Qaanaaq, premier ouvrage publié de la série éponyme il y a deux ans… Un auteur totalement inconnu pour moi, une lecture en 48h, un coup de foudre immense, et une série qui figure depuis parmi les préférées de toute ma vie de lectrice.
Il faut débarquer sur mes réseaux pour la première fois pour ne pas savoir à quel point je l’aime, cette série, et dire que ce troisième tome était attendu comme le messie est un euphémisme. On va jouer franc jeu direct, je l’ai découvert en février dernier parce que nous avons réalisé une interview ensemble avec l’auteur à la demande des éditions La Martinière (on en parle dans mon prochain article qui sera publié demain), mais j’ai voulu attendre de recevoir la version définitive pour le chroniquer car il y a eu des modifications entre ma première et ma seconde lecture.
Avant de passer à la chronique, je vous rappelle les précédentes, histoires de vous remettre dans le bain et d’y voir plus clair dans la bibliographie de l’auteur :
Et je vous invite également à aller lire la série d’articles de La quinzaine groenlandaise, que nous avons réalisée ensemble avec l’auteur en novembre dernier lors de son voyage au pays des ours polaires (avec, en prime, de belles photos qui devraient vous rappeler des lieux visités lors de vos lectures des trois ouvrages de l’auteur).
Je vous parle aujourd’hui du troisième roman de Mo Malø, Nuuk, publié fin mai chez La Martinière.
L’histoire (4ème de couverture)
Saluée par de nombreux festivals et prix littéraires, traduite dans plusieurs langues, la série des enquêtes de Qaanaaq Adriensen fascine et surprend. Une poursuite hallucinante contre le mal et contre soi-même.
Dans les villages du Groenland, une étrange épidémie de suicides touche les jeunes gens. La misère sociale et la rudesse climatique n’expliquent pas tout.
Après un long passage à vide, la hiérarchie de Qaanaaq Adriensen l’a autorisé à reprendre son poste de chef de la police de Nuuk, la capitale du pays. Mais sous deux conditions : être suivi par une thérapeute et renoncer aux expéditions sanglantes qui ont fait sa réputation. Hélas, ses démons le reprennent vite, au grand dam de son adjoint inuit, Apputiku Kalakek.
Qaanaaq découvre que les différentes morts sont liées par les traces du passage d’un mystérieux chamane chez plusieurs victimes. Et partout où se rend le policier, lui sont livrées, colis après colis, les pièces d’un puzzle macabre. Paranoïaque, disent-ils ? Qaanaaq veut prouver à tous que ses failles n’ont pas atteint ce qu’il a de meilleur en lui : son instinct de chasseur.
Rififi au Groenland !
Une série littéraire, ça s’inscrit dans la durée, et à partir du moment où elle trouve son public, la fébrilité qui agite son lectorat est telle que chaque rendez-vous est inscrit en gros, en rouge, dans l’agenda. Inutile pour ma part de l’inscrire quelque part, il faudrait que je sois Alzheimer pour oublier la date de parution du nouveau tome de cette série, même quand celle-ci se trouve modifiée pour cause de « COVID ».
Dans ce troisième tome, on retrouve Qaanaaq Andriensen là où nous l’avions laissé en refermant Diskø il y a un an. Nouveau meurtre, nouvelle enquête toujours aux côtés de son acolyte Appu évidemment, et pourtant aucune routine ne s’installe au fil des années car Mo Malø innove à chaque fois, en allant chercher plus loin que la simple intrigue policière pour nous offrir un roman d’une richesse incroyable (si tant est que vos shakras soient un minimum ouverts et que l’envie vous prenne de découvrir l’environnement dans lequel évoluent les personnages).
Dans mon cœur de globe-trotteuse et dans l’imaginaire collectif, le Groenland est une terre éloignée, rude certes, mais où les gens vivent paisiblement et en communion entre eux, avec la nature et les éléments pourtant hostiles. L’auteur balaye d’un revers de la main cette image d’Épinal en abordant, à travers les différents tomes de la série, les fragilités d’un pays éloigné de tout et d’une société gangrenée par des problèmes tels que l’alcoolisme, les violences, les jeunes désœuvrés, un taux de suicide élevé ou encore un mal-être de la population, et tiraillée entre la préservation de ses traditions séculaires et son besoin de se renouveler et d’évoluer. Les légendes, les traditions ancestrales, sont mises en avant dans Nuuk, et c’est cet aspect qui a suscité un grand intérêt chez moi parce que quand je m’intéresse à un pays et que je plonge dans un roman, je suis toujours curieuse de découvrir ce qui fait le folklore local.
Bon, panique pas hein mon cher lecteur, Nuuk est bien un thriller, un vrai qui dépote ! L’enquête touchera cette fois Qaanaaq de près, car non seulement il devra mener ses investigations, mais il sera en plus cette fois « l’heureux destinateur » d’une série de colis macabres semés par un meurtrier à la manière du Petit Poucet à travers le Groenland. Plus torturé que jamais pas son passé et par les conséquences de certains de ses actes, il devra parcourir le pays touché comme chaque hiver par la nuit polaire, nuit qui d’ailleurs s’inscrit un peu comme un personnage immatériel dans cet ouvrage, tant elle fait écho à la noirceur de l’âme du policier. Alors que sa vie personnelle semble enfin posée et au beau fixe (mariage, bébé et tout le packaging du mec devrait être heureux), il traîne une certaine langueur et un côté un chouia déprimé qui me plaît beaucoup parce que je trouve sa fragilité touchante et très humaine. Humaine, comme la manière dont l’auteur a le secret pour traiter ses intrigues, et ses personnahes auxquels je le sens vraiment très attaché.
Le mot de la fin
Ce n’est donc pas encore cette fois que le rendez-vous sera manqué entre Mo Malo et moi-même… Mon cher Mo, tu ferais une malheureuse si l’envie te prenait d’arrêter un jour cette série, et j’espère suivre les aventures de mon Qaanaaq le plus longtemps possible (genre jusqu’à ta mort 😀 )
Si vous avez aimé Qaanaaq et Disko, vous aimerez également Nuuk.
Dépaysement et frissons garantis pour un moment de lecture intense.
Si vous n’avez pas lu les deux précédents, je pense que Nuuk pourrait se lire de manière indépendante mais ça serait dommage, d’autant plus que les deux premiers tomes sont parus en format poche chez Points.