Shutter Island – Dennis Lehane

Je continue mon exploration de la littérature noire américaine aux côtés de Dennis Lehane, auteur coup de cœur 2020 avec son Mystic River. Si j’ai pu être un chouia plus réservée sur Gone baby gone il y a quelques semaines, j’ai à nouveau était conquise, que dis-je, subjuguée par Shutter Island.

J’ai vu le film tiré de l’ouvrage il y a fort longtemps, le neurone cinématographique étant à l’état embryonnaire chez moi, je ne me souvenais de rien, d’absolument rien, et j’ai découvert ce roman d’un œil aussi neuf qu’une personne qui n’a jamais vu le film. Tout a été dit sur ce roman que j’ai découvert 17 ans après sa parution, mais j’ai malgré tout envie de vous donner mon ressenti aujourd’hui même s’il n’apportera très certainement rien de plus.

Je vous parle aujourd’hui de Shutter island, de Dennis Lehane, publié chez Rivages noir.

L’histoire (4^ème de couverture)

Nous sommes dans les années cinquante. Au large de Boston, sur un îlot nommé Shutter Island se dresse un groupe de bâtiments à l’allure de forteresse. C’est un hôpital psychiatrique. Mais les pensionnaires d’Ashecliffe Hospital ne sont pas des patients ordinaires. Tous souffrent de graves troubles mentaux et ont commis des meurtres particulièrement horribles. Lorsque le ferry assurant la liaison avec le continent aborde ce jour-là, deux hommes en descendent : le marshal Teddy Daniels et son coéquipier Chuck Aule. Ils sont venus à la demande des autorités de la prison-hôpital car l’une des patientes, Rachel Solando, manque à l’appel. Un shocker, c’est ainsi que Dennis Lehane définit son roman. Mystère, suspense, angoisse, tous ces ingrédients savamment dosés plongent le lecteur dans un état de fièvre qui culmine aux toutes dernières pages, porteuses d’un extraordinaire rebondissement.

Parfait huis-clos !

Prenez une île isolée qui abrite l’un des centres de soin/pénitenciers les plus secrets et les plus protégés des Etats-Unis, remplis de zinzins de l’espace tous condamnés à être là pour des crimes ultra violents, ajoutez-y la disparition mystérieuse d’une patiente, puis l’arrivée d’une équipe d’enquêteurs, agitez le tout grâce à un ouragan qui viendra couper tout ce petit monde du fil ténu qui le maintenait au reste du monde, parsemez le tout par quelques autres faits aussi étranges qu’inquiétants et vous obtiendrez Shutter Island !

Dans un scénario implacable, l’auteur va nous balader dans cette enquête en se jouant de vous, de votre perception de la réalité et de toutes nos certitudes. Tel un maestro, Dennis Lehane se place en un chef d’orchestre, dirigeant avec brio cette intrigue de prime abord relativement classique, jusqu’à aboutir à l’explosion finale qui vous donnera presque envie de relire le bouquin pour voir à quel moment vous avez manqué quelque chose pour vous prendre un tel revirement de situation en pleine tronche.

Rien n’est ce qu’il paraît être, ne vous fiez à personne, ne croyez personne, ne vous attachez à personne. Le suspense se veut d’abord discret et sans fioriture, en finesse même, puis il se dévoile de plus en plus pour aboutir à cette fin qui me cause encore quelques cheveux blancs plusieurs jours après l’avoir terminé.

Le mot de la fin

C’est brillant, c’est intelligent, c’est la quintessence du thriller, c’est digne de tous les superlatifs et ça mériterait d’être lu par tout lecteur de littérature noire.

Quand on lit un roman de Dennis Lehane, on se rend compte qu’il y a d’un côté Dennis Lehan, de l’autre le reste des auteurs. Quel talent, quelle écriture incroyable, quelles qualités de narration ! Ma plus belle découverte depuis un certain Mo Malo il y a trois ans déjà…