Est-il nécessaire de vous le présenter ?
Non. Car c’est quand même le 6ème roman de Ragnar Jónasson dont je vous parle, et je ne ménage pas mes efforts sur mes réseaux sociaux depuis qu’il a débarqué en grande pompe en France il y a trois ans avec Snjór pour vous le faire découvrir et lire.
Vík est la seconde parution de l’auteur islandais en 2019 en France. Il est également le cinquième opus traduit de la série « Une enquête à Siglufjördur » et c’est une joie IMMENSE de retrouver le personnage d’Ari Thór !
Cette lecture est commune avec mon Monsieur Serial Lecteur, mais nous n’avons pas le même rythme de lecture et je n’ai pas envie d’attendre mi-décembre pour vous en parler. Donc je partagerai son avis le mois prochain, car je prévois une semaine assez spéciale sur mon blog. Rendez-vous dans un mois pile ici pour savoir de quoi il s’agit !
Masi d’abord, je vous parle aujourd’hui de Vík, de Ragnar Jónasson, publié chez La Martinière et traduit par mon incontournable vilaine sorcière (bien aimée) Ombeline Marchon.
P.S : t’as vu Marie, j’ai même fait l’effort de mettre les bonnes lettres avec les bons accents dans son nom et dans le titre cette fois =)
L’histoire (4ème de couverture)
Quand les Dix petits nègres rencontrent le meilleur du polar islandais.
Des années ont passé avant qu’Ásta ne se décide à remettre les pieds à Kálfshamarsvík, à l’extrême nord de l’Islande. Là-bas, c’est comme si le temps avait tout figé : le phare, la maison qui surplombe la baie (vík, en islandais), ses rares habitants. Et le retour de la jeune femme n’est pas perçu d’un bon œil.
Quand, quelques jours avant Noël, le corps d’Ásta est retrouvé au pied de la falaise, l’inspecteur Ari Thór est dépêché sur les lieux. Dans cette contrée perdue, l’étau se resserre inévitablement sur une poignée de suspects. Mais la vérité est peut-être à aller chercher autre part, dans un passé aux résonances morbides, refoulé depuis près de vingt-cinq ans …
Lesa það !
Bon Ragnar, faut qu’on cause toi et moi. Ça va pas du tout ça, d’avoir délocalisé ton intrigue de Siglufjördur au secteur de Blonduos, un peu plus à l’ouest ! Tu t’arrangeras avec mon Monsieur Serial Lecteur quand il viendra t’engueuler parce qu’à cause de toi, j’ai prévu un quatrième voyage en Islande alors qu’il m’a dit « faut qu’tu tournes la page chérie, le monde est trop vaste pour qu’on aille une quatrième fois là-bas ».
Trêve de plaisanterie, j’avoue que ça m’a fait bizarre de ne plus me retrouver à Siglufjördur car finalement, j’avais mes habitudes moi là-bas, après avoir lu les quatre premiers romans de la série, et après avoir regardé un nombre incalculable de fois mes photos prises sur place en 2016. Et puis finalement, c’est bien de délocaliser parfois son intrigue d’autant plus que si l’auteur nous avait habitué à des huis-clos à l’échelle d’une petite ville, cette fois il va encore plus loin dans ce procédé qu’il maîtrise si bien, en plaçant une toute petite poignée de personnages dans un bled paumé composé de seulement quelques âmes, et en semant la zizanie en y ajoutant une mort suspecte !
Kálfshamarsvik, c’est un phare, beaucoup de chevaux et quelques fermes partiellement habitées par des habitants qui sont nés là et qui n’ont sans doute pas vu grand chose d’autre de leur vie que ces paysages qui les entourent… Leur tranquillité va être troublée, à quelques heures du Réveillon de Noël, par la mort d’une femme originaire de Kálfshamarsvik, exilée dans la capitale Reykjavik depuis longtemps, mais qui a décidé de faire un retour aux sources à la surprise des habitants restés sur place. Simple accident, suicide, ou meurtre ? vous ferez la rencontre de quelques personnages seulement, et comprendrez rapidement que le coupable est sans doute l’un d’entre eux. Et là, tintintin ! Ari Thór qui débarque accompagné de son collègue Tomas pour faire la lumière sur le mystère ! Le huis-clos s’installe alors très rapidement, me faisant oublier la trentaine de pages du début un chouia trop calmes pour moi et qui ont réussi à provoquer des sueurs froides parce que j’ai cru, l’espace d’un horrible instant d’égarement moral, que cette fois ça n’allait peut-être pas autant le faire entre Vik et moi qu’avec les autres ouvrages de la série. Mais l’auteur est plein de ressources, et j’ai eu tort de douter.
Pour éviter de spoiler quoi que ce soit de l’intrigue et des précédents romans de la série, je ne vous dirai rien en ce qui concerne l’évolution de la vie d’Ari Thór. Il est un personnage au réalisme exacerbé, pas forcément hyper développé sur le plan psychologique mais on n’est pas dans ce genre de polar où le personnage central est une sorte de super héros autour duquel tout et tout le monde tourne. On est plutôt et comme habituellement avec Ragnar Jónasson, dans un roman d’ambiance comme seuls les auteurs islandais, les vrais, peuvent le faire (part en sifflotant en vous invitant à lire sa dernière chronique méchante). L’évocation des paysages, des traditions de Noël ainsi que la rudesse de l’hiver apportent ici quelque chose de palpable, de dramatique à l’intrigue. Une enquête pour meurtre, ce n’est jamais l’éclate me direz-vous, mais quand en plus elle a lieu en plein hiver dans un coin reculé de l’Islande, avec pour seuls voisins un phare un peu glauque en bord de mer, le vent qui souffle inlassablement et les falaises qui se jettent dans l’océan, ça donne un petit quelque chose en plus.
On retrouve à nouveau toujours les thèmes chers aux auteurs islandais : la manne financière provenant du tourisme, de brèves évocations de la crise qui a manqué de ruiner le pays, le tout abordé de manière assez forte pour nous immerger dans cette culture, mais assez discrètement pour ne pas avoir l’impression de lire un essai sur la société islandaise ou un guide touristique (part à nouveau en sifflotant en vous invitant à lire sa dernière chronique méchante) .
Autre thème cher aux auteurs islandais que Ragnar affectionne particulièrement, le passé. Ah ça, tu lis pas un polar islandais digne de ce nom si tu n’as pas une histoire de secret familial enfouie bien profondément dans un champ de lave depuis plusieurs décennies ! Et moi les secrets bien gardés qui resurgissent, ça émoustille mon p’tit coeur de lectrice parce que quand ça ressort, ça aura forcément mariné bien longtemps et les dégâts n’en seront que plus colossaux ! Badaboum !
Le mot de la fin
Ce n’est pas encore aujourd’hui que je serais déçue par cet auteur. Il s’est clairement imposé comme l’un de mes chouchous en l’espace de trois ans.
Une lecture idéale pour une soirée d’hiver au coin du feu.
Et maintenant, j’attends le prochain !