
Ahhh Anaïs, tu veux de la diversification littéraire, ben tu vas en avoir ! J’ai terminé ce roman il y a quelques jours déjà mais il m’a fallu un certain temps avant de réussir à rédiger cette chronique, car c’est un roman à mille lieux des traditionnels thrillers et polars que je lis actuellement, et qu’il a fallu que je respire un bon coup pour essayer d’arranger ce foutoir présent dans ma tête afin de vous en parler.
Ma chronique ne sera pas très longue comme habituellement, car j’ai eu bien du mal à poser des mots sur cette histoire et ce style assez inhabituels.
Je vous parle aujourd’hui du roman Le sang noir des hommes, écrit par Julien Suaudeau et publié chez Points.
L’histoire (4ème de couverture)
Dix ans après avoir disparu au Sahara, un chasseur alpin rentre chez lui. Tout le monde le croit mort. Seule sa fille attend encore son retour.
Soldat perdu, Ulysse furieux, il rapporte sur sa montagne les crimes d’une lignée qui a pillé l’Afrique de l’Ouest au temps des colonies, avant d’installer son empire sur les Alpes du Sud.
Des terres brûlantes aux sommets enneigés, une ombre l’accompagne. À la fois jeune et vieille, blanche et noire, cette force se joue des époques et des continents. Pour que justice soit faite, elle œuvre dans la nuit des âmes, dressant les femmes contre les hommes, les frères l’un contre l’autre, les fils contre les pères. Sous le regard des animaux de la forêt, dieux silencieux, le temps s’enroule autour de la faute originelle. Ici et là-bas, autrefois et maintenant, ni les vivants ni les morts ne trouvent le repos.
Le sang noir de la vengeance coule dans leurs veines.
« Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance »
Quel étrange roman ! Inclassable, il ne rentre dans aucune case, aucun genre précis. Je ne saurais même pas vous dire si j’ai apprécié ma lecture ou non. Je pense que oui, au fond quand j’y réfléchis, car elle m’a marquée, m’a bousculée et m’a parfois bien chagrinée. Il ressort de ce roman quelque chose de très noir, très glauque et déprimant. Il est question de vengeance, de passé, de liens familiaux biscornus, parfois difficiles à vivre, il est question de haine, de rancœur, de colères et de dégâts que peut causer un passé bien lourd et envahissant. Aucun rayon de soleil dans cette lecture, aucun espoir, le froid de la montagne, son climat rude et instable ajoutent encore un peu de morosité et accentuent ce sentiment de mélancolie qui transpire des pages.
Le style d’écriture est vraiment particulier et il faut s’accrocher pour avancer dans sa lecture. Le sang noir des hommes est un roman court, 300 pages à peine, et pourtant il vous demandera une concentration de chaque instant. L’auteur nous perd dans un labyrinthe de dates et d’événements, de lieux aussi, alternant une période différente à chaque chapitre, nous ballottant du passé au présent dans d’incessants allers-retours qui ont manqué de me faire cramer les neurones par moment. Et pourtant il se dégage une certaine poésie de ces lignes, pas une poésie faite pour apaiser l’âme humaine, mais pour en montrer toutes ses abjections.
Le mot de la fin
Un ouvrage qui pourrait être lu aussi bien par les amateurs de littérature noire que par ceux de littérature blanche. Un roman singulier, une première rencontre plutôt réussie entre l’auteur et moi, et une furieuse envie de boire un verre de rhum histoire de me remonter le moral après avoir tourné la dernière page de ce roman.