J’ai découvert Gilles Caillot lorsque j’ai commencé à fréquenter les groupes de lecture Facebook il y a plusieurs années, bien avant la création de mon blog. J’avais lu toute sa bibliographie, j’avais apprécié le fait qu’il sortait du traditionnel polar gentil pour proposer des scènes plus extrêmes, et j’avais hâte de voir ce que nous réservait ce dernier opus.
Les avis étant plutôt unanimes depuis la parution du livre, j’ai décidé de le lire un peu avant tous les autres qui m’attendent sagement depuis plusieurs semaines (voire mois) car j’ai toujours du mal à décrocher de ma lecture du Manufacturier et que je trouve que tout ce que je lis est un peu trop gentil à mon goût…
Sans plus tarder, je vous parle aujourd’hui de Je te hais, de Gilles Caillot, paru aux Editions Terra Nova.
L’histoire (4è de couverture)
Juillet 1989, environs de Lyon :
Un gamin de 10 ans est découvert séquestré dans la cave de la maison familiale. Dans la maison, son père a fait un carnage, trucidant la mère et sa petite sœur. Vingt-huit ans plus tard, cet enfant est devenu Marc Kasowski, capitaine de police au SRPJ de Lyon. Il reste toujours hanté par ses traumatismes d’enfance, et ce, alors que son salopard de père doit bientôt sortir de prison. Dans le même temps, une fillette, puis un garçonnet sont kidnappés par un psychopathe cannibale qui adresse une lettre glaçante aux parents pour leur détailler par le menu leurs supplices. Marc Kasowski s’attelle à cette affaire morbide qui va le confronter aux confins de la folie humaine. Mais pour cela, il devra d’abord plonger dans ses ténèbres d’enfant, quitte à en payer le prix fort…
Vous reprendrez bien un peu de macabre ?
Plus j’avançais dans ma lecture de Je te hais, plus j’avais l’impression de retrouver l’auteur là où je l’avais laissé plusieurs années auparavant. Gilles Caillot a su créer un univers particulier dans ses bouquins, et c’est ce qui fait que ses intrigues, relativement classiques sur le fond, réussissent, grâce à leur forme, à capter et à maintenir mon attention. A force de lire une centaine de thrillers par an, je me rends compte que je deviens vraiment exigeante et j’ai tendance à me lasser très vite lorsque je tombe sur un bouquin dont la trame ressemble à toutes les autres : le 36 Quai des Orfèvres, le flic borderline divorcé et alcoolique, le gentil petit meurtre, blablabla… Merde, j’en a marre quoi, j’ai vraiment besoin d’autre chose… Quelque chose de plus violent, voire carrément de plus extrême, et c’est ce que je retrouve chez cet auteur même si je trouve qu’il s’est un peu assagi (juste un peu) dans ce dernier opus. Et s’il s’est légèrement assagi, c’est qu’il n’a pas tout misé sur le gore qui caractérise ses intrigues, il a ici écrit quelque chose de plus profond que dans ses précédents opus, les personnages sont plus fouillés sur le plan psychologique, notamment Kasowski, le flic que nous suivrons tout au long de l’intrigue. Difficile à cerner avec son passé rempli de zones d’ombre, on comprendra qu’il a sévèrement morflé et qu’il traîne encore les lourdes casseroles d’un passé absolument atroce, le genre de passé qui fait grandir un peu de traviole un gamin et qui ne lui donne pas les meilleurs cartes pour débuter dans sa vie d’adulte.
C’est une lecture de funambule que nous propose l’auteur, l’articulation entre le passé et le présent est ténue, de même que la frontière entre le réel et l’imaginaire, ce qui apporte au lecteur un perpétuel sentiment d’instabilité. Et qui dit instabilité, dit sentiment d’inquiétude, d’angoisse aussi. On ne peut se fier à personne ici, on est suspicieux envers tous et envers tout ; ne vous fiez pas aux apparences ni au gens… Jamais.
Je te hais est aussi une plongée dans une double folie : d’abord de celle qui résulte de la violence et des horreurs qu’un individu est capable de perpétré, et ensuite celle de la maladie psychologique. Difficile de vous en dire plus sans spoiler le livre.
Le mot de la fin
Il faudra vous accrocher si vous êtes un peu sensibles ou émotifs, certaines scènes sont difficiles surtout lorsqu’elles concernent les enfants ou le cannibalisme. Je ne me suis pas forcément sentie hyper choquée par les scènes difficiles, il en faut pour me bousculer moi, mais je conçois que je suis une lectrice un peu plus extrême que « la normale » et que certains passages pourront ne pas me choquer mais en bouleverser certains.
Un bon moment de lecture, divertissant. L’écriture nerveuse de l’auteur confère une dynamique intéressante à son livre, il se lit tout seul, et les quelques 400 pages seront rapidement enfilées.
Je recommande !