Coup de coeur, Editions Acte Sud, Non classé, Polar/thriller nordique

Justice divine – Michael Hjorth & Hans Rosenfeldt

J’annonce direct la couleur, cet ouvrage est certainement le meilleur roman nordique que j’ai lu depuis le début d’année, avec L’hypnotiseur de Lars Kepler.

Je suis droguée aux polars nordiques depuis 4 mois, je lutte contre moi-même pour tenter de lire des polars français ou américains entre deux parce que j’ai peur d’arriver au moment où j’en aurai fait le tour, car même si les traductions d’auteurs scandinaves sont nombreuses en France, elles ne sont malgré tout pas inépuisables et vu mon rythme de lecture, je crains de me retrouver à un moment sans plus rien à lire…

Cet ouvrage n’est, une fois de plus, pas le premier de la série, mais comme je suis d’avis de lire ce qui me plaît quand j’en ai envie, je ne vais pas forcément acheter les 5, 10 ou 15 romans qui précèdent celui que j’ai envie de lire à l’instant T, non seulement parce que je ne sais pas si ça va me plaire, mais en plus parce que mon budget bouquin n’est pas extensible à l’infini (d’autant que les frontières sont à nouveau ouvertes vers certains pays qu’on vise et qu’en étant vaccinés, on va pouvoir reprendre un peu notre vie de voyageurs prochainement, sauf s’il se passe une cata COVID d’ici-là of course).

La traditionnelle question est « peut-on lire cet ouvrage sans avoir lu les autres » ? Oui, ça ne m’a personnellement pas empêché de comprendre toute l’histoire, mais clairement je ne vous le conseille pas. L’ouvrage est tellement fourni, la vie des personnages principaux est tellement complexe et foisonnante que je regrette VRAIMENT d’avoir fait cette fois ma tête de Hans et de ne pas avoir lu la série dans l’ordre.

Je vous parle aujourd’hui de Justice divine, de Hjorth & Rosenfeldt, publié chez Acte Sud.

L’histoire (4ème de couverture)

Vanja, la fille de Sebatsian Bergman, travaille sur une affaire de viols à Uppsala dans laquelle l’assaillant anesthésie ses victimes et leur couvre la tête d’un sac avant de commettre son crime. Lorsqu’une des victimes est tuée, la Brigade Criminelle est mobilisée – au grand dam de Vanja qui a tout fait pour s’éloigner de son père. Dans ce nouvel opus palpitant de la série Bergman – personnage lunaire, coureur de jupons invétéré, antihéros par excellence –, Sebastian et son équipe vont devoir mettre de côté leurs différends personnels pour trouver le dangereux criminel qui sème la terreur à Uppsala. Alors que la plus grande menace se trouve peut-être parmi eux…

Exceptionnel !

Comme l’ouvrage dont je vous ai parlé hier, La fille dans le marais de Satan, Justice divine bouscule les codes du polar nordique pour mon plus grand plaisir ! Je ne suis pas forcément le genre de lectrice qui a besoin d’un ouvrage qui va continuellement à cent à l’heure, et j’accepte très bien cette particularité qui veut que tout bon polar nordique qui se respecte ait une certaine lenteur d’action, je sais qu’il ne faut pas s’attacher qu’au rythme ni au rebondissement, mais qu’au contraire il faut en saisir l’atmosphère pour pouvoir en profiter pleinement. Il m’est pourtant arrivé d’abandonner un ouvrage de ce genre parce qu’entre rythme calme et rythme inexistant, il y a un fossé. Ici, c’est tout l’inverse de ce que je viens de vous énoncer, non seulement l’ouvrage est un bijou de noirceur, mais en plus le rythme est vraiment très intéressant, et quand il ne se passe pas grand-chose dans l’enquête, c’est contrebalancé par la vie personnelle très agitée des personnages qui constituent l’équipe de flics : histoires de tromperies, drames personnels, embrouilles familiales, enquêteur badass détestable et détesté par la quasi-totalité de ses collègues, déviances profondes et dangereuses, je me suis éclatée à la lecture de ce bouquin, tant grâce à l’enquête que grâce aux personnages.

Dans ce roman, les enquêteurs d’Uppsala et Stockholm unissent leurs forces pour tenter de faire la lumière sur une série de viols, dont le mode opératoire est incessamment le même : les victimes sont attaquées sans qu’elle puisse voir leur assaillant, on recouvre leur tête avec un sac, et elles sont laissées vivantes mais profondément traumatisées. Certaines victimes se connaissent, d’autres non. Simple hasard macabre ou y a-t-il quelque chose à creuser ? L’enquête est une succession de rebondissements,  de voies sans issue et de suspense géré d’une main de maître. Aucun essoufflement dans les quelques 500 pages de ce petit pavé, jamais. Une fois commencé, il est difficile de l’arrêter pour faire autre chose et j’ai été complètement obnubilée par ce bouquin dès que je l’ai commencé.

Le personnage de Sebastien, sorte de psy/profiler qui vient en aide à la police dans leurs enquêtes, est tout bonnement détestable, et pourtant qu’est-ce que je l’ai aimé ce personnage moi ! Gouverné par ses pulsions sous la ceintures, égoïste affirmé, il ne fait rien pour être agréable envers les autres qui, il faut le dire, lui rendent plutôt bien en le détestant ouvertement. On comprend rapidement que tous ont un passif avec lui, et c’est un petit drame quand son arrivée est annoncée à ses anciens collègues. Incapable de faire dans les mondanités, incapable aussi de tenir sa langue sans faire de gaffe, si on oublie son penchant pour coucher avec des femmes en lien avec ses enquêtes, il reste malgré tout un excellent professionnel et ses connaissances profondes dans la psychologie humaine sont une aide précieuse et apportent un œil intéressant à l’enquête. Comme le comportement humain oscille toujours dans une certaine dualité, je n’ai pas pu m’empêcher d’être parfois chagrinée par cette solitude qui l’habite et le pousse à enchaîner les conquêtes d’un soir, et je reste persuadée que ce comportement détestable est le fruit d’un drame du passé qui l’a obligé à se forger une solide carapace pour se protéger, à savoir la mort de sa femme et de sa fille lors du tsunami de décembre 2004. Loin des clichés du flic veuf et dépressif, j’ai aimé le cynisme qui l’habite, parce que finalement derrière un comportement cynique se cache souvent quelqu’un de clairvoyant, et ça donne certaines scènes plutôt croustillantes.

Le mot de la fin

Aperçu un peu par hasard dans les nouvelles parutions d’avril, j’ai un tel retard dans la découverte d’auteurs nordiques que je n’avais jamais entendu parler de ces deux-là. Je compte bien rattraper ce retard cette année car, vous l’aurez constaté, je lis environ 75% d’ouvrages scandinaves depuis que j’ai arrêté une majorité de mes partenariats en décembre, et grand bien me fasse car je vis un véritable nouvel élan dans ma vie de lectrice.

Ce livre est tout bonnement excellent, je vais m’empresser de découvrir les autres titres des auteurs !

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