
Isabelle Villain m’a charmée lors de ses deux précédents romans, à tels point que Mauvais genre et Blessures invisibles se sont retrouvés propulsés dans mes lectures les plus marquantes de 2018 et 2020. Et me voilà donc bien embêtée pour rédiger mon article aujourd’hui car deux sentiments contradictoires ressortent de cette lecture, je dirais qu’il s’agit d’une chronique mi-figue mi—raisin, et je vais tenter de vous expliquer ça de la manière la plus précise et objective qu’il soit.
Je vous parle aujourd’hui d’À pas de loup, d’Isabelle Villain, publié récemment chez Taurnada.
L’histoire (4ème de couverture)
Lorsque Rosalie, Philippe et leur petit Martin, âgé de six mois, décident de s’installer à La Barberie, un éco-hameau niché en plein coeur des Alpes-de-Haute-Provence, c’est bien pour fuir un quotidien devenu trop pesant. Pour tenter une expérience audacieuse. Vivre autrement. En communion avec la terre et en harmonie avec les saisons. Mais l’équilibre de cette nouvelle vie va un jour se fissurer. Un grain de sable va s’infiltrer, déstabiliser et enrayer cette belle mécanique. Et ce très beau rêve va se transformer peu à peu en un véritable cauchemar. Votre pire cauchemar…
Une lecture en demi-teinte
Bon, ce n’est pas facile à écrire ce genre de chronique, surtout quand on apprécie ce que fait l’auteur(e) depuis plusieurs parutions. J’ai toujours juré de dire ce que je pensais de mes lectures et je ne vais pas déroger à la règle cette fois même si j’en ai gros sur la patate.
À la lecture de la quatrième de couverture et des premières pages, il avait tout pour me plaire ce bouquin avec ses ingrédients qui sentaient bon le huis-clos : l’isolement, une petite communauté dans laquelle forcément, on se doute bien que ça va partir en live vu que l’être humain est infoutu de vivre en harmonie avec ses congénères sans que le naturel ne finisse par revenir au galop… Sauf que cette fois ce n’est pas l’intrigue qui m’a posé problème, mais la forme et en l’occurrence le temps de mise en place de l’histoire qui m’a paru vraiment trop long. Je comprends la nécessité de mettre en place le cadre, les bases solides qui permettront de faire le jeu du suspense et des révélations. Il fallait qu’on comprenne la vie de cette communauté isolée, qu’on s’imprègne de cette ambiance particulière et qu’on en voit apparaître lentement ses dérives derrière l’image unie que les membres veulent bien afficher. Sauf que quand c’est fait sur 80-100 pages, alors que le livre en comporte 241… C’est trop long pour moi et je manque de décrocher… Ce qui m’a fait continuer c’est que j’ai vraiment apprécié les précédents ouvrages de l’auteure, et en plus j’avais vu de nombreux bons avis dessus.
Heureusement, lorsque démarre le vrai jeu du polar, enfin j’accroche et j’y trouve du positif ! J’ai apprécié cette dernière partie, quand l’action commence vraiment à se mettre en place et qu’on entre dans le vif du sujet. Difficile d’en dire plus ici car la quatrième de couv’ est relativement énigmatique (ce qui est très bien car je déteste en savoir de trop avant de commencer ma lecture), mais j’ai apprécié le sujet développé autour de cette communauté qui a tout d’une secte, qui vit en vase clos, bourrée de contradictions. J’ai détesté chacun des personnages qui la composent (j’adore détester les personnages moi…), cet espèce de béatitude qu’ont ces utopistes qui pensent vivre en marge de la société mais qui ont quand même internet, un portable, qui parlent profit financier et puce de GPS, et qui ont parfois des comportements extrémistes et de purs salauds… J’ai éprouvé une profonde aversion pour eux, et les seuls auxquels j’ai accrochés sont le petit garçon Martin, ainsi que son père. Je n’ai pas besoin d’apprécier les personnages de mes romans pour apprécier un bouquin, et j’éprouve toujours un plaisir malsain à les voir s’enfoncer dans des situations qu’ils ont bien méritées… Mais, oui encore un mais, je sais… j’aurais aimé que toute la partie suspense soit plus longue, plus développée, cela aurait permis d’accentuer l’effet de sidération et d’horreur des événements. Certaines scènes m’ont choquée, ulcérée, c’est ça que j’aime quand je lis un polar, c’est grâce à ça que vibre mon cœur de lectrice, et malheureusement le plaisir était de trop courte durée… Le risque d’écrire un polar en moins de 300 pages est grand, il faut aller à l’essentiel tout en développant des points forts de manière à faire vivre aux lecteurs des émotions intenses de lecture et j’ai trouvé qu’il y avait trop de temps passé à planter le décor. Je n’ai malheureusement éprouvé cet intérêt qu’à la moitié du roman, avec un final trop vite expédié à mon goût. Je ne suis personne pour dire à un auteur ou à un éditeur : vous auriez dû faire ça plutôt que ça. Je suis juste une lectrice qui dit ce qui ne lui a pas convenu.
Le mot de la fin
Premier roman de l’auteure auquel je n’accroche pas, j’ai passé des heures sur ma chronique pour réussir à mettre les mots sans tomber dans le jugement de valeur, et j’en suis la première navrée.
Je sais que ce livre a été apprécié par bon nombre de lectures donc si l’envie vous prend, ne tenez pas compte de mon avis, lisez-le, et n’hésitez pas de me dire ce que vous en avez pensé !