La diversification alimentaire d’un enfant intervient entre son 4ème et son 6ème mois.
La diversification littéraire d’une blogueuse de polar bornée et psychorigide, coincée dans son genre de prédilection, intervient au bout de 3 ans.
Il m’aura fallu trois ans pour m’ouvrir à autre chose que ce que j’ai l’habitude de lire, trois ans pour sortir de mes traditionnels thrillers/polars de fiction.
Depuis mai dernier où j’ai lu mon premier ouvrage de Laurent Obertone, Le Diable du ciel, récit criminel relatant la catastrophe de la Germanwings, il semblerait que je devienne friande d’un autre type de bouquins, tout en restant malgré tout dans la littérature noire et tout ce qui touche à la folie humaine ou aux crimes (pas d’main la veille que je vous parlerai de feel-good !)
Je suis une grande amatrice d’émissions de faits divers, je connais à peu près par cœur le programme télé de la semaine et sais quelle émission passe quel jour sur quelle chaîne, y compris les plus nazes et mal commentées comme Crimes de Morandini le lundi soir (c’te honte de vous avouer ça !). Il y a un petit côté voyeur, peut-être même malsain, de regarder ce genre d’émissions et depuis l’avènement de Faites entrer l’accusé, on est nombreux à poser notre polar le soir pour nous plonger dans la réalité.
Cette fois, j’ai décidé de me laisser embarquer en Grande-Bretagne par Emily Tibbatts. On connaît surtout les serial killers américains, on connaît moins ceux qui ont sévi outre-Manche, et pourtant croyez-moi, ils ne sont pas en reste de leurs homologues américains !Je vous parle aujourd’hui de UK Serial Killers, d’Emily Tibbatts, paru chez Ring (forcément ! )
Résumé de l’éditeur
Pour la première fois en librairie : les dix plus effroyables tueurs en série de Grande-Bretagne.Si les tueurs français et américains ont largement nourri la littérature criminelle et le cinéma, les serial killers d’outre-Manche restaient, jusqu’à ce livre noir, inconnus du grand public. Dans l’ombre de Jack l’Éventreur, ce sont des hommes et des femmes noyés dans la masse, cannibales, nécrophiles, éventreurs, empoisonneurs, pédophiles et prédateurs qui ont tué et massacré en nombre durant des décennies. La conférencière Emily Tibbatts, fondatrice du site francophone de référence tueursenserie.org et auteur de dizaines de biographies en ligne de serial killers, fait son entrée en librairie avec les longs portraits immersifs et passionnants des dix plus terrifiants tueurs en série de Grande-Bretagne. UK Serial Killers vous plonge dans leur histoire intime et leur traque, le détail de leurs crimes qui vous fera frémir d’horreur, leurs motivations macabres, les progrès des techniques médico-légales, d’enquêtes…
Et l’ampleur de ces chasses à l’homme.
Terrifiant !
Un serial killer, c’est quoi ?
En français, le mot tueur en série désigne, selon la définition la plus répandue, un individu qui tue au moins 3 personnes, et qui commet ses meurtres sur un laps de temps allant de plusieurs jours à plusieurs années. Homme ou femme, ils agissent souvent seuls, mais ils peuvent parfois être deux.
Nous, amateurs de polars, on les aime les grands méchants dans nos bouquins, et plus ils sont méchants, plus on les aime, il faut bien l’avouer. Ils nous inquiètent, nous font frissonner, nous rendent un peu plus parano qu’on ne l’est déjà, mais on se rassure en se disant que ce n’est que de la fiction, et qu’on est en sécurité, bien planqués, enfermés à double tour dans notre appartement ou notre maison dans notre campagne bien calme. Sauf qu’ici tout est réel, et derrière des apparences souvent banales et trompeuses, les pires monstres peuvent se cacher derrière votre voisin, vos parents ou votre époux.
Ici, ils sont donc dix :
- Mary Ann Cotton : la veuve noire (quelle entrée en matière avec celle-là ! je crois qu’on a un peu le même rapport à la maternité elle et moi ! ah ah !)
- Peter Manuel : la bête de Birkenshaw
- Peter Sutcliffe : l’éventreur du Yorkshire
- Dennis Nilsen : l’étrangleur à la cravate
- John Duffy et David Mulcahy : les tueurs du rail
- Fred et Rose West : la maison de l’horreur (sans doute l’histoire qui m’a le plus choquée)
- Robert Black : Robbie le puant
- Harold Shipman : Docteur la mort
Ces dix monstres prennent vie sous la plume d’Emily Tibbatts qui s’attache à nous montrer leur vie, leur parcours de tueurs, leur enfance aussi, sans à aucun moment émettre un seul jugement ni aucune opinion personnelle. Pas de surenchère dans le macabre, pas de voyeurisme, les faits, rien que les faits. Bruts de décoffrage, j’vous jure qu’il m’en faut pour me secouer avec une lecture, j’ai même tendance à jubiler si mon thriller décape niveau violence, mais certaines histoires ici m’ont obligée à poser mon bouquin et à passer à autre chose pendant quelques heures histoires de digérer l’horreur de ce que je lisais, parce que cette fois je sais que tout est vrai et que ce n’est pas quelque chose de romancé (et sinon vous fournissez la boîte de Lexomil aussi chez Ring pour détendre vos lecteurs traumatisés ?). Je sais que ces cinglés ont véritablement tué, fait souffrir aussi, qu’ils ont anéanti des vies, des familles, parfois parce qu’ils repéraient leurs proies, parfois simplement parce qu’ils avaient le malheur de croiser leur chemin. Il est terrifiant de se rendre compte qu’en se baladant seul dans la rue (si tant est que vous avez encore le courage de vous balader seul dans la rue n’est-ce pas !), vous pouvez tomber sur quelqu’un qui fera de vous sa proie, sa chose, qu’il se livrera sur vous à tout un panel de fantasmes plus malsains et abjectes que les autres et qu’il finira de toute façon par vous tuer après s’être amusé avec vous.
L’horreur absolue est présente sous toutes ses formes : meurtres sauvages, viols, violences physiques, psychiques, incestes, cadavres en décomposition, corps découpés en morceaux, on est face au pire de l’être humain, il n’y a d’ailleurs rien d’humain en ces gens, dans leurs comportements.
Un éclairage est fait par l’auteure sur leur vie, leur enfance et leur adolescence. Beaucoup ont morflé, sévèrement, ils ont pour certains vécus eux aussi les viols, l’inceste et la maltraitance, mais à aucun moment on ne peut les dédouaner ne serait-ce qu’une infime partie pour les atrocités qu’ils ont commises. Certains ont eu une vie tout à fait normale, des parents aimants. On comprend néanmoins que souvent, c’est un traumatisme qui les fait basculer dans l’horreur, mais les faits sont trop atroces pour qu’on puisse essayer de comprendre.
Je trouve fascinant de découvrir ce qui a conduit des gens comme vous et moi à commettre le pire. Ce que je retiens surtout c’est que beaucoup sont des monstres d’égocentrisme, focalisés sur eux, ils ressentent une sorte de toute puissance à pouvoir tuer sans être attrapés, et certains voient en leur arrestation l’occasion d’occuper le devant de la scène, comme s’ils étaient une célébrité.
Dernier point parce que je commence à être bien longue, j’ai beaucoup apprécié le fait de retrouver des tueurs qui ont agit à plusieurs époques différentes, parce que cela nous permet de comprendre l’évolution absolument incroyable qu’il y a eu dans les enquêtes de police. Dans le premier dossier présenté, celui de la veuve noire, les faits ont eu lieu dans les années 1800. Notre brave dame là, elle s’est quand même mariée à plusieurs reprises avec des hommes qu’elle finira à chaque fois par tuer, dans des communes parfois séparées de quelques kilomètres seulement ! Elle a également tué nombre de ses enfants, qu’elle considérait beaucoup comme des obstacles à sa vie de couple, sans qu’aucun médecin ne soupçonne à un moment qu’il pourrait s’agir d’un meurtre. Le taux de mortalité infantile était très élevé à l’époque, il était récurrent de voir des fratries décimées en quelques jours, ou quelques semaines seulement, par une maladie.
Le mot de la fin
Je ne dormais déjà plus vraiment tranquillement la fenêtre ouverte depuis ma lecture de L’empathie d’Antoine Renand, cette fois mes angoisses à l’idée de croiser un jour un cinglé de manière fortuite ont encore grimpé d’un cran ! Non vraiment Ring, vous aimez bien traumatiser vos lecteurs !
UK Serial Killers va devenir LA référence du genre !
Une enquête journalistique à lire de toute urgence pour ceux qui veulent essayer de comprendre.
RING fait un sacré boulot pour dénicher les pépites qui nous font cauchemarder. En plus là c’est des histoires vraies..
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Nan mais moi je cherche plus à comprendre, Ring est la meilleure maison d’édition 😀
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