Editions Acte Sud, Polar/thriller nordique

L’épidémie – Asa Ericsdotter

Je sais, avec un titre comme ça et après 3 mois à vivre jour et nuit avec le COVID dans tous les médias, tu n’as qu’une envie c’est de quitter rageusement cet article en te demandant bien ce qu’il passe par la tête la serial lectrice pour en remettre une couche au niveau épidémie. Mais ne te sauve pas, je te garantie qu’ici il ne sera ni question de pangolin ou autre animal exotique contaminé, ni de pandémie mondiale, ni même de confinement ou de vaccination ! Alors, de quoi parle cet étrange livre au titre pourtant si évocateur ?

Je t’explique tout ça juste après la quatrième de couverture !

Je vous parle aujourd’hui de L’épidémie, premier ouvrage de l’auteure suédoise Asa Ericsdotter, publié récemment chez Acte Sud.

L’histoire (4ème de couverture)

Le charismatique Premier ministre Johan Svärd n’a qu’un seul objectif en tête : faire de la Suède le pays le plus sain d’Europe. Et le plus mince. Sa promesse de campagne repose sur une idée précise. Il veut éradiquer l’obésité, considérée comme une maladie et une menace pour l’économie.

Les églises se transforment peu à peu en centres de sport, les régimes extrêmes et les opérations chirurgicales se multiplient, et tous ceux dont l’indice de masse corporelle dépasse un certain seuil sont licenciés et expulsés de leur logement. Mais, à l’approche des nouvelles élections, le chef du gouvernement perd patience. Les “porcs”, comme il les surnomme, restent encore trop nombreux et continuent de mettre en péril l’avenir de la nation. S’inspirant des pages les plus sombres de notre histoire, il décide alors de passer à la vitesse supérieure et de mettre son plan à exécution…

Landon Thomson-Jaeger, un jeune chercheur, comprend très vite le danger qui menace la population, mais lorsque sa voisine, Helena, disparaît subitement, il découvre que la situation est bien pire que ce qu’il pouvait imaginer.

L’Épidémie est le roman glaçant du basculement vers le totalitarisme, annoncé par le nuage noir du populisme qui assombrit le ciel de notre humanité.

Effrayant !

Il est arrivé chez moi au tout début du confinement, pile-poil alors que l’actualité se transformait en un gigantesque souk mondial à cause de la pandémie qui nous est tombée dessus en 2020, et même si je savais qu’il n’était pas question dans ce bouquin d’une quelconque épidémie ressemblant au COVID, je l’ai laissé de côté quelques temps parce que rien que le fait de voir le titre me poussait à l’enfouir bien au fond de ma PAL pour ne pas voir une énième fois le mot « épidémie » passer devant mes yeux (la meuf, hypocondriaque et globe-trotteuse confinée traumatisée t’sais)…

L’épidémie est une dystopie qui se déroule en Suède. Le gouvernement en place s’est fixé un but : mettre toute la Suède à la diète ! Et quand je parle de diète, je ne te parle pas d’un simple rééquilibrage alimentaire hein, je te parle d’un vrai régime, dur, dans le but que ce peuple nordique devienne le peuple le plus mince de la planète. Et pour ça, tous les moyens sont bons et la politique tyrannique mise en place par le gouvernement en place se montre de plus en plus féroce avec les personnes en surpoids ou obèses : taxes sur le sucre et le gras rendant difficilement accessible les produits qui en contiennent, églises transformées en gigantesques salles de sport, il faut suer, transpirer, souffrir, se priver pour être beau et pour réussir. Terminés les apéros sympas et alcoolisés avec les potes, terminée la petite brioche du dimanche matin et la soirée crêpes avec les enfants, vous mangerez des légumes, des édulcorants, du soja, juste assez pour ne pas mourir, vous ferez du sport plusieurs heures par jour, vous vous ferez poser des anneaux gastriques et subirez des chirurgies dès votre plus jeune âge afin de vous rendre toujours plus minces ! Si vous avez un tant soit peu de cellulite sur les fesses ou quelques kilos en trop, vous vous retrouverez non seulement la cible des moqueries et des méchancetés des gens qui eux, représentent la réussite du modèle mis en place, mais aussi vous aurez droit à un licenciement sans passer par la case Prud’hommes, on tentera de vous virer de votre logement et il vous sera impossible de trouver une autorité en mesure de vous aider car le leitmotiv général sera : « Soyez minces, sinon crevez !« . Il y aura bien quelques tentatives éparses de rébellion, mais rapidement étouffées dans l’œuf. Et plus nous allons avancer dans notre lecture, plus les méthodes employées par ce gouvernement totalitaire pour faire plier la population se révèlent absolument effroyables !

L’ouvrage est-il crédible ? Vu mon paragraphe précédent, je vous accorde que ce n’est pas l’impression que ça donne. Clairement, ça me m’a pas dérangé parce qu’à mon sens, une bonne dystopie se doit d’être assez ancrée dans le réel pour être crédible, mais avec une bonne dose de noirceur voire d’exagération pour te faire flipper. L’auteure met en lumière ici les dérives d’un gouvernement extrémiste, totalitaire, qui n’est pas sans nous rappeler certaines périodes parmi les plus noires de notre Histoire, comme celle de la Seconde Guerre Mondiale et du régime Nazi qui a ravagé des populations pendant ses années de règne. L’épidémie montre également l’aveuglement de toute une partie de la population pour le régime politique en place, incapable de réfléchir par elle-même ni de se dresser contre le pouvoir en place. Il faut faire partie des moutons, de la masse, car sinon tu ne vaux rien.

Loin de mon genre de lecture habituel, j’ai aimé ce bouquin parce qu’il pousse à son paroxysme la « grossophobie » qui gangrène notre société, et qui pourtant elle, est bien réelle, ainsi que l’apparence qui est maîtresse de tout, et surtout des jugements… Nous sommes un bon nombre à avoir des sujets d’inquiétude quant à notre poids, je suis le genre de personnes qui se sent coupable de manger une pizza parce que je sais que le lendemain ça va faire mal sur la balance et que, après avoir perdu du poids après une adolescence difficile, je n’ai aucune envie de le reprendre même si j’aime par-dessus tout bien manger et picoler et que je suis une bonne vivante épicurienne. A l’heure de la saison estivale et des magazines féminins qui mettent encore aujourd’hui en lumière 98% de femmes minces, voire maigres, vous trouverez une résonnance particulière à cette lecture, j’en suis certaine !

Le mot de la fin

L’épidémie est un roman du froid, et pourtant ici on est loin du classique thriller nordique qui prend son temps et qui met au centre de l’intrigue la nature et les éléments qui font que j’aime tant ce type de romans habituellement. Le rythme de l’intrigue diffère des thrillers nordiques dans le sens où il se passe sans cesse quelque chose ici, et que les moments plus calmes au niveau de l’intrigue le sont afin de nous plonger dans ce futur que nous n’aimerions pas voir arriver.

Un ouvrage qui peut aussi bien convenir aux lecteurs de thrillers/polar qu’aux amateurs de littérature blanche.

Une surprenante découverte !

4 réflexions au sujet de “L’épidémie – Asa Ericsdotter”

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