Editions Plon, Non classé, Polar/thriller français

À corps perdus – Marie Talvat & Alex Laloue

« Nan mais les blogueurs de toute façon, vous parlez toujours et uniquement des auteurs qui vendent le plus. »

Je m’étais toujours dit que mon blog n’était pas le lieu pour régler mes comptes, et pourtant cette fois, en plus d’une chronique, je vais pousser un petit coup de gueule histoire de remettre un peu l’église au milieu du village (je vous avais prévenus que j’allais être chiante pour les 30 derniers jours avant mes vacances !).

Il y a des livres dont on ne parle pas assez, celui-ci en fait partie. Sorti le 6 juin dernier, je n’ai vu tourner presque aucune chronique sur les réseaux, ou très à la marge. L’effet combiné d’un communication bien trop discrète à mon goût par la maison d’édition et des lecteurs qui ont du mal à laisser de la place aux p’tits nouveaux. Et pourtant ! Il y en a qui ont de très belles choses à nous proposer, et c’est le cas de ces deux-là. Alors ok, il faut faire des choix, on ne peut pas tout lire, les journées et nos portefeuilles ne sont pas extensibles, croyez-moi je le sais car je suis dans le même cas que vous. Mais si chacun essayait de lire, ne serait-ce que de temps en temps, des auteurs émergents, ça serait top pour la diversité littéraire !

Marie Talvat et Alex Laloue forment un couple de jeunes auteurs. Ils ont publié l’an dernier Comme des bleus, dont je vous ai parlé il y a deux mois, publié en format poche chez Pocket d’ailleurs. Très belle découverte qui ne demandait qu’à se confirmer pour leur deuxième opus.

L’exercice très casse-gueule d’écrire un second roman est ici parfaitement réussi, je dégaine mon « Alerte jeunes talents » et vous parle aujourd’hui d’À corps perdu, de Marie Talvat et d’Alex Laloue, publié chez Plon.

L’histoire (4è de couverture)

Dix ans qu’Arsène et Pauline ne se sont pas vus. Il a quitté la police de terrain pour les bureaux cossus de l’état-major. Elle l’a quitté pour refaire sa vie dans un petit confort bourgeois.

Dix ans, c’est aussi l’âge de Gabriel, le fils de Pauline. Lorsque ce dernier est kidnappé en plein Paris par des hommes cagoulés, leurs vies basculent. Confrontés aux fantômes du passé, les anciens amants vont devoir unir leurs forces dans un cauchemar où chaque seconde compte.

Deux personnages, deux points de vue croisés.

Un gars, une fille, dix ans après.

L’intrigue est bâtie sur une alternance de points de vue. Deux personnages, Pauline et Arsène, se retrouvent une dizaine d’années après leur séparation. Elle est une ancienne journaliste, mariée à un riche patron de presse, lui a grimpé l’échelle hiérarchique chez les flics et est devenu commissaire, du genre qui ne sort plus sur le terrain et se balade en tenue d’apparat avec de multiples grades et distinctions épinglés sur sa veste. Leur chemin se croise à nouveau lorsque le gamin de la jeune femme est enlevé, en pleine rue, devant des passants médusés par la rapidité et l’organisation de ce qui s’apparente être un véritable gang. De là commence l’enquête, et la contre-enquête en sous-marin également, car ils sortiront tous les deux du cadre pour mener leurs propres investigations.

L’originalité de ce roman ne se trouve pas forcément dans son intrigue ni dans sa construction en alternance, À corps perdu est un polar relativement classique et pourtant, moi qui sature en ce moment des polars traditionnels, j’y ai trouvé mon compte parce que les deux auteurs insufflent un vent de fraîcheur qui dépoussière le genre, grâce à une écriture jeune, entraînante et moderne.

Concernant l’alternance dont je vous parlais précédemment, il s’agit ici d’une alternance de point de vue : d’un côté l’action est vue par le flic, de l’autre par la mère de famille éplorée (qui ne le serait pas à sa place ?). Pourtant aucun sentiment de répétition, si le début des chapitres reprend forcément des éléments déjà abordés dans le précédent, c’est fait de manière assez subtile, et chaque fin de chapitre est l’occasion d’apporter quelque chose de nouveau au récit et de faire avancer l’intrigue. Le tout s’emboîte parfaitement, et nous donne un polar bien construit et accrocheur.

Il y a un truc qui m’a terriblement accroché dans ce bouquin mais je n’arrive pas à l’exprimer correctement. C’est un livre qu’on a du mal à lâcher, parce qu’on a envie de connaître son dénouement bien sûr, mais aussi et surtout parce que l’écriture est vraiment agréable, ces deux-là savent capter notre attention, nous tenir en haleine. L’action est régulière sans pour autant tomber dans quelque chose de too-much qui rendrait l’intrigue peu crédible. Il y a aussi des moments d’introspection, où on en apprend plus sur la vie personnelle des personnages, sur leurs failles et leurs souffrances. Les nombreux passages de flash-backs apporteront un éclairage sur le dénouement, le passé plane lourdement sur nos personnages, comme quelque chose qui leur colle à la peau et qui les empêchera d’avancer tant qu’ils n’auront pas tourné la page.

Le mot de la fin

Ces deux-là, il va falloir les suivre de près car ils vont tout exploser dans le polar français dans les années à venir.

Ce second roman résonne un peu comme celui de la maturité, avec un style plus affiné, une psychologie des personnages plus poussée que dans le premier opus, mais aussi et surtout, le gros point fort de ce livre, des émotions poignantes qui transpercent des pages.

Du polar classique oui, mais du polar qui change aussi. Un vent de fraîcheur qui est le bienvenu dans un genre qui a un peu de mal à se renouveler ces derniers temps.

Je recommande plus que chaudement !

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