Coup de coeur, Editions La Martinière, Polar/thriller nordique

Sott – Ragnar Jonasson

Commencer la chronique du dernier livre de Ragnar Jonasson que j’ai lu provoque en moi deux réactions ambivalentes : le premier c’est « Oh mon dieu non, je l’ai déjà terminé », suivie d’une longue complainte de désespoir, et le second se résumerait plutôt par « il faut à tout prix que mon article assure grave pour donner envie aux lecteurs qui me suivent de le lire ».

Je sais que je deviens assommante ces derniers jours à vous parler de cet auteur sur tous les réseaux sociaux, mais quand on est une lectrice invétérée de thrillers et qu’on a un coup de cœur littéraire à ce point pour ce que fait un auteur, on a envie que tout le monde nous fasse confiance et prenne le temps de le découvrir. Je sais qu’il y a pléthore d’auteurs à découvrir, je sais que les porte-monnaie ne sont pas extensibles, je sais qu’on ne peut pas tout lire mais sincèrement, si vous aimez les thrillers d’atmosphère, vous ne pouvez pas passer à côté de lui !

Sott est le quatrième thriller de l’auteur traduit en français. J’anticipe les futures questions d’ordre de lecture que vous allez me poser, il vous faudra lire, par ordre de parution Snjor, Mork, Natt, et enfin Sott (cliquez sur les liens pour lire mes chroniques). Les quatre ouvrages peuvent être lus de manière indépendante car, bien que l’on retrouve le même enquêteur à chaque fois, les intrigues sont différentes donc aucun problème pour lire celui de votre choix. Comme d’habitude, je vous conseille de les découvrir par ordre de parution, histoire de suivre l’évolution des personnages.

Je vous parle aujourd’hui avec un grand enthousiasme de Sott, de l’islandais Ragnar Jonasson, paru le 20 septembre 2018 aux Editions La Martinière.

L’histoire (4è de couverture)

Mais que se passe-t-il encore à Siglufjördur ? L’inspecteur Ari Thor n’est pas venu à bout des secrets de ce village en apparence si tranquille.
Lui qui avait fini par se faire à la rudesse du climat et aux hivers trop longs se sent de nouveau pris à la gorge par un terrible sentiment de claustrophobie.
La ville est mise sous quarantaine car on suspecte une épidémie de fièvre hémorragique ( sótt, en islandais).

Les premières victimes succombent tandis qu’un crime vieux de cinquante ans remonte à la surface… Le huis clos se referme sur les habitants de Siglufjördur.

Un thriller d’atmosphère

Prenez une petite ville froide et isolée du nord de l’Islande et accessible seulement par un tunnel, ajoutez-lui une épidémie mortelle rapportée par un voyageur français (c’est pas moi j’le jure ! 🙂 ) et une mise en quarantaine forcée de ses habitants, saupoudrez le tout d’une histoire vieille de plusieurs décennies qui n’a pas encore livré tous ses mystères,, ajoutez enfin une journaliste pugnace et un enquêteur fouineur, et vous obtiendrez Sott !

D’une construction complexe, l’auteur mêle plusieurs intrigues distinctes, que vous suivrez tantôt côté policier, tantôt côté médiatique. Alternance de point de vue, mais alternance de rythme aussi : alors que la journaliste évolue dans les hautes sphères politiques de la capitale où plane un parfum de scandale, l’inspecteur se retrouve quant à lui coincé dans cette petite ville du nord déjà pas très animée d’ordinaire, qui en plus se retrouve coupée du monde suite à l’épidémie. Effet huis clos garanti !

On retrouve donc à nouveau le sentiment d’enfermement que l’auteur se plaît à instaurer régulièrement dans ses intrigues. Véritable chape de plomb qui pèse sur ses personnages, les lecteurs ressentiront également le poids de l’isolement, renforçant un peu plus l’impression dramatique de la situation. Ce que j’aime dans le huis clos, c’est qu’on se retrouve avec un nombre restreint de personnages, qu’on évolue dans un milieu feutré, fermé, une sorte de bulle qui nous isole de tout et qui fait que je me sens à chaque fois complètement immergée dans l’histoire. Le huis clos est un exercice difficile, car il est compliqué pour un auteur de captiver son lecteur alors que le lieu de l’action est si restreint. Ragnar Jonasson réussi avec brio cet exercice, il arrive à chaque fois à capturer et captiver mon esprit de lectrice pour me laisser, à la fin de ma lecture, avec un sentiment de vide absolu. C’est l’effet que me fait un bon bouquin, je me sens comme une coquille vide quand je l’ai terminé, et j’ai bien du mal à passer à autre chose ensuite. C’est d’autant plus vrai quand on s’attache aux personnages, et au bout de 4 tomes forcément, il y a un lien qui s’est crée avec eux, d’autant plus que l’auteur ne se contente pas seulement de les rendre acteur d’une intrigue policière, il s’attache à les rendre vivants, à les détailler sur le plan psychologique, à nous faire vivre leurs émotions…

[Comme d’habitude et à chaque fois que je vous parle d’un ouvrage nordique, je vous conseille de vous faire un petit post-it pour vous aider à retenir les noms des personnages. J’ai lu un bon nombre d’ouvrages nordiques et à chaque fois je le fais, ça rend la lecture plus confortable.]

Parlons du style…

Ragnar Jonasson ne se contente pas d’écrire un récit policier, son écriture est mélodieuse, il joue avec les mots pour faire naître en vous quelque chose qui vous prend aux tripes. Il a réussi à imposer son style, différent de ses homologues islandais tout en conservant les codes du genre qui fonctionnent le mieux, notamment ceux qui consistent à faire évoluer ses personnages dans un environnement qui prend une place importante dans l’intrigue. J’aime lire cet auteur car il a pris ce qu’il y a de meilleur dans le thriller islandais, en y ajoutant un rythme résolument plus dynamique que ses confrères.

Les lecteurs français sont compliqués, car ils attendent de multiples rebondissements, des cadavres à foison, des litres de sang et de la castagne à chaque page, au détriment de l’ambiance. Essayez de sortir de votre zone de confort, essayez de vous plonger dans autre chose, de ressentir le froid, l’angoisse de l’isolement, faites confiance à l’auteur qui vous prendra par la main pour vous faire découvrir un autre univers que celui dans lequel vous avez l’habitude d’évoluer en tant que lecteur. Il faut savoir sortir de sa routine habituelle, au risque à un moment de saturer à force de lire toujours la même chose.

Le mot de la fin

Conquise, envoûtée, confortée dans ce que j’ai ressenti à la lecture des tomes précédents. En l’espace de deux ans, l’auteur islandais s’est imposé comme un écrivain incontournable du thriller nordique en France.

Sott est une pure merveille, j’ai dit de Ragnar Jonasson dans mes précédents articles qu’il était l’étoile montante du thriller nordique, j’affirme aujourd’hui qu’il a atteint le firmament.

Je ne peux que vous recommander cette lecture, qui est pour moi un gros coup de cœur !

Pensée particulière pour Ombeline Marchon, traductrice de Sott qui a fait un merveilleux travail pour sa première traduction publiée ! C’est grâce à des personnes comme elles que les lecteurs français peuvent découvrir des auteurs étrangers !

4 réflexions au sujet de “Sott – Ragnar Jonasson”

  1. Bon ça va je ne suis pas trop compliquée. Grâce à toi j’ai découvert cet auteur et quand je lis cet avis je n’ai qu’une envie : foncez et achetez ses deux derniers livres ❤. Merciii Anaïs pour cette belle chronique 😘

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