Editions Ring

Grand-Père – Jean-Louis Costes

Ah j’en avais marre des bouquins gentils et conventionnels ces dernières semaines, là j’ai été servie et j’ai eu ma dose de violence et de dégueulasse pour l’année !

J’te préviens ami lecteur, si t’es un tant soit peu sensible ou fragile, ce bouquin n’est pas pour toi. Même moi, tu sais la blogueuse barbare que rien n’effraie et qui jubile à la lecture de certaines scènes qui tabassent, je me suis sentie comme une jeune vierge effarouchée et j’ai été obligée de faire quelques pauses dans ma lecture histoire d’essayer de respirer de l’air sain pour tenter de me sortir de cet air vicié, de cette crasse ambiante qui plane sur les 250 pages de ce bouquin. Et en plus tu lis « histoire vraie » et tu te dis « nom de dieu… »

Une chose est sûre, je n’ai jamais rien lu de semblable.

Je vous parle aujourd’hui de Grand-Père, de Jean-Louis Costes, publié à La mécanique générale, la collection poche des éditions Ring.

N.B. Yeux et p’tits cœurs fragiles, s’abstenir.

Présentation de l’éditeur

La folle vie du grand-père de Costes, Cosaque sabrant les moudjiks dans la steppe, légionnaire décimant les Berbères, bagnard en Guyane, finissant dans un HLM de banlieue à taper sur sa femme. Les Rouges ont massacré sa famille. Resté seul, le jeune Arménien rejoint les  » Cosaques bouffeurs de cocos « . Commence alors une cavalcade aventureuse à travers l’Europe, l’Afrique du Nord et la Guyane, à travers un monde où l’innocence finit toujours les tripes à l’air.
Grand Père est l’histoire vraie d’un homme plongé dans la barbarie, d’une force inconnue, terrible, étourdissante, l’un des premiers chefs-d’œuvre français du XXIe siècle.

Tripes-caca-sang, comme un refrain…

J’avoue ne pas vraiment savoir comment chroniquer un truc pareil. Rien dans ma culture littéraire ne se rapproche de ça, je n’ai aucun point de comparaison, rien de tout ce que j’ai pu lire ne se rapproche de ce livre.

Si on me demande de résumer ce bouquin, je dirais simplement : des litres de sang et de sperme, des viols, beaucoup, des cadavres, encore plus, le tout raconté sans filtre et avec plus de termes grossiers en 250 pages que dans tout ce que j’ai pu lire dans ma vie. Un vocabulaire à t’en faire défriser les bouclettes. Ouais…

Grand-père, c’est un joyeux pêle-mêle de massacres, violences sexuelles, pédophilie. Du cru, du cru, du cru, rien que du cru, et beaucoup de cul. Le viol est une arme de guerre, au même titre qu’un sabre ou qu’un kalach. Les scènes sont atroces, impossible de digérer ce que je lis.

Costes nous raconte ici l’histoire de la vie de Garnick, son grand-père arménien, accessoirement guerrier cosaque sanguinaire. Là où Garnick passe, la vie trépasse. Priez pour ne jamais croiser un mec pareil… Les siens ont été massacrés, qu’à cela ne tienne, il massacrera à son tour, et fera régner la terreur aussi bien dans les pays qu’il traversera que dans sa famille. Mamie prend cher, tout ceux qui l’approchent prennent cher d’ailleurs, il semblerait n’y avoir aucune once d’humanité dans ce type. Je me demande ce qui peut se passer dans la tête d’un petit-fils lorsqu’il écrit un bouquin pareil sur son grand-père. Ma tête ne peut pas s’empêcher de faire un parallèle avec l’histoire de mon grand-père à moi, cet homme qui m’a élevée dans un monde d’amour et de douceur, cet homme déporté de Pologne par les Allemands et qui n’a aspiré, après la fin de la guerre, qu’à une vie calme et linéaire. Quelles sont les séquelles d’un héritage familial comme celui que Costes doit porter ? Comment grandit-on, vit-on, en sachant toutes les exactions qui ont été commises par l’une des personnes grâce à qui on est là ?

Et puis malgré tout, parfois, quelques rayons de soleil, quelques moments un peu plus légers, peu nombreux, et ils ne durent pas, jamais. Le final est poignant, comme si l’auteur avait voulu terminer sur quelque chose de plus humain. L’écriture est tranchante, vous l’aurez compris, et pourtant je ne peux m’empêcher de penser que son côté non conventionnel et sans édulcorant en fait un grand texte de la culture underground.

Trash, oui. Brutal, assurément. Dérangeant, au possible !

 

Le mot de la fin

Méchant livre pour une méchante lectrice…

Ce bouquin te ferait passer Le manufacturier de Mattias Köping pour une douce balade au bord d’un lac par un matin ensoleillé… Ouais bon, j’exagère un peu (toujours quand j’suis sous le coup de l’émotion), il n’empêche que ce bouquin n’est pas forcément adapté à tous les lecteurs.

Grand-père, c’est un jet d’acide dans tes yeux à chaque page, c’est le genre de bouquin que tu caches honteusement pour lire, parce que tu n’oses imaginer la réaction de ton entourage s’il tombait sur un passage bien coriace. Ils ne sont pas prêts je crois…

Ceux qui me disent aimer Giebel parce que c’est trash, allez donc lire Grand-père, et on en reparlera ensuite.

Qui d’autre que Ring/La mécanique générale pour ressortir un bouquin pareil ?

Je recommande, mais attention quand même !

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