Je vous emmène un peu au frais en cette semaine caniculaire, direction l’Islande !
L’Islande est une toute petite nation, et pourtant elle compte quelques grands noms de la littérature noire dont je vous parle régulièrement : Arnaldur Indridason, Ragnar Jonasson, Arni Thorarrinsson… Entre autre ! Les femmes ne sont pourtant pas en reste, et c’est aux côtés de Lilja Sigurdardottir que je vais vous emmener aujourd’hui.
Ce livre est le troisième (et dernier me semble-t-il) tome de la série Reykjavik noir. J’ai évidemment lu ses deux précédents opus, Piégée, et Le filet.
Je vous parle aujourd’hui du dernier livre traduit en français de Lilja Sigurdardottir (traducteur : Christophe Salaün), La cage, paru récemment aux Editions Métailié.
L’histoire (4è de couverture)
Agla travaille dans la finance, accusée d’évasion de capitaux, elle a été emprisonnée et se languit d’amour pour Sonia qui l’a abandonnée. À bout, elle tente de se suicider. C’est le moment que choisit un industriel qui connaît son habileté et son flair pour lui proposer une enquête sur le stockage de l’aluminium. Agla ne peut pas résister au challenge et choisit Maria, journaliste d’investigation complexée qui est à l’origine de sa propre condamnation, pour aller sur le terrain. Apparaît alors dans la cellule voisine une très jeune femme qui sort de désintoxication et essaye d’attirer son attention.
Pendant ce temps un adolescent amoureux prépare une action d’éclat pour séduire sa petite amie. Il est aussi le fils d’un homme d’affaires mafieux ennemi intime d’Agla.
En un tour de main, sur un rythme déconcertant et séduisant, Lilja Sigurdardóttir nous initie aux trafics des matières premières et aux dessous du transport de la drogue en Islande, nous fait assister à la naissance improbable d’une histoire d’amour et nous prouve qu’une femme sexy et sûre de son intelligence retombe toujours sur ses pieds.
Un grand feu d’artifice habile et intelligent.
Avertissement…
Je préfère vous le dire tout de suite, pour moi il est quasiment impératif de lire les deux premiers ouvrages de la série avant d’entamer celui-ci, car La cage est la suite directe de tout ce qui s’est déroulé dans Piégée et Le filet, et bien que l’histoire soit compréhensible sans avoir lu les deux premiers, c’est parfois compliqué de se remettre dans le bain de l’intrigue, de nous souvenir des personnages aussi, et même si j’avais quand même des souvenirs de ma lecture, j’ai eu un peu de mal à raccrocher les wagons dans ma tête dans les premières pages.
Et on y va !
A la différence de ses homologues islandais qui aiment, pour la plupart, ancrer leurs intrigues policières dans les paysages islandais, Lilja Sigurdardottir s’attache à écrire une littérature noire résolument plus moderne, avec toujours cette ambition de pointer du doigt les dérives et travers de la société islandaise. Alors évidemment, je ne cracherais pas sur un peu plus de descriptions de paysages moi qui aime tant ce pays, mais c’est fascinant pour moi de lire cette auteure car je m’intéresse beaucoup à l’Islande depuis mes trois voyages là-bas, et j’apprécie d’en apprendre d’avantage sur leur mode de vie, et tout ce qui compose la vie sur place.
Ainsi, vous aborderez ici des thèmes aussi variés que le trafic de drogue, qui semble bien implanté sur l’île, les magouilles bancaires ou encore corruption qui gangrène le pays. J’ai été également surprise d’en connaître d’avantage sur leur mode de détention, bien moins restrictifs que chez nous : les détenus peuvent plus ou moins aller à leur guise dans l’établissement pénitentiaire, ils se font eux-mêmes à manger à tour de rôle etc. C’est sûr, ça change de nos prisons françaises, mais n’oublions pas que le pays est un des plus sûrs au monde et avec une criminalité très faible !
Blablabla Anaïs, et sinon, t’as aimé ou pas ?
Non parce que je me rends bien compte que ça n’intéresse pas grand monde le taux de criminalité en Islande hein ! (rires !)
Si j’ai apprécié Piégée et Le filet, j’avoue que j’ai une petite préférence pour ce troisième tome car je l’ai trouvé plus sombre, empreint d’une certaine mélancolie aussi. A l’image du dernier ouvrage de Ragnar Jonasson La dame de Reykjavik, c’est un peu le roman de la déprime et le profonde solitude et détresse morale dans lesquelles se trouvent une partie des personnages donne un côté très pesant au récit, sans possibilité d’entrevoir ne serait-ce qu’un rayon de lumière. J’aime ces romans qui prennent aux tripes, j’aime ressentir l’ambiance pesante dans une lecture.
Là où l’auteure a fait fort, c’est qu’elle a réussi à créer un rythme intéressant dans un roman où ils ne se passe pas grand chose, en écrivant des chapitres très courts, avec une alternance de lieux (l’Islande, les Etats-Unis, la prison…), de personnages aussi. Ne vous attendez pas à un rythme digne de 24h chrono avec des rebondissements à chaque chapitre, mais si vous réussissez à capter l’univers de Lilja Sigurdardottir, alors vous apprécierez votre lecture.
Le mot de la fin
Lilja Sigurdardottir est, je pense, l’auteure islandaise qui se démarque le plus de ses homologues car elle ne cherche pas vraiment à rentrer dans le schéma classique du polar nordique, elle s’en dégage, pour nous proposer des intrigues résolument modernes et actuelles.La cage est plus un roman d’atmosphère qu’un thriller, le suspense est justement dosé et ce roman clôture admirablement bien cette trilogie.Je vous le recommande, d’autant plus si les pays nordiques vous intéressent ! Et j’espère d’ailleurs qu’elle continuera à être traduite en France.