et que merde alors, vous ne pouvez pas dire « gnagnagna les blogueurs parlent tous des mêmes auteurs et bouquins en même temps » et vous désintéresser des autres.

Je vous parle aujourd’hui de No fun, d’Ombeline Marchon, autopublié via Amazon.

Quatrième de couverture

George Orwell avait imaginé l’enfer en 1984. Raté ! Il est arrivé en 2020, quand une saleté de virus a figé la planète en mode arrêt sur image. Depuis, on sort masqué et on vit au ralenti, on se salue du coude et on télévit. Et notre beau slogan, alors ? Liberté, égalité, où es-tu passé ? On tourne en rond comme un homme en cage. L’humour suffira-t-il à nous sauver ? No Fun dresse le portrait de cette annus horribilis : confinement, masques, silence et pénurie, test antigénique et dépression chronique, tout y passe, avec finesse et drôlerie. Au détour du texte, on croise Amélie Nothomb, Alfred Hitchcock et Pierre Desproges. Un livre pour tordre le cou à une année de malheur… dans l’espoir de jours meilleurs.

EXCELLENT !

Il y a ceux qui ont appris à faire du pain, des yaourts, et tout un tas de petits plats « home made » pendant leur confinement (« Regardez Instagram, c’est moi qui l’ai fait ! »).

Il y a ceux qui ont pris ça avec philosophie « Nan mais c’est quelque chose qui va changer notre vie, notre perception du monde, de l’Autre, et qui va rapprocher les gens ». (Mon cul ouais !)

Il y a ceux qui ont chialé jour et nuit devant leurs albums photos de voyages « Ma vie est foutue, je n’ai plus aucun but et chuis juste bonne à bosser bosser bosser et à continuer de faire tourner un pays à l’arrêt » (Toute ressemblance avec une personne existante serait purement fortuite).

Et il y en a d’autres qui ont utilisé cette période inédite de notre vie pour coucher sur le papier ce qu’ils ont vécu.

Loin des journaux de confinement des bourgeoises citadines parties se réfugier dans leur résidence secondaire à la campagne et qui te pondent une belle photo de coucher de soleil par jour pour te dire à quel point c’est beau et à quel point il faut philosopher cette épreuve, ici on est plutôt dans un mix entre le journal de confinement d’une parisienne désespérée de se retrouver enfermée et contrainte de l’être (surtout), qui se demande comment elle va pouvoir traverser ça sans faire une dépression et sombrer dans l’alcoolisme et un journal intime qui est une sorte d’exutoire pour cette p’tite nana correctrice, traductrice indépendante, et qui se retrouve avec une activité réduite à néant du fait de la pandémie.

C’est badass, cynique, bourré d’humour noir et d’autodérision. J’ai savouré chaque page et relevé un nombre incalculable de petits passages qui faisaient écho à mon ressenti, à mon désespoir aussi, moi qui ne supporte pas d’être privée de ma liberté de mouvement. J’ai souri, j’ai ri, voire même éclaté de rire parfois.

Un petit condensé de bonne humeur d’une personne sérieuse qui ne se prend pas au sérieux.

Et en plus c’est foutrement bien écrit car Ombeline joue avec les mots en les maniant à merveille.

Je recommande !

Vous pouvez trouver ce bouquin en format numérique ou papier en cliquant ici

13 réflexions au sujet de “No fun – Ombeline Marchon”

  1. Si elle te lit, la nazie de l’orthographe va frapper…. Je t’ai lue mais ton enthousiasme ne me donne malgré tout pas envie de lire ce livre. Je suis très mauvais public pour les textes censés être drôles. Même si Desproges est l’un des rares à me faire sourire, le convoquer ne me suffira pas.
    LamartineOrzo sur IG

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  2. Je retire ce que j’ai dit dans la première phrase de mon commentaire précédent. Bizarrement, le début de ton texte présent dans la newsletter contenait une faute qui a disparu sur l’article de blog, et je ne l’ai pas relu avant de commenter. Pan sur les doigts Martine !

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  3. J’adore l’idée, on a tous vécu cette période différemment, nos vies ont été bousculées sans mode d’emploi… je note ! Merci de cet avis et merci de mettre en avant une personne peu connu qui mérite de la visibilité c’est cela les blogs et le partage, faire découvrir des petites qui ont besoin d’un coup de pouce pour avancer dans ce milieu…

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    1. Et moi j’adore ta formulation : « nos vies ont été bousculées, sans mode d’emploi ». C’est tellement, tellement, tellement ça ! Je connais des gens qui l’ont très bien vécu, comme une parenthèse enchantée. Moi si j’avais pu m’ouvrir les veines je crois que je l’aurai fait. L’impression d’être un oiseau en cage, la privation de liberté au confinement 1 a été terrible à supporter pour moi qui bouge tant, qui sors faire des photos dans la nature toute seule en rentrant du boulot etc…
      Merci pour ton commentaire en tout cas =)

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