Coup de coeur, Editions Points, Polar/thriller français

Pour adultes seulement – Philip Le Roy

Philip Le Roy, auteur que je croisais régulièrement sur les réseaux sociaux et dont on m’a dit le plus grand bien à plusieurs reprises.

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Anaïs Serial Lectrice, blogueuse-polar-globe-trotteuse-confinée-blessée-dépressive2020, qui en a marre de lire des nouveautés et des polars tous coulés dans le même moule et qui n’arrive pas à faire le deuil du plus beau voyage de sa vie dans l’ouest américain en 2019.

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Une rencontre littéraire au-delà ce que je pouvais espérer. A la moitié du bouquin j’ai commandé direct deux autres ouvrages de l’auteur, à la fin du roman je me suis demandé comment j’avais fait pour ne pas le découvrir avant.

Je vous parle aujourd’hui de Pour adultes seulement, de Philip Le Roy, publié chez Points.

L’histoire (4ème de couverture)

Venus, sept ans, est en cavale. Des flics sont venus massacrer sa famille à coups de fusil à pompe. Elle en a réchappé par miracle, sauvée par Julie, la jeune fille au pair française de la maison fraîchement débarquée à Hollywood. Traquées par ces monstres surarmés qui ne reculent devant rien, elles fuient éperdument. A qui se fier ?

Un sanglant suspense en 16/9e sur les routes de l’Ouest sauvage.

Get your kicks on route sixty six

Embarquez pour la plus mythique route des Etats-Unis pour un road movie sanglant aux côtés de Julie, fille au pair arrivée il y a peu de temps aux USA, et de Venus, l’enfant dont elle était en charge et avec qui elle a dû se tirer fissa en pleine nuit après que des hommes, vêtus d’uniformes de policiers, aient massacré le reste de la famille de la fillette en pleine nuit dans leur villa californienne. Le but de Julie ? Sauver sa peau, celle de la gamine, et fuir le plus loin possible pour tenter d’échapper aux tueurs. Sur cette route semée de balles, des cadavres à la pelle, à croire que tous ceux qui approchent ces deux-là finiront refroidis une balle dans la tête ou la bagnole dans un ravin. Pourquoi tant d’acharnement et de violence ? C’est ce que l’auteur va tenter de nous faire comprendre.

C’est dans une véritable course poursuite que nous lance l’auteur, il faut fuir pour rester en vie, il y a cet instinct presque animal qui, poussé à son paroxysme, développe un suspense de tous les diables. L’auteur ne nous laisse pas le temps de nous émerveiller face aux paysages, il faut de l’action, il faut que ça claque, que ça pète de partout pour donner envie au lecteur de continuer encore et encore. C’est un feu d’artifices perpétuel, jamais d’ennui, jamais de temps mort, le tout a un côté très visuel, cinématographique même. On s’imagine dans une vieille voiture américaine, écrasé sous la chaleur de l’ouest brûlant et bercé par une playlist fantastique et qui colle parfaitement à l’ambiance du roman. Il n’en oublie pas de poser des pointes d’humour régulièrement et qui apportent un vent de fraîcheur à cette noirceur ambiante et toute la violence de l’intrigue. Jamais dans le too much, jamais dans la surenchère ou l’extraordinaire, c’est fin, c’est crédible, intelligent, différent aussi et putain que ça fait du bien de lire ça dans un genre qui est complètement stéréotypé !

Philip Le Roy a touché LE point sensible chez moi qui est celui du voyage. C’est avec les mots et surtout les émotions d’un voyageur tombé amoureux de ce coin de la planète, et dieu sait que je ne comprends que trop bien ce sentiment, qu’il a écrit ce roman. Ca a forcément remué beaucoup de choses en moi, j’ai ressenti l’atmosphère lourde et cette chaleur qui s’abat sur la route 66 telle une chape de plomb, j’ai visualisé ces motels, ces diners qui bordent ces portions de route, j’ai ressenti la solitude et la quiétude des grands espaces et des kilomètres d’asphalte à ne croiser que des poids lourds et des Harley, j’ai presque eu envie de rejoindre Julie et Vénus pour les parcourir, ces paysages, encore une fois. J’ai voyagé, véritablement voyagé aux côtés des jeunes femmes, et l’environnement développé par l’auteur accentue encore ce sentiment de solitude et d’isolement qui les animent face à ce qu’elles fuient.

Pour adultes seulement est un ouvrage brillant, qui mêle habilement thriller et roman noir, clacissisme et modernité, moments profondément poignants et suspense impeccablement maîtrisé. On se surprend à frémir pour ce duo touchant, attendrissant, drôle parfois malgré les circonstances, il y a un lien incroyablement fort entre les deux fuyardes, une relation de confiance qui s’installe et qui apporte quelque chose de terriblement humain à cette relation.

Le mot de la fin

J’ai trouvé en Philip Le Roy un auteur français qui écrit à la manière d’un auteur américain.

J’ai tellement aimé ce bouquin que je pardonne même à l’auteur de m’avoir collé un titre des Guns plutôt que d’Iron Maiden dans son bouquin (c’est dire !).

C’est un ENORME coup de cœur, et je reparlerai très bientôt de Philip Le Roy sur ce blog, soyez-en certains !

Je souhaite terminer cet article par un extrait du roman, que j’aurais pu écrire si j’avais un quelconque talent pour l’écriture, et une photo un peu plus personnelle prise lors de mon voyage sur place :

« Elle était fascinée. Au-dessous d’elle s’ouvraient les entrailles rouges de la terre. Le Grand Canyon ! Décors de pics, de pentes, de falaises, de roches, déchiquetés par le Colorado et façonnés par deux milliards d’années. United « Strates » of America, pourpre, grises, carmin, noires, ocre, jaunes, blanches, selon l’angle de vue et l’inclinaison des rayons du soleil. Relief vertigineux, hors de toutes proportions, de toute appréhension, de toute échelle humaine. Julie voyait le géant pour la première fois. Elle distingua le Colorado, ruban d’un bleu profond qui serpentait deux mille mètres plus bas, entre deux rives distantes de vingt kilomètres. Face à ce spectacle de CinémaScope et en Technicolor, elle recevait sa plus grande leçon d’humilité. Quelle était donc sa place infime, dans l’univers infini ? Pour l’instant, elle planait, grisée par la hauteur, hallucinée par la vue, shootée à l’air vierge qui caressait son visage. Elle écarquillait ses grands yeux verts ourlés de larmes sécrétées par le vent, pour graver ce paysage dans sa mémoire, scrutant tous les reliefs, toutes les couleurs. Elle s’en imprégna, le respira, l’écouta et le sentit ; elle tendit les bras et voulut l’embrasser. Elle souhaitait pouvoir se rappeler chaque abîme, chaque promontoire. Elle ferma les paupières et le vit encore. Le Grand Canyon était en elle. Devant tant de beauté, tant de grandeur, Julie était en harmonie »

Septembre 2019 – Grand Canyon

2 réflexions au sujet de “Pour adultes seulement – Philip Le Roy”

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