Je vous parlais hier avec un enthousiasme non dissimulé de Diskø, le deuxième thriller de l’auteur Mo Malø, paru hier aux Editions La Martinière. Un an après la parution de ma toute première interview de l’auteur – et toute première tout court de mon blog d’ailleurs – Mo Malø a à nouveau accepté de se prêter au jeu des questions/réponses, et c’est une joie pour moi de partager ça avec vous aujourd’hui ! L’occasion d’en découvrir un peu plus sur cet auteur aux multiples facettes et sur le deuxième opus de sa série de polars groenlandais qui n’en finit plus de faire battre mon cœur de lectrice.
Vous êtes prêts ?
Lumière sur Mo Malø !
Bonjour Mo Malø. Ça fait déjà presque un an que les lecteurs ont fait ta connaissance, avec la parution du premier titre de cette série de thrillers, Qaanaaq ! Comment s’est passée cette folle année pour toi ?
Si la folie consiste en un travail acharné, alors en effet cette année fut folle. Car à peine « Qaanaaq » était bouclé que je me suis lancé dans la préparation et l’écriture d’un nouveau tome des enquêtes de Qaanaaq Adriensen. Donc, même si j’ai apprécié à sa juste mesure l’accueil dans l’ensemble très chaleureux qui a été réservé à « Qaanaaq », je ne peux pas vraiment dire que j’ai pris le temps de le savourer.
Peux-tu nous parler un peu de Diskø qui vient tout juste d’être publié aux Éditions La Martinière ?
Diskø débute par une scène d’agonie, celle d’un homme prisonnier d’un iceberg en baie de Disko justement, à l’ouest du Groenland, près de la petite ville d’Ilulissat. Il est comme momifié dans ce bloc de glace. Comment est-il arrivé là ? Pour quelles raisons ? Qu’est-ce que signifie cette mort spectaculaire, hautement symbolique à une époque où les glaciers du Groenland fondent à toute vitesse ? C’est à toutes ces questions que vont devoir répondre Qaanaaq et Apputiku, mon duo d’enquêteurs déjà présents dans le premier tome et qui sont appelés auprès du cadavre de cet inconnu pris dans la glace. Et comme dans « Qaanaaq », leurs investigations vont avoir des résonnances très personnelles, et même intimes, mais cette fois dans une tension accrue, car les morts identiques s’accumulent…
Nous retrouvons dans ce deuxième opus de la série de nombreux rencontrés précédemment. Bien que Disko n’est pas une suite directe à Qaanaaq, l’enquête étant complètement nouvelle, avec une nouvelle série de meurtres, a-t-il été difficile d’écrire une suite, accessible aussi bien à tes premiers lecteurs qu’à ceux qui n’auraient pas encore découvert Qaanaaq ?
Oui, je dois admettre que ça a été le plus compliqué pour moi. J’ai déjà écrit des histoires en plusieurs volumes, mais dont le fil narratif complet était posé dès le départ. Alors qu’avec Diskø qui n’était pas prévu au moment où j’ai écrit« Qaanaaq », il m’a fallu à la fois reprendre la main des lecteurs à où je les avais laissés à la fin du premier tome, sans exclure pour autant ceux qui découvriraient la série avec Diskø. Ce n’est donc pas une suite à proprement parler. Il y a juste quelques renvois (pas trop nombreux) au premier tome, mais je pense et espère que cette histoire vit de manière autonome.
Quel personnage complexe ton Qaanaaq ! On te sent d’ailleurs très proche de lui…
Je ressens Qaanaaq comme un vieil ami, alors même que nous ne nous fréquentons que depuis deux ans. Mais j’ai l’impression d’avoir été un peu son confident, tout le temps de l’écriture, comme si c’est à moi qu’il avait confié ses doutes, ses hésitations, ses désirs aussi (désir de couple avec Massaq), et que je m’étais arrogé le droit d’en rendre compte par écrit. Construire des personnages, c’est un peu ça : être le dépositaire et la chambre d’écho de destins qui ne nous appartiennent pas, mais qui nous touchent, qu’on a envie de partager.
Diskø est une véritable course contre la montre, tu nous emmènes enquêter à travers toute l’île, sans nous laisser le temps de souffler un coup et de reprendre notre esprit !
Oui, si « Qaanaaq » prenait son temps pour planter le décor (si particulier) du Groenland, j’ai eu envie cette fois de le présenter plus « en action ». J’espère que cela fonctionne. En tout cas moi j’ai pris beaucoup de plaisir à relater cette course contre la montre, qui pour moi symbolise un peu celle dans laquelle l’humanité dans son ensemble est engagée dans le cadre du réchauffement climatique globalisé, au cœur de mon intrigue.
Tu es un auteur français, et pourtant tu évolues dans cet univers, ce pays, cette ambiance comme un véritable ours sur la banquise poisson dans l’eau. Comment t’es-tu imprégné de cette atmosphère pour nous la décrire avec autant de justesse et de sensibilité ?
Comme toujours, je me documente beaucoup (lectures, images, vidéo, récits), je m’imprègne de tout ce matériau, et puis au moment d’écrire j’évite au maximum de le consulter, j’essaie juste de restituer la trace que tout cela a laissée en moi. Je ne prétends pas raconter le Groenland de manière absolue, j’essaie juste de donner une image de ce qu’est mon Groenland intérieur.
Ce qui m’a frappée lors de ma lecture de Diskø, c’est ta capacité d’écrire un vrai polar, dans le respect des codes du genre, tout en ayant le souci de donner une vraie consonance littéraire à ton texte…
J’accepte volontiers le compliment – si c’en est bien un ! –, mais j’avoue ne pas trop savoir quoi répondre à cela. Car autant je construis mes histoires de manière très consciente, très calculée, autant quand j’écris je me laisse complètement porter. Je ne prémédite pas ma manière d’écrire, j’écris ainsi, voilà tout, tant mieux si ça plait, tant pis si ça déplait 😉
Ce qui m’amène à une question un peu plus personnelle… Quel lecteur es-tu ?
Inconstant, versatile et frustré. Inconstant, car j’ai peu de temps pour les lectures plaisir en dehors de la documentation pour mes propres ouvrages. Versatile, car je lis de tout, sans réelle préférence de genre ou d’auteurs. Et frustré, car je n’ai hélas pas du tout assez de disponibilité pour lire tout ce que je voudrais. On se faisait la réflexion récemment, avec un ami auteur, que les gens qui lisent nos livres ont généralement lu beaucoup plus de choses que nous, ce qui n’est pas le plus mince des paradoxes.
L’ours sort de sa tanière en 2019, et les lecteurs vont enfin pouvoir venir te rencontrer en salon. Tu as déjà participé cette année au salon Les mines noires à Noeux-Les-Mines, et nous pourrons venir te rencontrer au Quai du Polar à Lyon. Est-ce qu’après ça, tu retournes hiberner pour nous préparer le troisième opus, ou est-ce que les lecteurs pourront te voir dans d’autres salons ?
2019 sera une année de compromis de ce point de vue : un peu d’hibernation pour écrire, et quelques incursions hors de mon antre pour rencontrer les lecteurs. Hormis Quais du polar, je devrais en principe venir aussi au salon de Hyères, au Festival sans nom de Mulhouse, et quelques autres encore en cours de validation.
Je te laisse carte blanche pour terminer cette interview !
De quelle autre couleur pourrait donc être ma carte, franchement ?! 🙂
Merci infiniment Mo Malo d’avoir répondu à mes questions.
Ohhh merci, c’est super gentil !!! 🙂
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