
Grosse envie de lire du King, ça en tourne à l’obsession depuis quelques semaines, à tel point que je ne sais pas comment je vais pouvoir avancer dans la lecture de ma PAL tellement je n’ai envie de lire que ça, et tellement j’en ai achetés ces derniers jours. Je vais tenter de ne pas lire que ça car 1. j’ai peur de faire une overdose. 2. j’ai peur de faire une déprime littéraire quand je vais arrêter et 3. j’ai peur de ne pas réussir à passer à autre chose pendant des mois si je ne fais que les enchaîner.
J’ai beaucoup lu Stephen King ado, et puis j’ai arrêté, plus de 15 ans. Je me demande aujourd’hui pourquoi, et comment j’ai fait pour passer à côté autant de temps.
Je vous parle aujourd’hui du tome 1 de Ça, de Stephen King, publié il y a fort longtemps aux éditions Le livre de poche.
L’histoire (4ème de couverture)
Enfants, dans leur petite ville de Derry, Ben, Eddie, Richie et la petite bande du « Club des ratés », comme ils se désignaient, ont été confrontés à l’horreur absolue : ça, cette chose épouvantable, tapie dans les égouts et capable de déchiqueter vif un garçonnet de six ans…
Vingt-sept ans plus tard, l’appel de l’un d’entre eux les réunit sur les lieux de leur enfance. Car l’horreur, de nouveau, se déchaîne, comme si elle devait de façon cyclique et régulière frapper la petite cité.
Entre le passé et le présent, l’enfance et l’âge adulte, l’oubli des terreurs et leur insoutenable retour, l’auteur de Sac d’os nous convie à un fascinant voyage vers le Mal, avec une de ses œuvres les plus amples et les plus fortes.
Que j’vous raconte mes péripéties…
La bibliographie de l’auteur me semble être un puits sans fond tant il a été prolifique durant toute sa carrière, mais il m’a paru logique de commencer par Ça, parce que je l’ai vu en film quand j’étais plus jeune, que je l’avais aimé d’ailleurs, et qu’il me paraissait bien de commencer avec quelque chose qui ne m’était pas inconnu histoire d’y aller en douceur. En bonne bécasse que je suis, je n’avais pas vu que j’avais acheté le second tome, et pas le premier, la nuance réside dans la petite étoile qui suit le titre : une étoile pour le tome 1, deux pour le tome 2. Logique me direz-vous, encore fallait-il le savoir, d’autant plus que je n’étais même pas au courant qu’il était publié en deux tomes. Donc quand j’ai ouvert mon bouquin et que j’ai vu « Chapitre 13″, je me suis dit « WTF c’est quoi ça ?? Nico au secours ! » Ni une ni deux, j’ai commandé en ligne le tome 1, je l’ai entamé dans un premier temps sur ma liseuse histoire de ne pas perdre de temps, et je l’ai terminé quelques jours plus tard en format papier.
Attendez, c’est pas la fin de mes péripéties ! Donc la serial lectrice, elle commence gentiment son bouquin. Et elle lit, et elle lit, et elle lit… Et le nombre de pages sur sa liseuse ne défile pas. J’avais l’impression de lire toute la journée depuis trois jours et j’arrivais difficilement à la moitié. « Ok Google, il fait combien de pages en format poche Ça 1« . Verdict : 800. Ce bouquin n’est pas un bouquin, mais une brique, un parpaing ! Moi qui fuis comme la peste les romans de plus de 500 pages car j’ai une capacité d’attention très limitée et que j’ai besoin que ça aille vite, j’ai ressenti un moment de désespoir à me dire que j’allais mettre encore une semaine à le finir. Sauf que la nuance, c’est que j’étais tellement à fond dedans que je n’avais aucune envie de le poser.
Entrons dans le vif du sujet !
Je ne sais pas ce que je vais bien pouvoir vous dire de plus sur un roman qui est paru il y a plusieurs décennies, et qui a déjà été décortiqué par des milliers de chroniqueurs… Il n’y aura sans doute pas grand chose de nouveau dans ce que je vais vous écrire, mais je tiens à vous en parler malgré tout quitte à enfoncer des portes ouvertes.
Tout le monde ou presque connaît la base de cette intrigue : des gosses tués par un méchant clown qui fait flipper et qui se cache dans les bouches d’égouts. On ne peut pas se tromper, c’est la première scène du roman, le drame, le cataclysme qui va engendrer tout le reste. Ce démarrage est absolument mythique et il est la base d’une intrigue longue, très longue, fastidieuse parfois en raison d’un nombre absolument incalculable de personnages, de lieux, d’époques et de passages détaillés en veux-tu en voilà, à t’en coller la migraine, à t’en faire cramer les neurones, avec l’impression de te perdre parfois dans un labyrinthe sans fin dont tu ne verras jamais le bout. Et pourtant même si, dit comme ça, ça ne vend pas du rêve, c’est ça que j’aime maintenant avec Stephen King. Ado, je m’en suis lassée car je me retrouvais souvent perdue au milieu de ces intrigues ultra détaillées et je ne pouvais pas comprendre la finesse de tous ces détails. Adulte, j’ai pris conscience que lire du King, ce n’est pas que lire un roman d’horreur. Il y a tellement de références culturelles liées à la littérature, la musique, mais aussi à la société américaine, qu’il faut avoir un minimum de connaissances sur ces sujets pour en comprendre les tenants et aboutissants. Je me suis passionnée par la société américaine, j’ai bien plus de bagage à ce niveau que je n’en avais quand j’étais adolescente et que je vivais dans le fond de ma campagne, et j’ai maintenant vraiment l’impression que je peux en saisir le moindre détail, et d’être complètement immergée dans cette société qui me fascine tant, quand je lis du King.
On ne va pas se mentir, il y a certains passages franchement longs et je peux comprendre que certains aient été découragés à poursuivre. J’ai ressenti parfois des moments de lassitude, à me demander où est-ce que l’auteur allait m’emmener, pourquoi est-ce qu’il s’étalait autant sur ces personnages secondaires, mais il a toujours réussi à me récupérer au passage pour me remettre dans l’intrigue. Les détails fournis par un des personnages principaux, au sujet de l’enquête, permettent d’en comprendre les plus infimes détails. On est dans le réel, on est en plein cœur de l’intrigue qu’on vit à travers les personnages, aux côtés d’eux, et les quelques passages fantastiques n’ont pas réussi à décrédibiliser le tout à mes yeux. C’est parce qu’il y a ce foisonnement de détails que cet auteur a réussi à créer un style unique, souvent imité mais jamais égalé, et qui fait de lui l’un des écrivains les plus lus au monde. Ce n’est pas que de la littérature noire, c’est de la grande littérature, n’en déplaise à ceux qui l’ont longtemps considéré avec dédain comme un écrivain populaire.
King, comme à son habitude, aborde des thèmes qui lui sont chers, tels que l’enfance, l’amitié, la vraie amitié qui scelle des pactes pour la vie et pas celle qui passe après 6 mois, les ravages du deuil aussi, la culpabilité, la résilience. C’est poignant, profond, il en ressort une atmosphère enivrante, qui m’a capturée, captivée, dans laquelle je me suis sentie comme un poisson dans l’eau et qui me colle encore à la peau plusieurs jours après l’avoir terminé.
Le mot de la fin
Une fois que tu as compris ce qu’est le style de Stephen King, deux solutions :
- tu abandonnes ton bouquin car tu es à un doigt de mourir d’ennui,
- tu adhères, tu es à fond dedans, et tu prends ton pied comme jamais
Pour moi, ça sera la deuxième solution. Je vis King, je respire King, je lis King nuit et jour et une fois la dernière page fermée, je me sens vide, mais vide comme un coquillage abandonné par son Bernard l’Hermite sur une plage du Maine.
Le deuxième tome va suivre très prochainement. J’ai lutté pour ne pas l’entamer dans la foulée, mais j’ai tellement peur de ne pas réussir à me détacher du style de l’auteur et de cette intrigue une fois terminé que j’ai préféré prévoir deux ou trois autres lectures entre les deux.