J’ai mis quelques temps avant de me décider de découvrir le p’tit dernier de Barbara Abel, auteure que j’adore pourtant (voir ici et ici), mais la quatrième de couverture n’était pas sans me rappeler un livre qui m’a vraiment, mais alors vraiment traumatisée l’an dernier, Il était une fois mon meurtre d’Emily Koch (et pourtant, tu sais qu’il m’en faut hein !).
L’histoire est ressemblante dans le sens où les deux intriguent s’articulent autour d’une personne plongée dans le coma depuis de longues années, et des familles/proches qui continuent de graviter autour de ce corps inerte, et pourtant bien vivant. Et puis à force de le voir patienter tranquillement dans ma PAL, je me suis décidée…
Alors verdict ?
Juste après la quatrième de couverture !Je vous parle aujourd’hui du dernier roman de l’auteure belge Barbara Abel, Et les vivants autour, paru récemment chez Belfond.
L’histoire (4ème de couverture)
Voilà quatre ans que l’ombre de Jeanne plane sur eux.
Comme s’ils n’avaient plus le droit de vivre pour de vrai tant qu’elle était morte pour de faux.
Cela fait quatre ans que la vie de la famille Mercier est en suspens. Quatre ans que l’existence de chacun ne tourne plus qu’autour du corps de Jeanne, vingt-neuf ans. Un corps allongé sur un lit d’hôpital, qui ne donne aucun signe de vie, mais qui est néanmoins bien vivant. Les médecins appellent cela un coma, un état d’éveil non répondant et préconisent, depuis plusieurs mois déjà, l’arrêt des soins. C’est pourquoi, lorsque le professeur Goossens convoque les parents et l’époux de Jeanne pour un entretien, tous redoutent ce qu’ils vont entendre. Ils sont pourtant bien loin d’imaginer ce qui les attend. L’impensable est arrivé. Le dilemme auquel ils sont confrontés est totalement insensé et la famille de Jeanne, en apparence si soudée, commence à se déchirer autour du corps de la jeune femme…
Après Je sais pas et Je t’aime, le nouveau thriller de Barbara Abel dissèque à la perfection la psychologie et les émotions en montagnes russes des personnages qui gravitent autour du corps de Jeanne, inerte et si présent à la fois.
Famille, je vous hais !
Je vous en parlais dans mon introduction, j’ai eu peur avant de commencer ce bouquin, et j’étais déjà prête mentalement à l’arrêter si je vivais aussi mal ma lecture que celle de l’an dernier. J’ai cependant été rapidement rassurée, Barbara Abel a choisi de situer son intrigue dans le cercle familial restreint de la jeune femme tombée dans le coma et non dans sa propre tête à elle et ainsi, je n’ai pas eu à « subir » ces résurgences d’angoisses profondes qui sommeillent en moi et que je ne tiens surtout pas à réveiller, celles de me retrouver prisonnière de mon corps sans pouvoir agir dessus, et pire encore celle de ma propre mort qui me terrifie complètement (mis à part ça j’vais très bien hein j’te rassure ! ).
Un banal accident de la route a plongé Jeanne, jeune trentenaire issue d’une bonne famille grâce à laquelle elle n’a jamais manqué de rien grâce à papa, patron d’une société qui tourne bien et accessoirement homme qui règne en maître aussi bien sur sa famille que sur ses salariés. A ses côtés, il y aura bien évidemment la mère de Jeanne, sa sœur, et son conjoint de longue date qui tentent tant bien que mal de continuer de vivre malgré la tragédie. Voilà pour la liste des principaux protagonistes, ni plus, ni moins. Nous rencontrerons quelques personnages qui graviteront autour d’eux, notamment le médecin du service dans lequel Jeanne végète, mais l’intrigue se déroulera principalement autour des membre de sa famille, et qui dit famille dit secrets, non-dits, vieilles rancœurs voire même sacré paquet d’emmerdes par moment !
L’auteure dresse le tableau de chacun des personnages de manière approfondie, c’est son truc ça, à Barbara Abel : nous plonger dans le quotidien banal de gens comme vous et moi, histoire de bien nous immerger, de bien nous impliquer aussi émotionnellement, pour nous permettre de nous identifier à eux afin que l’on ressente la puissance des émotions et des épreuves de ces personnages qu’elle se plaît à nous faire suivre dans leurs moments les plus intimes, en nous faisant entendre leurs pensées les plus profondes. Ah non, elle fait pas dans le feel good hein Barbara Abel, et c’est ça que j’aime chez elle ! Rien n’est simple, et l’auteure, comme à son habitude, au fil des pages et des révélations, gratte la couche superficielle de cette famille lisse et à priori bien sous tout rapport pour nous en montrer les failles et les défauts. Chacun a quelque chose à cacher, chacun est capable de montrer un autre visage que celui qu’il est réellement et c’est là-dessus que va se jouer tout le suspense de l’intrigue.
Derrière cette intrigue à mi-chemin entre thriller et roman noir, l’auteure aborde également le thème de la fin de vie, de l’arrêt des soins et de l’acharnement thérapeutique. Je suis depuis toujours profondément pour l’assistance à la fin de vie, et pourtant je me suis retrouvée avec le cœur broyé à la lecture de certains passages, parce qu’on ne réfléchit jamais à laisser quelqu’un qu’on aime partir tant qu’on a ne serait-ce qu’un infime espoir de le voir guérir. Et les problèmes commencent, au sein des familles, quand il y a des désaccords sur cette question. L’auteure traite ça avec humanité et avec une sensibilité toute particulière qui crève les pages.
Le mot de la fin
Rarement déçue de Barbara Abel, elle sait mettre le doigt où ça fait mal, c’est intelligent, bien construit, ça se lit tout seul, et je n’en ai fait qu’une bouchée en moins de 24h.
Je recommande !
Oui, ce roman te broie le cœur… très belle chronique sur un roman qui réveille des craintes partagées.
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