Et donc cette semaine, j’ai lu un énoooorme pavé ! Sachant que je suis dans une période où j’ai plutôt envie de livres de petite taille, j’étais un chouia inquiète de savoir si j’allais adhérer ou pas à ce roman, d’autant plus que le thème abordé, celui des nouvelles technologies, n’est pas forcément celui que je maîtrise le mieux car mes connaissances à ce sujet sont limitées à la gestion de mes réseaux sociaux et de mon blog (et encore, avec l’aide de personnes qui s’y connaissent mieux que moi) !
Oubliez tout ce que vous savez de Bernard Minier et de sa fameuse série Servaz !
Changement de lieux, changement de personnages, je vous parle aujourd’hui du septième roman de Bernard Minier, M, Le bord de l’abîme, publié cette année chez XO.
L’histoire (4è de couverture)
Pourquoi Moïra, une jeune Française, se retrouve-t-elle à Hong Kong chez Ming, le géant chinois du numérique ?
Pourquoi, dès le premier soir, est-elle abordée par la police ?
Pourquoi le Centre, siège ultramoderne de Ming , cache-t-il tant de secrets ?
Pourquoi Moïra se sent-elle en permanence suivie et espionnée ?
Pourquoi les morts violentes se multiplient parmi les employés du Centre – assassinats, accidents, suicides ?
Alors qu’elle démarre à peine sa mission, Moïra acquiert la conviction que la vérité qui l’attend au bout de la nuit sera plus effroyable que le plus terrifiant des cauchemars.VERTIGINEUX ET FASCINANT
Le roman d’un monde en construction, le nôtre, où la puissance de la technologie et de l’intelligence artificielle autorise les scénarios les plus noirs. Bienvenue à Hong Kong. Dans la fabrique la plus secrète du monde. Chez M… Au bord de l’abîme…
Un thriller 2.0
Direction Hong-Kong, mégalopole étouffante, asphyxiée par sa population et son climat difficile, haut lieu de la recherche mondiale sur les hautes technologies. Nous suivons une jeune française pas encore trentenaire à travers sa découvert de la ville et de son nouvel environnement de travail chez Ming, grande entreprise du numérique. On se doute dès le début qu’il y a quelque chose qui pue dans cette histoire : la société qui l’emploie est partout, gère tout, et sous prétexte de lui fournir tout son matériel de travail, ils lui offrent surtout le package complet qui leur permettra de la surveiller de près, où qu’elle soit et quoi qu’elle fasse : smartphone, montre ultra connectée reliée à son employeur, capable de lui donner des informations concernant son sommeil, son rythme cardiaque, mais aussi la fréquence de ses orgasmes et sa position géographique, quelque soit l’heure du jour ou de la nuit. Ajoutez en plus des collègues pas forcément très clairs, et certains collègues qui trouvent la mort dans des conditions bien étranges… De quoi avoir envie de reprendre son passeport pour rentrer fissa en France !
L’auteur nous plonge donc dans l’univers de l’intelligence artificielle, des secrets bien cachés des avancées technologiques de sociétés super-puissantes qui se livrent à une véritable guerre pour s’imposer et, à leur manière, conquérir votre vie et le monde dans sa globalité.
Le travail de recherche auquel a dû se livrer l’auteur est gigantesque, faramineux. Nous ne sommes pas dans un roman d’anticipation, nous sommes dans notre monde actuel, l’auteur l’écrit d’ailleurs dans son avertissement « Toutes les technologies décrites dans ce roman existent ou sont en cours de développement. », et c’est ce qui rend cet ouvrage si convainquant.
Et côté rythme ?
Bernard Minier, c’est un auteur qui aime prendre son temps, et qui privilégie dans ses romans l’atmosphère plutôt qu’un rythme d’intrigue endiablé. C’est à nouveau le cas cette fois, ça m’a déjà fait abandonner un ou deux de ses bouquins par le passé je dois l’avouer, mais il s’est passé quelque chose de spécial entre ce septième opus et moi, et j’ai littéralement bouffé les presque 600 pages du pavé. Ne vous attendez pas à un rythme décoiffant, surtout durant les cent premières pages car elles servent à l’auteur à poser solidement les bases de son décor, de ses personnages et de son intrigue. Sur le coup je me suis dit que si tout le bouquin était comme ça, j’allais mettre deux semaines à lire (rires !), mais plus j’avançais, plus mon intérêt grandissait et je me suis retrouvée complètement plongée dans ce roman, jusqu’à la dernière phrase, sans plus ressentir aucun moment de lassitude.
L’enquête policière est reléguée au second plan, ça ne m’a pas forcément chagriné car j’y ai trouvé mon compte dans l’intrigue principale tissée autour de Moïra, d’autant plus que celle-ci se livrera de son côté à une véritable contre-enquête pour tenter de faire la lumière sur les événements dramatiques qui ont eu lieu dans sa société. Les événements qui rythment ce bouquin sont suffisamment nombreux et bien disséminés pour maintenir éveillée notre curiosité jusqu’au bout. Le final, quant à lui est… Surprenant !
Le mot de la fin
Si vous êtes comme moi un peu flippés des réseaux sociaux et de l’ultra connexion, pas de doute que vous vous sentirez un chouia angoissés en refermant votre bouquin, d’autant plus que l’auteur prévient dès les premières pages que tout ce qu’il nous présente existe réellement, à notre époque.
Il est effrayant de nous rendre compte à quel point les informations stockées sur notre vie privée sont importantes, à quel point la technologie peut influencer notre vie, nos choix en terme de consommation.
Amis internautes qui avez du mal à poster ne serait-ce qu’une photo sur Instagram, rassurez-vous, l’auteur a réussi à vulgariser ce milieu occulte et son jargon, en adaptant complètement son récit pour tout type de public, y compris ceux qui maîtrisent le moins l’outil informatique et à aucun moment je ne me suis sentie perdue ni déconnectée.
Un excellent thriller qui change, je n’en demandais pas plus dans cette période où j’ai besoin de lire autre chose que du polar classique.
Je recommande !