Ragnar Jonasson est dans mon trio de tête des auteurs islandais à suivre à tout prix. Je sèche à chaque chronique que je dois rédiger sur un de ses bouquins car je vous en ai tellement parlé depuis quatre ans, je vous ai tellement vanté cet auteur, que c’est compliqué pour moi de trouver de nouveaux arguments pour vous convaincre de le lire… (on va encore me dire que je suis too-much mais ma foi, je préfère un réel enthousiasme à un avis trop conventionnel, c’est pas mon truc).
L’île au secret est le second roman de la trilogie La dame de Reykjavik. Je vous avais bien évidemment parlé du premier tome éponyme il y a quelques mois, cette fois c’est une Hulda plus jeune que nous rencontrons, car l’action se situe en 1997. Pas de panique si vous n’avez pas lu le premier tome de la série, vous pouvez très bien lire celui-ci de manière indépendante, mais je vous conseille évidemment malgré tout de le lire car les deux ouvrages sont très, très différents.
Vous êtes nombreux à m’écrire pour me demander par quel ouvrage de cet auteur commencer, dans quel ordre les lire, donc j’en profite pour vous rappeler l’article que j’avais écrit sur sa bibliographie et donc je vous remets le lien ici. A noter que j’essaierai de penser à l’agrémenter à chaque nouvelle chronique.
Sixième publication en français de l’auteur islandais, je vous parle de L’île au secret, de Ragnar Jonasson, et publié aujourd’hui chez La Martinière noire.
Ah j’allais oublier, il a été traduit par ma copine l’affreuse sorcière Ombeline Marchon, plus grande vilaine dans le royaume des vilaines, et qui ne manquera pas de venir me défoncer la schness ici, sur Instagram, Facebook, par SMS, voire même tout ça à la fois, si je lui fais l’affront de positionner la moindre petite virgule de travers, ou le moindre petit S en trop à la fin d’un verbe conjugué, dans cet article =) (hashtag Grammar Nazie)
L’histoire (4ème de couverture)
Au large des côtes de l’Islande, l’île d’Ellidaey abrite la maison la plus isolée au monde. C’est sur cette terre sauvage que quatre amis ont choisi de fêter leurs retrouvailles. Mais, après la chute mortelle de l’un d’entre eux, la petite escapade tourne au drame.
L’inspectrice Hulda, quinze ans avant les événements survenus dans La Dame de Reykjavík, n’a qu’une ambition : découvrir la vérité. Pas du genre à compter ses heures, Hulda ne prendrait- elle pas l’affaire trop à cœur ? Elle n’a jamais connu son père et a toujours entretenu avec sa mère une relation en dents de scie. Une vie de famille tellement chaotique que son job semble la seule chose capable de la rattacher à la réalité… Mais sur l’île d’Ellidaey plane une atmosphère étouffante. Les fantômes du passé ressurgissent.
Par l’auteur de Snjór et des enquêtes de Siglufjördur
Un huis-clos insulaire
Prenez une île isolée, ajoutez-y quatre amis en week-end pour fêter leurs retrouvailles, saupoudrez le tout d’un soupçon de mystère (ou soupçon tout court d’ailleurs), enfin, jetez-y un cadavre – de préférence jetez-le d’une falaise, c’est mieux – et vous obtiendrez L’île au secret !
Pas de faux suspense, j’ai encore adoré ce roman de Ragnar Jonasson. Je vous entends d’ici me dire que je ne suis pas objective, parce que c’est cet auteur, parce que c’est islandais, mais je vous assure que ni mon amour pour le pays, ni mon attachement aux romans de cet auteur n’entrent en ligne de compte dans mon jugement, et que je suis tout à fait capable un jour de ne pas aimer un de ses romans (Que le dieu du polar me protège pour que ça ne m’arrive jamais ! ).
Ce second opus est assez différent de La dame de Reykjavik, que j’avais qualifié de roman de la déprime, tant il m’avait bouleversée et émue l’an dernier. Je ne vais pas en refaire ici la chronique, je vous laisse la relire si vous le souhaitez. Plus polar, encore plus orienté vers l’enquête policière, L’île au secret conviendra aussi bien aux amateurs de polars qu’aux amateurs de littérature blanche qui auraient envie de lire leur premier polar.
Ici, ce sont deux intrigues, à deux périodes différentes, qui vont à un moment donné se percuter pour n’en faire qu’une. D’un côté notre bande de quatre amis qui se retrouvent sur la charmante petite île d’Ellidaey, véritable bijou de verdure perdu dans les eaux tumultueuses islandaises, île que j’ai d’ailleurs eu la chance d’apercevoir en bateau lorsque je me suis rendue aux îles de Vestmann en 2016 (nan mais comme elle se la raconte celle-là !). De l’autre côté Hulda, que nous suivons dans sa carrière à la police de Reykjavik, tentant tant bien que mal de se faire une place dans un milieu alors encore très masculin.Hulda, c’est un personnage qui me fend le cœur, vraiment… Déjà parce que je me retrouve beaucoup en elle, dans les drames qu’elle a pu traverser, dans son besoin de solitude, dans son amour pour la randonnée dans la nature islandaise ou encore dans cet état d’esprit si noir qui l’habite, et ensuite parce qu’il faut avouer que l’auteur n’a vraiment pas ménagé ce personnage, l’enveloppant d’une aura sombre, ne lui épargnant par grand-chose des drames qu’il est possible de traverser dans une vie. Plus que le personnage en lui-même, c’est aussi la manière de l’écrire, de raconter son parcours qui me flingue complètement le cœur et les émotions. J’ai beaucoup réfléchi pour vous expliquer de manière concrète ce qui fait que je me sens aussi chagrinée en lisant les romans de cette trilogie mais je n’arrive pas à l’expliquer clairement. C’est un sentiment profond qui naît en moi, l’écriture résonne de manière parfois poétique, elle me touche énormément, c’est comme si elle entrait en moi pour s’accrocher à chacune de mes cellules, en réveillant des émotions que je m’efforce d’enfouir parce qu’elles sont trop difficiles à gérer une fois qu’elles ressortent. Mais te sauve pas mon cher lecteur, car derrière cet aspect-là, il y a un vrai polar ! Bon, tu le sais que dans les polars nordiques, tu ne trouveras pas de scènes de tortures, pas d’hectolitres de sang ni de tripailles en décomposition à l’air… Tu n’assisteras même pas aux autopsies, je suis désolée mais tu vas devoir t’y faire et comprendre qu’il y a une certaine pudeur chez les islandais, mais malgré tout, tu peux lire un vrai et bon polar sans trop de violence. Oui je sais, toi t’aimes l’extrême, moi aussi je te rassure, mais il faut ouvrir tes chakras pour capter ce qui fait l’essence même du polar islandais, c’est-à-dire l’atmosphère incroyable qui s’en dégage.
Le mot de la fin
L’auteur prouve à nouveau qu’il est à l’aise aussi bien dans le polar que dans le roman noir, et qu’il est capable d’écrire un ouvrage adapté aussi bien aux lecteurs de littérature noire que de littérature blanche.
Je vais vous avouer une chose, ça m’écorche les doigts de l’écrire mais j’ai eu le plus grand mal à enchaîner avec le dernier Indridason une fois L’île au secret terminé, parce que Ragnar Jonasson a un truc en plus de son homologue islandais, c’est qu’il a pris le meilleur du polar nordique, pour l’adapter à quelque chose de plus contemporain, et que le mélange des deux donne naissance à de véritables bijoux de la littérature islandaise.
Bref, coup de cœur ou coup de foudre je n’en sais rien, je laisse un peu retomber l’excitation de lecture, mais pas de doute qu’il finira encore dans mon best of annuel.
Et maintenant, je déprime !
Toujours pas lu cet auteur ! Pas taper 😉
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Bien sûr que non que je ne vais pas te taper ! Juste t’attacher à un bûcher et y mettre le feu ah ah ahhhhhhhhh (rire de sorcière) 😀 Je plaisante ! =)
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