Editions Bragelonne

Sång – Johana Gustawsson

Johana Gustawsson, c’est cette p’tite nana qui s’est imposée en moins de 5 ans comme une figure incontournable du thriller français, et qui voit ses romans traduits dans 20 pays.

Johana Gustawsson, c’est ce p’tit bout de femme qui porte un nom suédois, vit en Angleterre, cause français avec un accent chantant du sud, et qui écrit des thrillers qui portent tous un titre énigmatique composé d’un seul mot en suédois, parfois même avec une lettre trop compliquée à faire avec ton clavier AZERTY. Tu vois un peu l’bordel ami lecteur ? =)

Elle revient aujourd’hui, accompagnée de son héroïne Emily Roy, avec un troisième opus, qui se veut une suite de Black 46 et Mör. Je vous parle aujourd’hui de Sång, de Johana Gustawsson, paru chez Bragelonne.

L’histoire (4ème de couverture)

[Sång] : nom fém. En suédois, signifie « chanson ».

En Suède, une famille est massacrée dans sa luxueuse demeure. Ce terrible fait divers rappelle sur ses terres Aliénor Lindbergh, une jeune autiste Asperger récemment entrée comme analyste à Scotland Yard : ce sont ses parents qui ont été assassinés.

Avec son amie Alexis Castells, une écrivaine spécialisée dans les crimes en série, la profileuse Emily Roy rejoint sa protégée à Falkenberg, où l’équipe du commissaire Bergström mène l’enquête. Ensemble, elles remontent la piste du tueur jusqu’à la guerre civile espagnole, à la fin des années 1930, lorsque le dictateur Franco réduisit toute résistance au silence, dans le sang.

Une histoire de famille

Multiples personnages, multiples lieux, multiples intrigues, multiples époques, l’auteure ne nous a pas facilité la tâche pour notre lecture. Quel est donc le point commun entre l’enfer vécu par des femmes sous le régime dictatorial de Franco dans les années 30 et l’assassinat des parents d’Aliénor, la jeune collègue d’Emily, en Suède ? Ces deux intrigues principales se croisent tout au long de Sang, comme deux fils rouges qui n’ont, à priori, pas vocation à entrer en contact ensemble un jour. Et pourtant, si vous êtes habitués aux thrillers, vous savez que forcément, tout va converger vers le même point pour ne faire qu’une seule et même intrigue.

La famille est ici au centre de tout. Qu’elle soit un pilier ou un poids, on peut difficilement faire sans elle, parce que la bienséance veut qu’on arrondisse les angles même lorsqu’elle nous pèse, parce que dans la mémoire collective, il n’y a rien de plus important que la famille, qui se veut le dernier rempart contre la violence du monde extérieur. On est bien obligé de faire avec, on prend sur soi. L’auteure décrit ici très bien tous les ressorts de la bulle familiale, de la conception d’un enfant qui peut se révéler être un véritable parcours du combattant pour un couple, jusqu’aux difficultés éprouvées une fois l’enfant là, surtout lorsqu’il est différent comme Aliénor. Sans jamais tomber dans le pathos ni le gnangnan qui m’aurait assurément fait fuir à toute jambe, l’auteure effectue une analyse très juste de ce qu’est la maternité, sans jugement de valeur ni parti pris.

Les chapitres courts donnent un rythme intéressant à l’intrigue. La force de l’auteure est de réussir à écrire une vraie intrigue policière, en rendant ses personnages humains, crédibles et attachants, en n’hésitant pas à te prendre aux tripes de temps en temps avec un passage plus difficile, sans pour autant tomber dans du voyeurisme pour faire du buzz. Je ne suis pas le genre de lectrice à m’émouvoir tous les trois bouquins, mais force est de constater que j’ai été très touchée par certains passages, notamment dans l’intrigue qui se déroule en Espagne durant la dictature de Franco.

Malgré les thèmes sociaux et historiques abordés, elle n’en oublie pas pour autant de développer largement l’aspect thriller à travers l’enquête menée par son personnage principal Emily.

Le mot de la fin

Un roman riche, tant sur le plan des émotions que dans la justesse de son intrigue. Johana Gustawsson réussit avec brio à mêler son intrigue avec l’Histoire, celle avec un grand H. J’ai appris quantité de choses que je ne soupçonnais pas sur cette dictature qui a sévi il n’y a pas si longtemps que ça, pas très loin de chez nous d’ailleurs. Le travail de documentation a été, je pense, relativement important, mais l’auteure a su n’en garder que l’essentiel pour éviter d’alourdir l’intrigue avec de multiples détails.

Sång est assurément le roman le plus abouti de cette série.

Je recommande !

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