Editions Pocket, Polar américain, roman noir

Mon territoire – Tess Sharpe

Dire que j’ai peu lu ces deux dernières semaines est un euphémisme, je n’en avais ni le temps, ni l’envie, et j’ai préféré me concentrer à des activités bien plus physiques et terre-à-terre telles que la cuisine, la photo durant notre week-end en Bourgogne ou le jardinage ! Si j’ai mis une bonne semaine à lire ce roman, ce n’est pas en raison de son manque de qualité, bien au contraire, car il a été une formidable découverte !

Je vous parle aujourd’hui de Mon territoire, de Tess Sharpe, publié chez Pocket.

L’histoire (4ème de couverture)

 » Une ballade époustouflante par une voix que vous n’oublierez jamais.  » David Joy

Fille unique de Duke McKenna – le plus brutal baron de la drogue de ce coin de Californie – Harley a toujours été à bonne école : les fusillades pour berceuse, les guerres de gangs pour contes de fées… Tandis qu’à l’aube de la vingtaine d’autres jeunes filles vivent le grand amour, cette tireuse hors pair, elle, n’y a pas droit – héritière d’une vengeance qui ne lui appartient pas. Comment s’affranchir, en femme puissante, de la violence ? Comment imposer, face aux hommes, son territoire ? Si tu veux la paix, prépare la guerre…

Envoûtée

Pénible comme je suis en ce moment au niveau de mes lectures, je pensais que ce roman n’allait pas me plaire car la quatrième de couv’ ne résonnait pas franchement très polar. Les certitudes étant faites pour être bousculées, et la couverture collant parfaitement à la saison actuelle, je me suis dit « et pourquoi pas ? ». Et j’ai bien fait.

Je suis toujours dans une période terrible où je n’ai pas envie de lire autre chose que des polars ou thrillers qui se déroulent aux Etats-Unis. Mon territoire se déroule en plein cœur de la Californie, mais pas celle qu’on visite comme un point d’étape dans son périple de l’ouest américain et qui fait rêver, plutôt celle aride, déserte, celle qu’on ne va pas voir parce qu’il n’y a rien à y faire, rien à y visiter, et où seule l’asphalte d’une route anime un peu le paysage lunaire. Parfait, j’ai besoin de dépaysement en ce moment ! Nous faisons la connaissance d’Harley, jeune femme à mille lieux de l’image de la gentille fille à papa vêtue d’une jolie petite robe à froufrous et de flots dans les cheveux, et qui porte en elle plus de courage (et de co*illes) que la plupart des bonhommes qu’elle va croiser sur son chemin. Elevée à la dure par un papa qui fait régner l’ordre autour de lui, traumatisée par la morte brutale de sa mère dont elle est témoin alors qu’elle n’a que 8 ans, elle suivra le chemin paternel et deviendra une femme affranchie, forte, mais qui cache en elle un côté très fragile qu’elle masque grâce à sa personnalité guerrière et déterminée. La violence l’aide à régner sur ce fameux territoire, lieu propice à des guerres de clans auxquelles se livrent plusieurs familles depuis des décennies, des guerres nourries par de forts ressentiments, par un passé chargé de drames et de batailles. On l’aime Harley, malgré sa propension à tuer de sang froid quand elle a décrété que c’était nécessaire. On comprend, on la dédouane même, on ressent une empathie terrible envers ce petit bout de femme qui se bat pour protéger les femmes victimes de violence, quitte à faire couler elle-même le sang. Elle est le maillon central de ce roman, elle en est sa puissance, ce pour quoi on a envie de continuer d’avaler les plus de 500 pages de ce petit pavé.

J’ai aimé me retrouver au milieu de ces paysages désolés, l’auteure les sublime, elle leur fait prendre corps et ils contribuent à créer un environnement propice pour dérouler une intrigue noire, poisseuse et lourde.

L’auteure traite de divers sujets qui font cette société américaine, loin du strass et des paillettes de la Californie. Il est question ici de drogue, d’argent sale, de corruption, de féminisme ou encore de violence au sein de la famille. Un programme pas très joyeux pour un ouvrage très ancré dans la réalité, et qui m’a ému autant qu’il m’a tenu en haleine. Mon territoire n’est pas un thriller classique, on est plutôt dans le vrai roman noir américain, oscillant constamment entre critique de la société et passages à suspense afin de maintenir éveiller notre attention et notre envie de continuer.

Le mot de la fin

Mon territoire est un roman engagé, à la construction parfaite et d’une densité poussant au respect, d’autant plus que j’ai lu un article qui disait qu’il s’agissait du premier roman pour adulte de cette auteure américaine.

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