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La fille dans le marais de Satan – Lotte & Søren Hammer

Première chronique depuis une vingtaine de jours, je prends enfin le temps de me poser devant mon ordinateur pour rédiger mes quatre articles en retard.

Toujours dans une période nordique, accentuée en plus par nos prochains projets voyages, je continue de découvrir cette littérature qui est un puits sans fond en matière de découvertes, et certains ouvrages sont loin des clichés du genre et offrent aux lecteurs de très, très beaux moments de lecture. C’est le cas pour cet ouvrage dont je vais vous parler aujourd’hui, et de celui dont on parlera demain (spoiler : Justice divine de Hjorth & Rosenfeldt).

Cet ouvrage fait partie d’une série, que je n’ai évidemment pas commencée depuis le début, mais il peut se lire de manière indépendante.

Je vous parle aujourd’hui de La fille dans le marais de Satan, de Lotte & Søren Hammer, publié chez Babel noir.

L’histoire (4ème de couverture)

Le cadavre d’une jeune prostituée africaine est retrouvé dans un marais au nom funeste perdu en pleine campagne. Le corps est dans un état de décomposition avancée, la mort re­monte à plus de six mois. Pourtant, personne n’a signalé la disparition. Le bloc de pierre auquel la dépouille est attachée exclut l’hypothèse d’un décès accidentel, mais l’absence d’in­dices complique considérablement les investigations.

Après une bourde très médiatisée de la police locale, l’af­faire se retrouve sur le bureau du chef de la brigade criminelle de Copenhague, l’inspecteur Simonsen. Si tous les moyens sont alors donnés aux membres de son équipe pour élucider l’affaire, ils se heurtent aux portes fermées et aux secrets bien gardés d’une élite prête à tout pour dissimuler sa compro­mission. La piste les mène notamment à l’énigmatique Be­nedikte Lerche-Larsen mais la jeune femme, animée par une ambition dévorante et forte d’une formation de nombreuses années auprès de son père qui a bâti son empire sur la misère des femmes, ne cesse de leur glisser entre les doigts.

Le cynisme glacial et le mépris de la vie humaine sont au rendez-vous dans ce quatrième volet, tant attendu, des en­quêtes de l’imperturbable Konrad Simonsen.

Plongée en eaux troubles danoises

Véritable immersion au sein d’une riche famille danoise qui vit au sein d’une bourgeoisie bâtie sur les magouilles et le sang, La fille dans le marais de Satan aborde des sujets forts de société tels que la traite d’êtres humains, la prostitution étrangère dans ce pays qui ne l’a dépénalisée qu’il y a une trentaine d’années, mais également les rapports entre la presse et la police, ainsi que les réseaux sociaux ou encore le racisme qui semble gangrener une partie de cette société. Je vous l’explique régulièrement, mais c’est un peu une des marques de fabrique des polars nordiques, les auteurs se satisfont rarement d’écrire un ouvrage basé uniquement sur une fiction, ils mettent toujours au cœur de leur intrigue une grande part de leurs problèmes de société, et je trouve que cela ajoute non seulement de la crédibilité à l’ouvrage, mais également une réelle plus-value par rapport à un polar classique dont on aura tout oublié d’ici un mois.

Les auteurs ont pris le parti d’aborder l’enquête des deux côtés, celui des policiers d’une part, mais aussi celui de cette famille quasi mafieuse qui a bien des choses à cacher : blanchiment d’argent, traite de femmes noires, on réduit au silence les récalcitrants ou ceux qui en sauraient trop. L’affaire est familiale, d’un côté le papa méchant qui règne en maître suprême sur ses affaires, sa femme, ex prostituée un peu godiche qui ferme les yeux sur le sort réservé à celles qui ont été emmenées au Danemark pour assouvir les pulsions des clients danois, et enfin Benedikte, la fille diabolique qui suit les traces de son père avec qui elle a une relation assez compliquée, qui doit continuellement lui prouver qu’elle est bien digne de lui et complètement soumise à l’autorité patriarcale. Gravitent également bon nombre de personnages secondaires, j’ai dû prendre quelques notes pour tous les situer, qui auront tous un rôle plus ou moins important à jouer dans l’entreprise. L’enquête de police n’est pas des plus tonitruantes, et est presque secondaire par moment, mais elle a le mérite de nous apporter son lot de fausses pistes et rebondissements inattendus.

Le polar nordique a la réputation d’être plutôt lisse, dans le sens où même s’il y a des meurtres, des enquêtes et parfois un peu d’hémoglobine, rares sont les ouvrages qui mettent en avant des scènes assez violentes ou crues. La plupart du temps, les intrigues sont plutôt écrites à la manière d’un épisode de Columbo, il y a bien des coups de feu tirés mais on tait le sang versé, on retrouve des cadavres vieux de plusieurs semaines mais on n’en décrit ni l’aspect ni l’odeur, on tait les scènes de tortures ou les violences sexuelles… La grande force de cet ouvrage et ce qui le différencie des autres, à mon sens et parce que je suis une lectrice qui aime les ouvrages violents/glauques/dégueulasses, c’est de ne pas voiler ces scènes difficiles, mais de nous les jeter en pleine figure de manière à ce qu’on saisisse bien l’horreur de la situation. Pourquoi mettre un peu de fard ou d’édulcorant sur des thèmes aussi durs, aussi réels ? ça, les auteurs l’ont bien compris, et c’est ce qui a fait que ça a aussi bien fonctionné chez moi.

Le mot de la fin

Une excellente découverte qui m’a donné envie de découvrir les autres ouvrages des auteurs, et de reprendre cette série, dans l’ordre cette fois ! J’ai acheté en version papier deux autres ouvrages d’eux, et j’en lirai sans doute d’autres en version numérique sur ma liseuse prochainement.

Je recommande !

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