Editions Rivages Noir, Polar américain

Un tueur sur la route – James Ellroy

Anaïs, 33 ans, 8 années consécutives de lectures 100% polar, vient tout juste de lire son premier Ellroy.

Présenté comme l’auteur de polar américain absolument incontournable « t’as raté ta vie de lecteur si t’as pas lu au moins un seul Ellroy », il semblerait que ses ouvrages parus dans les années 80 et 90 soient plus adaptés à mes goûts littéraires, car selon les connaisseurs ses derniers opus sont beaucoup plus tournés vers l’univers politique et ça, ce n’est pas pour moi.

J’ai jeté mon dévolu sur Un tueur sur la route, sur les recommandations le harcèlement #MeToo du Youtubeur Il en pense quoi Nico. Alors, verdict ? C’est juste après la quatrième de couverture !

Je vous parle aujourd’hui d’Un tueur sur la route, de James Ellroy, publié chez Rivages Noir.

L’histoire (4ème de couverture)

Il existe une dynamique dans la mise en œuvre de l’horreur : servez-la garnie d’hyperboles fleuries, et la distance s’installe même si la terreur est présente, puis branchez tous les feux du cliché littéral ou figuratif, et vous ferez naître un sentiment de gratitude parce que le cauchemar prendra fin, un cauchemar au premier abord trop horrible pour être vrai. Je n’obéirai pas à cette dynamique. Je ne vous laisserai pas me prendre en pitié. Charles Manson, qui déblatère dans sa cellule mérite, lui, la pitié ; Ted Bundy, qui proteste de son innocence pour que les femmes solitaires lui écrivent, mérite le mépris. Je mérite crainte et respect pour être demeuré inviolé jusqu’au bout du voyage que je vais décrire, et puisque la force de mon cauchemar interdit qu’il prenne fin un jour, vous me les offrirez. Ainsi parle Martin Michael Plunkett, âgé de 35 ans, coupable de plusieurs dizaines de meurtres sexuels couvrant tout le territoire des Etats-Unis sur une période de dix années. Avec un tueur sur la route, James Ellroy s’est attaché à faire le portrait, de l’intérieur , d’un serial killer .

Une lecture par moment en dents de scie

Alors, oui j’ai aimé ce bouquin, mais non ma lecture n’a pas été linéaire, ça s’est plutôt apparenté à une lecture en dents de scie.

J’entends d’ici Il en pense quoi Nico me hurler : « Nan mais attends Anaïs, faut remettre ce bouquin dans son contexte… » Oui oui oui je sais Nico, pas la peine de t’étrangler, Ellroy est un peu la base du polar US contemporain, et je ne peux pas analyser ce bouquin comme j’analyserai un bouquin paru récemment… Mais quand même, il faut le dire, si par moment je n’ai pas réussi à lâcher mon bouquin, d’autres moments m’ont paru quand même bien longs, notamment dans le dernier tiers où j’ai commencé à m’essouffler un peu.

Néanmoins et malgré cette petite critique au niveau du rythme, j’ai été absolument subjuguée par l’écriture de l’auteur, même quand il ne se passe… Rien !

Je pense que ce ressenti est dû au fait que depuis des années, je lis des ouvrages à peu près tous calibrés de la même manière, bâtis sur le même type de schéma narratif (parce que ça fonctionne, parce que ça fait vendre, parce que ça ne sort pas trop le lecteur de sa zone de confort, parce que la plupart des éditeurs ne veulent pas prendre de gros risques…) et que maintenant que j’ai décidé d’ouvrir mes shakras à d’autres horizons littéraires, il me faut un certain temps d’adaptation. C’est comme une diversification alimentaire, tu ne vas pas donner à un bébé un morceau de côte de bœuf juste après qu’il ait pris le sein, tu y vas progressivement le temps qu’il s’adapte. Eh bien pour moi… C’est pareil ! Allons-y mollo, mais allons de l’avant !

Passons au positif !

A travers la voix de son personnage principal à qui il confie la narration, l’auteur nous plonge dans la tête d’un tueur en série, malade mental et sexuel, dérangé depuis sa plus tendre enfance. Quand certains jouent à chat perché ou partent pêcher dans la nature, lui vit dans son monde, son cinéma à lui comme il l’appelle, un univers qu’il s’est créé et qui l’aide non seulement à avancer dans sa vie cabossée d’enfant pas né sous les bonnes étoiles, mais surtout qui développent ce Mal profond qui s’empare de lui, le submerge, et le pousse au crime. Vous le suivrez à travers son parcours meurtrier, en espérant ne jamais croiser sa route. Sur son chemin il y aura des rencontres, certaines plus importantes que d’autres, certaines plus dramatiques aussi et qui contribueront à le faire monter en puissance dans ses crimes. Torturé, violent, égocentrique et incapable de gérer cet orage qui gronde en lui, il est une personnalité complexe, il n’y a que son aura qui transpire à travers les pages, tous les autres personnages ne serviront qu’à servir l’intrigue dont il s’est emparée et dont il est le centre de toutes les attentions. Ce personnage de tueur en série va nécessiter une attention de tous les instants dans votre lecture, sa vie réelle se confondant parfois avec la vie qu’il a créée dans sa tête, il sera parfois difficile de vous y retrouver.

Je n’ai pas forcé trouvé le roman d’une extrême violence, je n’ai pas été profondément choquée par les scènes difficiles (attention, chaque lecteur a sa propre sensibilité et je ne suis pas forcément une référence en la matière). Par contre, c’est un roman qui m’a mise mal à l’aise à de nombreuses reprises, parce que ça baigne dans une atmosphère sombre et poisseuse. Je préfère ressentir ça plutôt que du dégoût face à une scène gore sans grand intérêt, c’est plus profond, ça marque plus d’ailleurs.

Le mot de la fin

Il y a quelque chose de terriblement accrocheur dans son écriture, une noirceur profonde qu’il tente ni de cacher ou d’atténuer. Et pourtant pas de chichis, pas de superflus, pas d’effets de style grandiloquent, juste la réalité telle qu’elle est.

Le travail d’Ellroy sur la psychologie du serial killer est extraordinaire, et si tu veux du vrai bon roman noir autour du thème des serial killers, jette ton Bourgoin et fonce sur Ellroy ! (oops !)

Pas un coup de cœur comme Lehane, mais l’envie de continuer un peu avec lui malgré tout. Mon prochain de lui sera certainement Le Dahlia noir.

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