
Je ne cesse de le dire depuis trois ans, Jacques Expert est un de mes auteurs français préférés et chacune de ses nouvelles parutions est un événement dans mon année littéraire.
Commencé à 7h du matin, terminé dans l’après-midi le même jour, j’ai littéralement bouffé ce bouquin d’une traite, et ça faisait bien longtemps que ça ne m’était pas arrivé !
Je vous parle aujourd’hui de Plus fort qu’elle, de Jacques Expert, publié dans sa nouvelle maison d’édition chez Calmann-Lévy.
L’histoire (4ème de couverture)
UN AMOUR IRRAISONNÉ,
UN PIÈGE IMPARABLE,
PLUS FORT QU’ELLE ?
Cette nuit-là, dans la banlieue chic de Bordeaux, Cécile, 44 ans, est réveillée par une voix familière : « Debout, il faut qu’on parle. »
Quelques instants après, elle est précipitée dans l’escalier de marbre de sa maison et tuée sur le coup.
Aux origines du meurtre, la police le comprend très vite, il y a la liaison passionnée entre le mari de Cécile et son assistante, Raphaëlle. Liaison pour laquelle Raphaëlle a tout quitté, y compris ses enfants, métamorphosée par cet amour plus fort qu’elle.
Qui a tué Cécile ?
Le mari, la maîtresse ? Les deux ensemble ?
Peu à peu, une manipulation parfaite se dessine sous nos yeux. Effrayante. Oppressante. Et, peut-être, fatale ?
Un style unique !
Cachez le nom de l’auteur sur la couverture, faites-moi lire n’importe quel ouvrage de Jacques Expert, dès les premières lignes, je saurai que c’est lui qui les aura écrites…
Jacques Expert a un style hors du commun, hors norme, qui ne ressemble à aucun autre. On adhère ou pas, en tout cas c’est un style qui agit sur moi comme un aimant – ou comme un défibrillateur en fonction de mon état de fatigue du moment. Débuter un nouveau roman de cet auteur, c’est me glisser dans le confort ouaté de savoir que je suis entre de bonnes mains, et que je vais passer de longues et bonnes heures de lecture en sa compagnie, avec à chaque fois l’impression de retrouver une vieille connaissance après plusieurs mois d’absence.
L’auteur est passé maître dans l’art du thriller psychologique. Il est capable de vous coller un suspense de tous les diables et de vous maintenir captivé alors que l’intrigue n’avance pas d’un iota. C’est d’ailleurs le propre du thriller psychologique, c’est un genre qui aime prendre son temps, et qui ne doit pas aller dans la surenchère pour que l’histoire reste crédible et que nous lecteurs, puissions nous identifier à la situation vécue par les personnages. L’exercice est réussi haut la main pour Jacques Expert qui excelle dans ce genre d’intrigues, qu’il situe presque à chaque fois dans un cercle familial vicié pas le comportement pervers d’un des personnages. Le thriller psychologique est un genre exigeant, qui demande une attention de tous les instants à l’auteur car il doit ménager son suspense tout en veillant à ne pas aller trop lentement au risque de perdre son lecteur au passage. Ainsi, Jacques Expert ponctue son intrigue de rebondissements judicieusement placés, qui vous explosent en pleine tête tel le bouquet final d’un feu d’artifices. C’est un peu une habitude chez lui, et pourtant même si je sais que ça va arriver, il arrivera toujours à me surprendre au moment où je m’y attends le moins.
« Les histoires d’amour finissent mal, en général… »
Les histoires d’amour me gonflent dans les polars, sauf quand elles tournent au vinaigre comme c’est le cas ici. Je ne vous dévoilerai rien de l’intrigue en vous disant qu’on sait, dès la quatrième de couverture, qui est mort, et qui sont les principaux suspects. Toute la tension narrative réside dans le fait de savoir, d’une part, ce qui a conduit à cette situation, d’autre part quelle est la part de responsabilité et de manipulation des deux suspects, et enfin qui a bien pu tuer l’épouse légitime.
J’ai détesté les deux personnages principaux de ce roman. Je n’ai pas besoin d’aimer les personnages rencontrés dans mes lectures pour en apprécier l’intrigue, je suis plutôt, en bonne sadique, du genre à jubiler quand il leur arrive un pépin (Méchante lectrice !) surtout quand eux-mêmes ne sont pas exempts de coup tordus envers les autres. Nous avons d’un côté Patrick, mâle dominant au charisme débordant, qui profite de sa position dans la société et dans le cœur de sa maîtresse pour manipuler son entourage, et Raphaëlle, la secrétaire (option maîtresse de 5 à 7), une vraie bécasse complètement nunuche, aveugle et obnubilée par son patron à qui elle voue un culte comme si elle avait rencontré Dieu en personne, et prête à tout pour avoir ses faveurs. Gravitent autour d’eux quelques personnages, notamment dans l’environnement professionnel de notre couple adultérin et dans l’équipe de flics qui enquête sur la mort de l’épouse légitime, mais ils ne sont que des acteurs secondaires de l’intrigue et sont bien moins décortiqués sur le plan psychologique que les deux personnages principaux. Même dans leurs épreuves, je n’ai pas réussi à avoir ne serait-ce qu’une once de sympathie ou de compassion pour eux, et j’ai éprouvé une sorte de délectation à les voir s’enfoncer dans les problèmes engendrés par leurs actes et à leurs comportements.
Insidieusement, l’auteur nous ballade en nous mettant le doute sur l’identité du meurtrier, et vous accuserez tantôt l’un, tantôt l’autre et quelque chose me dit que la révélation finale pourrait bien vous surprendre.
Le mot de la fin
Du grand art en matière de manipulation ! Bravo Mr Expert, il en faut pour continuer, année après année, à jouer autant avec les nerfs de vos lecteurs !
Je recommande non seulement cette lecture, mais aussi de garder un œil sur votre mari et sur sa secrétaire, un peu trop gentille pour être honnête.