Il est temps pour moi de vous présenter le deuxième livre qui fait partie de la sélection du Prix du Polar Points cette année. En tant que membre du jury de lecteurs, je me suis engagée à lire les 9 livres de la sélection, et j’ai décidé de publier à nouveau les chroniques des livres que j’avais déjà lus, ce qui est le cas ici. Vous le savez, je suis une grande amoureuse de l’Islande et des thrillers islandais dans leur globalité, donc j’ai lu ce livre directement à sa sortie l’an dernier chez Métailié, impossible pour moi de passer à côté d’un nouvel auteur islandais traduit en français !
Lilja Sigurdardottir est une auteure islandaise de théâtre, et Piégée est le premier livre de sa trilogie Reykjavik Noir. L’occasion pour moi de retourner encore une fois le temps de 330 pages sur ce petit bout de caillou perdu au milieu de l’Atlantique nord. Vous pouvez également découvrir ma chronique du tome 2, Le filet, chroniqué il y a quelques mois.
Sortez les doudounes, bonnets, les moufles, repoudrez-vous le nez (vous comprendrez la blague quand vous l’aurez lu !) et décollage immédiat pour l’Islande !
L’histoire
Sonja a été contrainte de devenir passeuse de cocaïne pour retrouver la garde de son petit garçon. Elle doit jouer au chat et à la souris avec des narcotrafiquants féroces, un ex-mari pervers, un avocat ambigu, une compagne envahissante.
Elle doit se montrer de plus en plus inventive, de plus en plus audacieuse. Elle doit sortir du piège dans lequel elle s’est laissé enfermer. Seule certitude, Tómas son petit garçon, lui, ne vit que pour ses week-ends auprès de sa si jolie maman.
Il y a aussi, à l’aéroport de Keflavík, Bragi, le vieux douanier, très intrigué par cette jeune femme élégante et décidée qui traverse régulièrement les salles d’embarquement.
Entre malversations et trafic de drogue, Piégée est un thriller original et brillant, mêlant une intrigue pleine de suspense, des personnages attachants et une description fantastique de la capitale de l’Islande pendant l’hiver 2010-2011, couverte de cendres et sous le choc du krach financier.
Un thriller de société
Si les thrillers islandais répondent presque toujours aux mêmes codes d’écriture, Lilja Sigurdardottir fait souffler ici un vent de fraîcheur, inscrivant son histoire dans un thème relativement peu abordé par les auteurs du pays, celui du trafic de drogues. Certes, Indridason et Thorarinsson évoquent régulièrement ce fléau dans leurs bouquins, mais je n’ai pas souvenir que l’un d’entre eux ait fait une focale aussi précise sur ce trafic. Ici, point de meurtres ni d’enquête policière ou journalistique, on suit le parcours d’une jeune femme banale, tombée dans la poudre pour subvenir à ses besoins et dans le but unique d’avoir assez d’argent pour récupérer son fils et subvenir correctement à ses besoins.
S’il y a bien une caractéristique qui est presque systématiquement mise en avant dans les thrillers islandais des différents auteurs dont je vous ai parlés, c’est une certaine étude de la société islandaise. Cela est très certainement le résultat de leur isolement géographique, mais c’est un peuple qui aime profondément son pays, même s’ils répondent toujours présents pour fustiger les travers qui le gangrènent (drogue, milieu politique corrompu, etc).
L’action principale se déroule entre 2010 et 2011, en pleine période succédant la grosse crise de 2008 qui a plongé le pays dans un black-out financier quasi total, et en pleine période post-éruption de l’Eyjafjallajökull (vous savez, le volcan qui a fichu un beau bordel dans l’espace aérien il y a quelques années ? ) qui a recouvert de cendres une partie du sud de l’île.
Piégée est une immersion dans la vie de personnages qui doivent rendre des comptes à la justice après l’effondrement du système bancaire du pays. L’emploi se fait rare, l’argent aussi, et certains sont obligés de passer dans l’illégalité pour s’en sortir. Mais ne vous y trompez pas, ce livre est bel et bien un vrai thriller, avec son lot de sales types, de suspens et de rebondissements ! Le rythme de l’action est… Islandais 🙂 C’est un livre qui prend son temps, sachez-le, pas de rebondissement à chaque chapitre ni de cliffhanger toutes les 5 pages. L’action est différente, certes, mais je pense qu’on ne peut pas forcément lire uniquement des thrillers où ça castagne toutes les deux pages. Vous finiriez pas être épuisés, et trop d’action tue l’intrigue, car cela décrédibilise par moment le récit… A partir du moment où j’ai compris que le polar nordique n’était pas calqué sur le thriller américain ou français qui va à 100 à l’heure, j’ai réussi à apprécier mes lectures ; j’ai compris qu’on pouvait prendre son pied dans un thriller sans que ça castagne sans arrêt dans tous les sens. Il faut que l’auteur joue avec l’ambiance, l’environnement, et Lilja Sigurdardottir le fait très bien ici.
Les relations au cœur du récit
Là où le livre est intéressant également, c’est que les sentiments sont au cœur de l’histoire, que ça nous donne un camaïeu de personnages attachants, et que ça nous implique émotionnellement parce qu’on a envie de les voir s’en sortir. On forme un tout avec eux, on plonge dans leur identité, on adhère à leur attitude, on va même jusqu’à les dédouaner des choses pas très catholiques qu’ils font pour s’en sortir…
On assiste à certains moments très touchants de la vie de ce petit monde, sans pour autant tomber dans le pathos. Une véritable bouffée d’oxygène dans la violence des épreuves qu’ils ont à subir !
L’Islande
Impossible pour moi de parler d’un thriller islandais sans évoquer le pays… L’action se situe entre l’aéroport de Keflavik que je connais bien, et la ville de Reykjavik, avec quelques passages qui se situent dans les communes alentours et dans la campagne environnante. On découvre une capitale en plein hiver, quand le soleil commence à se faire rare (autre trait commun avec ses homologues islandais!) et j’ai aimé me retrouver dans ces rues et ces endroits que je connais.
Mention spéciale pour le passage qui se situe dans THE restaurant à ne pas manquer de la ville, le Seagreifinn, que tout voyageur se doit de découvrir! L’évocation de ce lieu m’aurait presque filé la larme à l’œil tant les souvenirs sont forts !
Le mot de la fin
J’ai vraiment bien accroché à ce livre, Lilja Sigurdardottir a réussi à faire quelque chose de nouveau dans le paysage littéraire islandais, elle parle des problèmes de sa société sans pour autant tomber dans une espèce de pamphlet long et ennuyeux.
Je recommande !
Bon, bah, voila, t’as une fois de plus réussi a attirer ma curiosité et je sens que ma paralysie des main va pas tarder à disparaître 🙂 🙂
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Me voilà bien tentée ! Je me note ce thriller pour plus tard ^^
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Un bon thriller islandais, rien de mieux ! Je note 😁
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J’espère qu’il te plaira autant qu’à moi !
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Ta chronique donne envie de découvrir ce livre 😍. Et comme tu dis quand on comprend que le polar/thriller islandais n’est pas une course contre la montre, on plonge plus facilement dans cette ambiance si propre aux pays nordiques ❤.
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Je suis complètement d’accord avec toi, surtout quand on a des auteurs comme Arnaldur Indridason ou Ragnar Jonasson qui réussissent à créer une ambiance très forte dans leurs livres.
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