
Il était attendu comme le messie par tous les lecteurs de la série de Patrick Bauwen, il est sorti des rotatives tout beau, tout chaud en cette fin d’été caniculaire histoire de nous faire passer la pilule de la rentrée, et il clôture admirablement bien cette trilogie commencée avec Le jour du chien, et poursuivie avec La nuit de l’ogre.
Je ne suis pas une grande adepte des fiches de lecture, et pourtant je pense que je vais commencer à en rédiger pour les séries que je lis car il se passe en général plusieurs mois entre deux publications et j’ai le sentiment que je manque parfois des choses, ou que je passe à côté d’autres, parce que je ne peux humainement pas me souvenir de tous les détails de tout ce que je lis. Je me rends compte malgré tout que j’arrive à raccrocher les wagons dans ma tête au bout d’un moment en me souvenant des intrigues précédentes et des personnages déjà rencontrés, mais je pense que le fait de me replonger dans des notes de lectures, à défaut de relire les ouvrages précédents, ne pourra être que bénéfique pour moi. Cet ouvrage peut néanmoins parfaitement se lire de manière indépendante, même si c’est dommage car cette série est excellente et qu’elle mérite d’être lue par tout amateur de polar français qui se respecte.
Je vous parle aujourd’hui de L’heure du diable, de Patrick Bauwen, publié chez Albin Michel.
L’histoire (4ème de couverture)
Chris Kovak est médecin, agoraphobe, incapable de sortir de chez lui. Quand un mystérieux patient le contacte, un compte à rebours meurtrier commence.
Audrey Valenti est lieutenant de la brigade Évangile, spécialiste des crimes du métro. Lorsque le corps d’une inconnue habillée en sorcière est retrouvé sur les voies ferrées, débute la plus incroyable des enquêtes.
Tous deux traquent le diable, un psychopathe monstrueux et insoupçonnable.
Mais c’est le diable qui va les trouver.
Après Le jour du Chien et La Nuit de l’ogre, Patrick Bauwen achève sa trilogie et révèle l’identité de son tueur hors normes.
« Pleased to meet you hope you guess my name
But what’s puzzling you is the nature of my game »
C’est rare que je commente le titre d’un roman ou que je lui consacre carrément une partie comme c’est le cas ici, mais il me semble important d’en parler car il prend tout son sens au fur et à mesure que nous découvrons l’intrigue. L’heure du diable se situerait aux alentours de 3h du matin, et elle est en effet considérée, par la religion, comme l’heure à laquelle Satan s’empare du sommeil des vivants. Le titre va prendre tout son sens lorsque notre cher Chris Kovak, ex urgentiste qui soigne désormais des patients à distance et sans sortir de chez lui grâce à la téléconsultation, des patients en proie aux mêmes insomnies que lui d’ailleurs. C’est en pleine nuit qu’il va être contacté par l’assassin, par le biais d’une messagerie ultra sécurisée utilisée entre les patients et les médecins pour la prise de rendez-vous et afin de garantir le secret médical. S’en suivront bien évidemment des événements dramatiques, donnant tout leur sens au titre choisi.
Si vous êtes le genre de lecteur un peu sadique comme moi à kiffer les assassins complètement siphonnés du ciboulot, à aimer les intrigues rythmées avec un suspense de tous les diables, c’est celui-là qu’il vous faut !
C’est un Dr Kovak complètement ravagé par les médicaments et les drogues que nous retrouvons ici. Il vit seul et reclus dans son appartement, rongé par les angoisses, incapable de sortir de chez lui et avec un comportement autodestructeur qui nous fait craindre le pire quant à sa capacité à affronter les éléments qui vont s’enchaîner et se déchaîner autour de lui. Ah tu veux pas sortir de chez toi Chris, eh bien le cinglé qui en a après toi va se charger de te forcer à le faire, et au forceps !
C’est dans une ambiance particulièrement lourde que nous allons évoluer ici. L’auteur n’y va pas de main morte avec les meurtres, sans forcément s’étaler sur des dizaines de lignes, mais on est loin du gentil petit meurtre du gentil petit polar. Les meurtres sont mis en scène par l’assassin, histoire d’ajouter un cran à l’horreur. C’est dans une sorte de course contre la montre que les personnages vont se lancer afin d’arrêter les massacres, et tous auront tout intérêt à tenter d’attraper le meurtrier au plus vite car il semblerait qu’il en connaisse bien trop sur eux qu’il ne le devrait. Le danger est partout, tout le temps, il guette à chaque coin de rue, attendant le moment opportun pour vous tomber dessus. J’ai ressenti une tension terrible durant ma lecture, j’ai eu quelques frayeurs aussi… L’auteur joue habilement avec ses lecteurs, il les emmène la où il veut et c’est lui qui dicte les règles.
A grand renfort de chapitres courts qui se succèdent à la vitesse d’un éclair, les petits rebondissements s’enchaînent sans pour autant perdre en cohérence ou verser dans la surenchère. C’est justement dosé, ça permet de te tenir en haleine durant les longues heures de lecture de ce petit pavé et quand arrive la dernière page, tu trouves finalement que c’était trop court. Et si vous pensiez avoir eu assez de shoots d’adrénaline durant votre lecture, attendez donc le rebondissement final qui vous explosera en pleine schness, vous laissant bouche ouverte et médusé devant votre bouquin, en vous demandant ce que vous avez pu louper pour ne pas avoir eu l’ombre d’un soupçon concernant l’identité de celui qui se cache derrière « le chien ». Toutes mes certitudes, toutes mes hypothèses ont été balayées. Bravo Mr Bauwen !
Le mot de la fin
Je termine cette série avec une vague à l’âme à l’idée de quitter des personnages si forts, que j’ai pris tant de plaisir à suivre à travers tout ce qu’ils ont vécu dans les trois tomes de la série. Outre le côté polar, la force de cette série est la formidable capacité de l’auteur à donner à ses personnages un côté très humain, très attachant aussi. J’ai l’impression aujourd’hui de devoir me séparer d’une bande de potes.
Une lecture de presque 500 pages en apnée, ça se lit tout seul, et j’ai passé un excellent moment de lecture !