Editions Métailié Noir, Islandais, Nordique, Polar/thriller nordique

Ce que savait la nuit – Arnaldur Indridason

S’il ne devait rester qu’un auteur dans ma vie de lectrice, ça serait lui.

Auteur nordique par excellence, l’écrivain islandais Arnaldur Indridason revient aujourd’hui avec le premier roman de ce qui s’apparente être le début d’une nouvelle série. Je vous avais déjà parlé de la série Erlendur, de la Trilogie des Ombres (Dans l’ombre, La femme de l’ombre, Passage des ombres), c’est avec un nouvel enquêteur qu’Indridason revient aujourd’hui.

Peu importe ce qu’il écrit, je ne me pose même pas la question et je le lis. Indridason, c’est le Pape du polar nordique, celui tant copié et jamais égalé, je n’ai jamais été déçue par lui, et c’est pas avec son dernier opus que ça va commencer.

Je vous parle aujourd’hui de Ce que savait la nuit, écrit par Arnaldur Indridason et traduit par Eric Boury, publié aujourd’hui aux Editions Métailié.

L’histoire (4è de couverture)

Les touristes affluent en Islande et les glaciers reculent lentement. Le cadavre d’un homme d’affaires disparu depuis trente ans émerge du glacier de Langjökull. Son associé de l’époque est de nouveau arrêté, et Konrad, policier à la retraite, doit reprendre bien malgré lui une enquête qui a toujours pesé sur sa conscience.

Au moment où il pensait vivre sa douleur dans la solitude – son père menteur et escroc a été assassiné sans que l’affaire soit jamais élucidée et l’amour de sa vie vient de mourir d’un cancer –, Konrad est pressé par le principal suspect, mourant, de découvrir la vérité. Seul le témoignage d’une femme qui vient lui raconter l’histoire de son frère tué par un chauffard pourrait l’aider à avancer…

Dans la lignée de Simenon, Indridason excelle dans la construction d’un environnement social et affectif soigné et captivant, et dévoile peu à peu le passé trouble de ce nouvel enquêteur, jetant une lumière crue sur sa personnalité. Un beau roman noir sensible aux rebondissements surprenants.

Le poids du passé

S’il y a bien un thème cher à Arnaldur Indridason et qu’on retrouve dans chacun de ses romans, c’est celui du passé.

On retrouve, chez cet écrivain, toujours la même construction d’intrigue : une enquête qui se situe dans le présent, mais qui trouve ses racines quelques décennies plus tôt. Pourtant, chaque histoire est différente, et je n’ai jamais eu l’impression de lire à chaque fois la même chose.

Le passé, c’est ce truc qui vous revient toujours en pleine tête comme un boomerang quand vous vous y attendez le moins. Aucun secret ne peut être enfoui indéfiniment, même quand on le balance dans la crevasse d’un immense glacier, dans le pays du feu et de la glace. C’est d’ailleurs ainsi que s’ouvre Ce que savait la nuit, par la découverte d’un cadavre par un groupe de touristes sur un glacier au nord de Reykjavik lors d’une excursion.

Le passé permet de mettre en place ici une intrigue policière complexe, car les enquêteurs éprouvent forcément des difficultés à faire la lumière sur des éléments qui se sont déroulés il y a plusieurs dizaines d’années : les souvenirs s’étiolent, les gens disparaissent, et il est encore plus difficile de délier les langues lorsque les secrets sont enfouis profondément dans les mémoires.

Le personnage de Konrad que nous rencontrons, est flic à la retraite. J’ai beaucoup retrouvé de points communs avec l’enquêteur mythique d’Indridason, Erlendur. Un peu bourru, très solitaire même s’il n’a pas choisi sa solitude volontairement, il replonge dans cette vieille enquête qui a marqué sa carrière professionnelle.

Islande, mon amour !

Ai-je encore besoin de vous dire que je suis amoureuse de l’Islande ? Et ça, grâce à Indridason qui m’a donnée envie d’y aller, alors que je découvrais son oeuvre en 2014.

L’auteur a une fabuleuse capacité à ancrer son intrigue dans un environnement fort, puissant, chaotique, à l’image de ce pays régulièrement balayé par les tempêtes, menacé par les éruptions volcaniques, paralysé par la neige. L’environnement rend l’atmosphère pesante, mais ce sentiment est contrebalancé par le flegme qui caractérise ce peuple nordique, adepte de la non violence. D’ailleurs, les auteurs islandais avouent qu’il y a bien plus de meurtres dans leurs ouvrages qu’il n’y en a en réalité dans leur pays.

Plus que les paysages, c’est aussi la société islandaise qui est mise en avant dans l’oeuvre de l’auteur, rendant très immersives ses intrigues, apportant un réel plus par rapport à d’autres auteurs qui ne se contentent que d’écrire un livre uniquement axé sur une enquête ou un meurtre. Adepte du « c’était mieux avant », Indridason porte systématiquement un regard critique sur la société islandaise actuelle, qu’il dépeint sans concession sans pour autant tomber dans quelque chose de lourdingue qui lasserait les lecteurs pas forcément attirés par le pays.

Le mot de la fin

Je suis ressortie de cette lecture avec le cœur bien lourd, un peu le cafard et avouons-le. une profonde mélancolie tant l’auteur n’a pas épargné ses personnages : perte d’un être cher, solitude profonde, deuil impossible à faire…

C’est un roman d’une profonde noirceur que nous propose Arnaldur Indridason, plus sombre encore que les précédents. Il y a une puissance émotionnelle dans Ce que savait la nuit, égale à celle qui émane de La femme en vert, qui est pour moi, à ce jour, le meilleur roman de l’auteur.

Je recommande cet ouvrage, comme j’ai déjà recommandé ses précédents d’ailleurs !

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