Editions La Martinière, Non classé

Qaanaaq – Mo Malø

Ce livre et moi, on était destiné à s’aimer, c’était écrit d’avance… Une intrigue qui se déroule au Groenland, pays de tous mes fantasmes de voyages, sur fond d’enquête policière, une couverture absolument magnifique, sans doute la plus belle de ma bibliothèque, une communication maîtrisée à 100% par la maison d’édition et par l’auteur qui s’est prêté au jeu sur les réseaux, bref, tout était fait pour engendrer un climat de quasi hystérie chez moi… Ce que je ne savais pas, par contre, c’est si j’allais adhérer à l’écriture de l’auteur, qui s’est voulu anonyme pour la parution de Qaanaaq.

Si vous me suivez sur les réseaux sociaux, vous avez pu lire ici et là de nombreux posts à son sujet durant ma lecture qui n’a pas été bien longue malgré la taille conséquente du bouquin, 490 pages tout de même.

Cet article n’est pas une chronique ordinaire, c’est une véritable déclaration d’amour d’une lectrice à son livre tout juste terminé…

Je vous parle aujourd’hui de Qaanaaq, de l’auteur Mo Malø, paru le 31 mai 2018 aux Editions La Martinière.

P.S. On arrête illico de prononcer le titre « Kanak » c’est « Hraanaaq », avec un H et un R qui sortent du fond de votre gorge, c’est bien compris ? 🙂

L’histoire (4è de couverture)

Dans le vaste pays blanc, l’esprit de Nanook se réveille. Le grand ours polaire, seigneur des lieux, protégera les siens. Jusqu’au bout.

Adopté à l’âge de trois ans, Qaanaaq Andriensen n’a jamais remis les pieds sur sa terre natale, le Groenland. C’est à contrecoeur que ce redoutable enquêteur de Copenhague accepte d’aller aider la police locale, démunie devant ce qui s’annonce comme la plus grande affaire criminelle du pays : quatre ouvriers de plateformes pétrolières ont été retrouvés, le corps déchiqueté. Les blessures semblent caractéristiques d’une attaque d’ours polaire. Mais depuis quand les ours polaires crochèten-ils les portes ?

Flanqué de l’inspecteur inuit Apputiku – grand sourir édenté et chemise ouverte par tous les temps -, Qaanaaq va mener l’enquête au pays des chamanes, des chasseurs de phoques et du froid assassin. Et peut-être remonter ainsi jusqu’au secret de ses origines

Nom d’un p’tit ours polaire, mais quel bouquin mes amis !!!

J’aurais pu ne pas accrocher, j’aurais pu être déçue de l’histoire et de l’écriture car finalement, ce qui m’a rendu proche de l’hystérie avant parution, c’est tout la com’ qui a été faite dessus, les magnifiques photos publiées sur Facebook par l’auteur de la photographe Elise Fournier, de même que l’anonymat de l’auteur qui a déchaîné les foules sur les réseaux… Ouais… j’aurais pu être déçue… Sauf que ça a été complètement l’inverse, car j’ai été dans une sorte de transe durant ma lecture et je peux dire que ce bouquin va figurer en excellente place de mes lectures 2018… Bon, soyons honnête, ce livre est mon deuxième immense coup de cœur de l’année. J’en ai eu, des excellentes lectures cette année, mais entre adorer un bouquin, et passer à l’étape de coup de cœur, il faut qu’il y ait quelque chose en plus, quelque chose qui me fasse vibrer, et dieu que j’ai vibré ici !

Qaanaaq n’est pas seulement un thriller, non, il est un formidable livre de voyage qui vous emmènera aux confins des terres vierges et glaciales du grand nord de l’Europe. Si l’auteur s’attache à planter solidement son décor dans une bonne centaine de pages, l’aspect thriller est toujours là, tapi dans l’ombre des descriptions de paysages blancs et enneigés de l’immense île du Groenland. L’enquête policière n’est jamais bien loin, mais c’est une enquête qui prend son temps, à l’image des polars nordiques d’un célèbre auteur islandais dont je ne cesse de vous parler… Parce que forcément, au Groenland, on n’enquête pas au même rythme qu’au 36 Quai des Orfèvres en France, car, à meurtres exceptionnels, enquête exceptionnelle… Et c’est dessus que vous devez vous focaliser si vous vous sentez un peu perdu au début de votre lecture. Prenez le temps de plonger dans les pages glaciales de Qaanaaq, faites confiance à l’auteur parce que ce qu’il va vous proposer est certes différent des thrillers qui vont à 100 à l’heure que nous affectionnons tous, mais il y a tellement plus qu’un simple thriller dans les pages de ce bouquin ! Si certains ont pu ressentir une certaine lenteur durant les premières pages, je dirais que c’est surtout parce qu’il est nécessaire de planter le décor : vous allez être confrontés à un pays que vous ne connaissez pas, à des noms de personnages compliqués (je ne cesserai de le dire, prenez des notes sur les prénoms !!), à des évocations de traditions ancestrales que vous ne connaissez pas et qui ne font référence à aucun culture que vous connaissez, et c’est humain de se sentir par moment engloutis dans ces détails. C’est parce que nous avons une culture commune que nous nous sentons proches les uns des autres, mais il y a tellement à prendre chez « l’Autre », celui qu’on ne connaît pas… C’est tellement enrichissant ! Sortez de votre zone de confort, et laissez-vous porter…

Et puis, passé la centième page, c’est un nouveau livre qui s’offre à vous. Le vrai thriller, l’enquête qui s’accélère, les rebondissements judicieusement placés et finalement vous verrez que ces détails qui vous ont paru compliqués ne seront plus qu’un lointain souvenir. Et cette enquête va vous emmener bien plus loin que dans une simple enquête de routine dans une petite ville groenlandaise : rien n’est aussi simple qu’il n’y paraît, ici…

L’auteur documente largement son ouvrage, y fait des références multiples à la vie groenlandaise, à leurs traditions, à leur culture, à leur Histoire. Autant, les thrillers trop documentés sur le plan scientifique ont tendance à me gonfler sévère, autant quand lorsqu’il s’agit de voyage, je suis littéralement conquise !

Niveau écriture, c’est dense, mais c’est très fin quand on y regarde d’un peu plus près. C’est un livre très imagé, avec de nombreuses métaphores, qui prêtent parfois à sourire ou à rire d’ailleurs. Ça permet d’apporter un peu de légèreté dans une intrigue et un environnement de nuit polaire très sombre. Je me suis énormément attachée à Qaanaaq, le personnage principal avec son enfance compliquée, je l’ai trouvé très vrai, d’une profondeur et d’une humanité qui fait qu’il balaye tous les autres sur son passage.

Le mot de la fin

Fulgurant coup de coeur pour Qaanaaq ! Je suis absolument conquise !

Ce livre possède absolument tout ce que j’aime, il y a l’enquête, mais il y a également les évocations de la culture et de la société groenlandaises qui ancrent solidement le lecteur dans l’intrigue, le font voyager mine de rien alors qu’il a l’impression de ne lire qu’un simple thriller, ça donne un côté très immersif. Les descriptions des paysages et de l’environnement ont littéralement fait fondre mon cœur de globe-trotteuse, mon cœur d’amoureuse des pays nordiques. C’est bien les thrillers qui vont vite et qui te claquent un rythme d’enfer qui ne te laisse pas le temps de respirer, mais quel pied de prendre le temps, justement, de respirer un grand bol d’air dans une lecture, quel pied ces bouquins où les paysages deviennent presque des personnages immatériels à part entière, prenant toute la place dans le récit.

Dépaysement garanti !

Je sens que mes futures lectures vont être bien fades dans les jours à venir… Bravo Mo Malø, il en faut pour me mettre dans cet état !

2 réflexions au sujet de “Qaanaaq – Mo Malø”

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