J’ai découvert Sébastien Didier assez récemment, j’ai lu son premier roman Je ne t’oublie pas en mai dernier et il avait été une très belle découverte, assez pour me donner envie de faire passer son p’tit deuxième avant tout le monde histoire de voir comment l’auteur allait réussir à gérer le très casse-gueule exercice de publier un second roman.
Alors, verdict ? Juste après la quatrième de couv’ ! (c’te suspense !!!)
Je vous parle aujourd’hui du dernier roman de Sébastien Didier, Les yeux bleus, paru chez Hugo Poche.
L’histoire (4ème de couverture)
1986. Une famille est assassinée dans sa villa près de Saint-Paul-de-Vence. Le père, la mère
et leurs jumeaux d’à peine deux ans. Un crime monstrueux qui demeurera impuni.
2018. Anthony Delcourt sait que la vie de son fils ne tient plus qu’à un fil. Le petit Maxime a été enlevé en plein jour, dans le jardin de la demeure familiale à Nice. Chaque minute qui passe réduit les chances de le retrouver sain et sauf.
Emballement médiatique, services de police et de gendarmerie en ébullition, l’affaire prend rapidement une dimension exceptionnelle. Car l’enfant n’est pas n’importe qui. Il est le petit-fils du millionnaire Claude Cerutti, homme d’affaires à la réputation
sulfureuse et puissante figure locale. Celui-ci en est persuadé : à travers cet enlèvement,
c’est lui que l’on cherche à atteindre.
Lui, son nom, sa famille. Et ses secrets.
On prend les mêmes ingrédients, et on recommence… Mais en mieux !
Imaginez un grand puzzle de mille pièces. Vous ouvrez la boîte, vous vous retrouvez face à toutes ces petites pièces que vous devrez assembler patiemment, jusqu’à la dernière, afin de former un tout. Eh bien dans Les yeux bleus, c’est pareil ! Chaque pièce est un indice, un personnage, un rebondissement. Il faudra être attentif à tout ce que vous lirez, y compris aux dates, pour essayer de démêler les nœuds de cette intrigue aux multiples ramifications, et à l’instant où j’ai tourné la dernière page, je me suis dit « Chapeau l’auteur ! ».
Comme dans son premier ouvrage, Sébastien Didier situe son intrigue dans ce sud qu’il connaît bien, au sein d’une famille riche qui règne sur le secteur de Nice depuis des décennies. Puissants, inébranlables, leur équilibre va pourtant voler en éclat lorsque le petit fils du puissant homme d’affaire Claude Cerrutti va être enlevé alors qu’il jouait dans le jardin de la villa familiale. L’enlèvement a lieu dès les premières pages du roman, l’intrigue se met en place immédiatement, et c’est à travers les yeux du père du gamin que nous allons vivre en partie cette histoire, l’auteur ayant en effet choisi de lui donner la parole dans des chapitres écrits à la première personne. Ça a pour effet immédiat de nous immerger en plein cœur de ce drame et de créer un lien solide entre cette famille désemparée et les lecteurs. On angoisse pour le gamin, on compatit pour les parents, mais on se dit aussi qu’il y a forcément quelqu’un dans leur entourage qui trempe dans cette affaire d’enlèvement. L’argent éveille tous les instincts, et rares sont ceux qui ont fait fortune sans devoir à un moment se salir les mains.
A vrai dire je craignais un peu, à la lecture de la quatrième de couverture, que l’intrigue soit trop similaire à son premier ouvrage. Même milieu, même secteur, l’auteur a néanmoins réussi à s’affranchir de son premier roman pour créer quelque chose de très élaboré, en allant fouiller bien au fond des magouilles qui gangrènent le milieu niçois où l’argent est roi et où on ne compte pas ses sous à la fin du mois. Et pourtant je ressors de ma lecture avec le sentiment que ce roman est encore plus abouti que le premier. L’écriture se veut plus franche, plus travaillée en profondeur, et l’intrigue est d’une complexité incroyable quand on y réfléchit : multiples personnages, alternance d’éléments du passé et du présent, chaque personnage et chaque événement ont leur raison d’être, l’auteur ne laisse rien au hasard, il verrouille tout ce qui doit l’être et il lève le voile sur chaque zone d’ombre sans en négliger aucune. Les révélations me sont arrivées en pleine tronche dans les cent dernières pages, me laissant bouche ouverte de stupeur comme un mérou sur l’étale de votre poissonnier (ouais je sais, c’est charmant !). Tout s’enchaîne pourtant de manière très naturelle et sans anicroche, pas de chichi, pas de temps mort ni de passages inutiles dans cet ouvrage de taille plus qu’honorable, c’est 550 pages d’actions, de révélations, de rebondissements, et mon intérêt n’est jamais retombé durant ma lecture.
Vous le savez, j’adore les thrillers qui se passent dans le cercle familial. La famille est au centre de tout et elle est une source inépuisable d’inspiration pour les auteurs : la famille qu’on bâtit, celle qu’on protège, celle à qui on cache aussi, histoire de maintenir cet équilibre précaire sans le faire vaciller. Il y aura des secrets dévoilés, une certaine résonance des actes du passé dans un présent bien réel, éclaboussant sur son passage tout ceux qui gravitent autour, de près ou de loin… Les secrets les plus enfouis sont ceux qui font le plus de dégâts lorsqu’ils explosent au grand jour… Pour notre plus grande joie de lecteur !
Le mot de la fin
Il y a quelque chose de très américain dans les intrigues et l’écriture de l’auteur. Quelque chose d’assez cinématographique aussi, ça tient sans doute du fait que l’auteur décrit l’environnement des personnages de manière assez poussée. Les émotions, l’ambiance, l’angoisse sont palpables, ajoutant un cran supplémentaire à l’urgence de vouloir le finir vite. ça se lit tout seul, d’une traite, et je le recommande, d’autant plus qu’il est paru en format poche donc à un prix tout doux et facile à embarquer dans le sac des vacances !