
Les polars islandais sont parmi ceux que je préfère lire et je ne cesse de chercher de nouveaux auteurs de polars publiés en France.
Yrsa Sigurdardottir est une auteure majeure du polar islandais et elle est une incontournable pour tout lecteur de polar nordique qui se respecte.
J’ai déjà lu et chronique deux de ses ouvrages : le premier, Bien mal acquis, alors que je n’avais pas encore de blog, le second Succion l’an dernier que j’avais vachement aimé.
Je vous parle aujourd’hui d’Absolution, d’Yrsa Sigurdardottir, publié il y a quelques semaines chez Acte Noir/Acte Sud.
L’histoire (4ème de couverture)
C’est par des vidéos transmises sur Snapchat à tous les contacts de la victime que la police islandaise est avertie d’un crime. On y voit la jeune Stella, terrifiée, demander pardon avant sa mise à mort. Quelques jours plus tard, près du corps, un papier sur lequel est seulement écrit le chiffre « 2 » sera retrouvé.
L’inspecteur Huldar est chargé de l’enquête, et la psychologue pour enfants, Freyja, doit l’aider à mener les interrogatoires des amies de l’adolescente. Très vite, tous deux comprennent que Stella était loin d’être l’ange que beaucoup décrivent. Mais qui aurait pu en vouloir à une lycéenne au point de la tuer ?
Peu après, un jeune homme est enlevé chez lui, en l’absence de ses parents. Là encore une feuille est découverte sur les lieux de la disparition : y est inscrit le chiffre « 3 ». Jusqu’où la série se poursuivra-t-elle ? Et qu’en est-il de la victime numéro 1 ?
Dans cette nouvelle enquête haletante, Yrsa Sigurðardóttir met en lumière un drame terriblement actuel, qui touche tous les pays, tous les pans de la société et toutes les classes, celui du harcèlement en milieu scolaire et, plus difficile à endiguer encore, sur les réseaux sociaux.
« Put your hands up and reach for the sky, cry for absolution. You will be down on your knees and you will cry, cry for absolution » Absolution – Ghost
L’auteure s’attaque à un problème de taille, véritable fléau du monde contemporain, de la société et aggravé par les réseaux sociaux, celui du harcèlement scolaire. Les médias se font depuis plusieurs années les porte-paroles de ces violences physiques ou psychologiques qui touchent certains enfants, et l’Islande n’est visiblement pas épargnée pas le phénomène. Si vous pensiez que les enfants et adolescents étaient moins féroces entre eux que les adultes, attendez de lire cet ouvrage !
Vraie plongée dans les univers de l’adolescence et d’une enquête de police, l’auteure a su jouer habilement avec le suspense sans en négliger pour autant un aspect psychologique très important. Sans jamais tomber dans le pathos, elle a réussi à réaliser un traitement particulièrement humain des victimes, qui ne sont pas toujours celles que l’on voit au premier abord… Ce roman est poignant, dans le sens où l’auteure nous confronte à la vie de certains de ces enfants victimes de l’acharnement des autres, et je pense que quiconque a été un jour scolarisé a en tête le pauvre élève qui s’en prenait plein la tronche par les autres à longueur de temps, sans que ni les parents, ni le corps enseignant ne puisse faire quoi que ce soit pour calmer ça. Les dégâts occasionnés sur le mental de ces élèves sont considérables, et parfois irrémédiables. Ils marquent durablement et au fer rouge la personne qui le subit, et c’est ce que l’auteure a voulu mettre en avant ici.
L’enquête passe souvent au second plan et traîne parfois en longueur, l’accent est surtout mis sur l’analyse qui est faite des victimes, de leur famille, et du harcèlement en lui-même. ça ne m’a pas forcément posé un problème car l’auteure ponctue malgré tout son récit par des immersions aux côtés des enquêteurs, redonnant à chaque fois un petit coup de fouet au récit histoire de ne pas nous perdre au passage. Et quand je parle de victimes, je parle de celles qui subissent la méchanceté de leurs camarades, mais également des adolescents disparus qui se font malmener par la rage de leur bourreau. C’est assez rare de trouver des scènes de violence comme ça chez les auteurs islandais, il y a une certaine pudeur chez eux à ne pas faire couler trop de sang ou trop choquer leur lectorat. C’est en partie ça qui différencie Yrsa de ses homologues. Loin d’un certain classicisme qui régente le polar islandais, Yrsa Sigurdardottir écrit des ouvrages résolument modernes, laissant de côté les descriptions de paysage ou climatiques pour se concentrer sur son sujet.
Le mot de la fin
C’est un ouvrage poignant et bouleversant que nous propose Yrsa Sigurdardottir et qui pose des questions autour de la violence, des réseaux sociaux.
Il est aussi question de la vengeance, irrationnelle et incontrôlable, qui se réveille et explose une fois que l’humain n’est plus capable d’absorber la souffrance.
Je recommande !