
J’ai lu John Grisham il y a bien longtemps, alors que j’étais encore à la fac, et nombreux sont les romans de cet auteur à trôner encore dans ma bibliothèque plus de dix ans après.
J’ai eu envie de faire une petite pause dans les polars nordiques pour retourner du côté des Etats-Unis, et en allant faire quelques courses dans mon petit Super U de campagne, je suis tombée sur le présentoir des nouveautés poche et j’ai été attirée par sa couverture et son résumé.
Ma seule question après lecture de ce roman est : pourquoi ai-je arrêté de lire du Grisham ?
Je vous parle aujourd’hui de La sentence, de John Grisham, publié aux éditions Le livre de poche.
L’histoire (4ème de couverture)
Automne 1946. Pete Banning, l’enfant chéri de Clanton, Mississippi, est revenu de la guerre en héros, décoré des plus hautes distinctions militaires. Propriétaire d’une plantation de coton et fidèle de l’Église méthodiste, il est considéré comme un père et un voisin exemplaire. Un matin d’octobre, il se lève tôt, se rend en ville et abat son ami, le révérend Dexter Bell. Que s’est-il passé pour que Pete, membre respecté de la communauté, devienne un meurtrier ? Et pourquoi se mure-t-il dans le silence ? Nul ne le sait. Mais ce qu’il tait semble dévastateur, tant pour ses proches que pour les habitants du comté.
Du Sud ségrégationniste à l’enfer de la jungle des Philippines pendant la Seconde Guerre mondiale, John Grisham nous entraîne au cœur d’un système judiciaire inégalitaire.
Un thriller enivrant
Plongez dans l’Amérique profonde, rurale et éloignée dans les années 40, alors que la ségrégation bat son plein dans le sud du pays. Nous suivrons le chemin de vie semé d’embûches d’une famille de petite bourgeoisie locale, qui vit de la culture du coton sur une petite exploitation familiale qui se transmet de génération en génération depuis plusieurs décennies. Pas vraiment de grands bourgeois richissimes, la famille vit quand même bien mieux que la plupart de la population locale, non sans un travail acharné sur les hectares de terres qu’ils exploitent à l’aide des esclaves noirs qui ne se plaignent pas de leur dur labeur : les membres de la famille Banning les traitent plutôt bien par rapport aux autres exploitations, ils ont un côté très humain que les autres n’ont pas (ce qui est terrible à écrire car on parle quand même d’esclavage…), et il y a un réel lien entre eux et leur employeur. Alors quand un jour, le père Banning, rescapé et héros de guerre, pète un boulon et va assassiner le pasteur de la petite ville, sans chercher à dissimuler son crime ni à donner les raisons de son geste, ça met toute la population locale en émoi, d’autant plus que le bonhomme n’essaie même pas de se défendre histoire d’éviter de griller sur la chaise électrique. Dès lors, nous assisterons à la lente descente aux enfers de cette famille, du côté de l’assassin mais également du côté de ses proches, de sa sœur et de ses enfants qui n’ont rien demandé, qui voient leur vie imploser et qui ne peuvent qu’assister impuissants à toutes les répercutions que cela aura pour eux, pour leur père ainsi que leur exploitation.
Dans un premier temps, l’auteur traite du meurtre, mais également de la détention et du procès du meurtrier. Cette partie-là a été absolument incroyable pour moi, tant sur le plan du suspense que de l’émotion qui s’en dégage. De par son silence au sujet des motifs de son assassinat, on imagine sans mal qu’il s’est passé de très graves choses entre les deux hommes pour que ça se termine dans un tel bain de sang. Toutes les hypothèses sont passées par mon esprit, et je n’ai pas réussi à me détacher du personnage de Pete tant je l’ai trouvé mystérieux dans sa résignation et son silence, même si j’ai souvent eu l’envie de le secouer pour qu’il pense un peu aux répercussions sur sa famille et arrête de se focaliser uniquement sur sa vengeance personnelle.
Puis en deuxième partie, changement de décor, direction les Philippines ! Pas celles qui font rêver les voyageurs non, car le pays est alors en pleine guerre et nombreux sont ceux qui tombent au combat et subissent le pire. Pete ne fera pas exception, il est un vrai miraculé et il est accueilli au retour chez lui comme un héros. Cette partie accentue encore plus les questions que nous nous posons au sujet de son acte. Je dois vous avouer que cette partie ne m’a pas forcément beaucoup passionnée, car les détails de guerre à l’autre bout du globe très peu pour moi, mais malgré tout ça sert à cerner complètement ce qu’a été la vie de Peter.
Vient enfin la troisième partie, l’après verdict. Et si vous pensez que la fin d’une histoire se résume au verdict d’un procès, vous êtes loin du compte, car l’auteur n’a de cesse de nous montrer à travers les rouages de la justice à quel point ce meurtre a eu un impact sur la vie du tueur et de ses proches. Plusieurs jours après l’avoir terminé, je reste très attachée aux personnages qui sont poignants, rempli d’humanité. Je me suis sentie très peinée pour les enfants de Pete ainsi que sa sœur, seuls contre tous, embarqués involontairement dans cette histoire de dingue alors qu’ils coulaient une vie paisible et sans encombre. Le fait qu’ils soient dénués de toute méchanceté n’a fait qu’accroître ma pitié pour eux, j’ai souffert avec eux, je les ai plains à un point que vous ne pouvez imaginer, tant la vie ne leur a rien épargné, et tant ils ne méritaient pas ça.
L’auteur, comme à son habitude, détaille de manière précise les procès, la justice américaine de l’époque. Jamais d’ennui, jamais de termes hyper techniques, pas de jargon compliqué à comprendre pour les lecteurs non-initiés.
J’émets cependant un petit bémol concernant la fin du bouquin qui m’a un peu déçue et qui n’est pas à la hauteur de ce que j’attendais, je dois l’avouer. Pas de quoi entacher ma lecture pour autant, j’ai aimé 99% de ce roman, et je vous le recommande chaudement.
Le mot de la fin
La sentence est un roman est passionnant, le thriller judiciaire change de mes lectures habituelles et je pense acheter prochainement d’autres ouvrages de l’auteur.
La sentence n’est pas seulement un roman rempli de suspense, il est également un formidable ouvrage littéraire qui traite de l’Amérique profonde de l’époque, de cette vie en petite communauté où tout le monde se connaît, où tout se sait, où la moindre rumeur se propage plus vite que les pollens au printemps, de la ségrégation qui sévit et qui fait froid dans le dos, des conditions de vie des exploitants agricoles qui doivent subir les aléas météorologiques, le cours du coton, mais également de la justice locale et du thème de la peine de morts.
Je m’y suis mis il y a peu de temps, mais j’ai adoré mes deux lectures de cet auteur!
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Je l’ai lu il y a très longtemps quand j’étais à la fac moi, ou que je venais d’en sortir… Et puis je suis partie du côté des auteurs français et j’ai délaissé tous les auteurs us. Je me rattrape maintenant 🙂
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J’adore Grisham… Dans ses derniers, j’avais particulièrement aimé l’allée du sycomore… j’en ai lu beaucoup, et je l’aime toujours autant !
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Je n’ai jamais entendu parler de ce bouquin, vais y jeter un oeil merci pour le conseil
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