Arnaldur Indridason, Editions Métailié Noir, Islandais, Nordique

Passage des ombres – Arnaldur Indridason

7 longs mois que je l’attendais. Je n’en ai fait qu’une bouchée, je l’ai terminé en quelques heures, et je me sens complètement vide maintenant… C’est toujours comme ça après avoir terminé un livre d’Indridason… Histoire de ne pas être dérangée, j’ai fichu tout le monde dehors : Mr Serial Lecteur au boulot, le chat… – Bon ok… Je ne peux rien refuser au chat… – Et me le suis enfilé d’une traite !

Arnaldur Indridason, je vous en parle partout sur les réseaux sociaux, sur mon blog, en long, en large, en travers, parce qu’il mérite d’être encore plus lu qu’il ne l’est déjà ! Il est ma crème de la crème, il est mon auteur préféré et c’est toujours dans une quasi hystérie que je découvre chacun de ses nouveaux livres.

Celui dont je vais vous parler aujourd’hui clôture de manière magistrale La trilogie des ombres, commencée par Dans l’ombre, continuée avec La femme de l’ombre. Le troisième tome, Passage des ombres, dont je vais vous parler aujourd’hui, peut parfaitement être lu de manière indépendante, mais quel dommage de ne pas découvrir les deux autres avant !

J’ai eu la chance de pouvoir lire ce tome 3 un peu avant tout le monde, histoire que je puisse vous en parler au moment de sa sortie, et je vous en parle aujourd’hui avec tout l’enthousiasme que j’ai ressenti durant ma lecture.

Vous êtes prêts ? Direction le Passage des ombres, aux côtés de l’auteur islandais Arnaldur Indridason. Le livre paraîtra le 3 mai 2018 aux Editions Métailié, et il a été traduit par l’incontournable Eric Boury.

P.S : n’oubliez pas de vous habiller chaudement.
P.S 2 : si vous n’avez pas envie de lire toute la chronique, je vous fais un résumé très court : courez vite l’acheter ! 🙂

L’histoire (4è de couverture)

Un vieil homme solitaire est retrouvé mort dans son lit. Il semble avoir été étouffé sous son oreiller. Dans ses tiroirs, des coupures de presse sur la découverte du corps d’une jeune couturière dans le passage des Ombres en 1944, pendant l’occupation américaine.

Pourquoi cet ancien crime refait-il surface après tout ce temps ? La police a-t-elle arrêté un innocent ?

Soixante ans plus tard, l’ex-inspecteur Konrad décide de mener une double enquête. Jumeau littéraire d’Erlendur, il a grandi en ville, dans ce quartier des Ombres si mal famé, avec un père escroc, vraie brute et faux spirite. Il découvre que l’Islande de la « situation » n’est pas tendre avec les jeunes filles, trompées, abusées, abandonnées, à qui on souffle parfois, une fois l’affaire consommée, « tu diras que c’était les elfes ».

Un polar prenant qui mêle avec brio deux époques et deux enquêtes dans un vertigineux jeu de miroirs. Où l’on découvre que les elfes n’ont peut-être pas tous les torts et que les fééries islandaises ont bon dos…

Entre tradition et modernité

Le livre est construit sur plusieurs dualités, l’auteur étant un habitué de cet exercice de style.

D’abord, alternance de période. Si vous lisez Indridason régulièrement, vous savez que c’est très récurrent chez lui : un élément nouveau émerge, à notre époque contemporaine, et conduit un flic à se replonger dans une enquête passée. Dès lors, nous naviguons entre deux périodes, ici pendant la Seconde Guerre Mondiale où l’Islande était occupée par les militaires britanniques et anglais, et notre époque actuelle, du moins c’est ce que j’imagine car aucune mention n’est faite au niveau des dates. Et ça, c’est nouveau dans la trilogie des Ombres ! Alors que dans les deux premiers tomes, nous nous sommes plongés intégralement dans les années 40, cette fois l’auteur a pris le parti de situer une bonne moitié de son intrigue à notre époque, comme s’il nous préparait déjà mentalement à refermer cette parenthèse littéraire qu’a été la trilogie dans sa bibliographie, pour revenir à des intrigues contemporaines. Comme s’il nous préparait tout doucement à revenir à la série Erlendur… J’extrapole peut-être, car je ne sais pas si la prochaine parution verra le retour de notre cher Erlendur (qui me manque telllleeeement !), mais en tout cas le sentiment que j’ai eu est que la boucle est bouclée, la parenthèse se ferme et on peut reprendre là où s’était arrêté…

Ensuite, il met en lumière cette ambivalence qui caractérise la société islandaise, une société qui se veut résolument moderne et ouverte sur le monde, et en même temps qui est profondément attachée à ses racines, ses traditions, ses Sagas et son folklore. Le bandeau du livre titrait « Tu diras que c’était les elfes » a éveillé ma curiosité parce que je me demandais comment l’auteur allait pouvoir écrire un thriller réaliste, comme il a l’habitude de le faire, tout en parlant des Elfes, ce peuple caché, qui nourrit encore à l’heure actuelle les contes islandais et l’imaginaire collectif. Et bien il l’a fait, et c’est vachement bien mené !

Trêve de bavardages Anaïs, t’as aimé, ou pas ?

Oui, un grand oui ! Oui parce que le suspens est là, oui parce que l’atmosphère est là, oui pour la poésie et la musicalité que l’auteur arrive à mettre dans son thriller, oui parce que j’ai aimé ses personnages, profondément humains, oui aussi pour le spleen qui reste en moi tant je me suis attachée à eux et que j’ai du mal à me dire que je ne les retrouverai plus. Il n’a rien manqué à ma lecture, je ne me suis jamais lassée, ennuyée. Oh je me perds toujours un peu dans les noms islandais, c’est vrai, mais quelques notes sur un post-it plus tard et tout va bien ! Ne vous laissez pas dépasser par cette difficulté, franchissez le cap, et découvrez cet auteur, si ce n’est pas encore déjà fait !

Ah, j’ai oublié de vous parler du rythme ! C’est l’inquiétude principale des lecteurs qui envisagent de découvrir un nouvel auteur scandinave. Ils ne sont pas forcément réputés pour être très dynamiques la plupart du temps, préférant jouer sur l’atmosphère qui se dégage des pays du nord. Pourtant, comme je vous le disais dans mes deux précédentes chroniques, Indridason a bousculé les codes du thriller scandinave pour nous proposer une intrigue bien plus dynamique, calquée sur le thriller européen, histoire de plaire au plus grand nombre.

Le mot de la fin

Ainsi s’achève cette Trilogie des ombres. Je n’arrive toujours pas à faire mon deuil de la série Erlendur, je crois dur comme fer qu’il va revenir, mais passé le premier tome de la la trilogie, j’ai été complètement embarquée dans cette nouvelle histoire, avec ces nouveaux personnages. Ils n’ont peut-être pas le charisme d’Erlendur, mais ils sont profondément attachants et je regrette d’être arrivée à la fin de cette série. C’est un deuil perpétuel d’être lecteur en fait. On entre dans un univers, on apprend à l’apprivoiser, on s’attache, et puis c’est la fin…

Indridason est mon Maître. Plus je le lis, plus mon sentiment se confirme. Il est l’écrivain qui me fait le plus vibrer, il est celui que je lis sans même lire sa 4è de couverture. Je reste néanmoins toujours objective dans mes lectures, il peut m’arriver de ne pas accrocher à un de ses livres comme Le duel par exemple, mais c’est assez rare malgré tout.

L’auteur a su se réinventer, il a su sortir de sa zone de confort, il nous a poussé aussi, nous lecteurs, à sortir de notre zone de confort, et le pari est largement réussi.

Inégalé jusqu’à aujourd’hui, bien qu’il soit bien entouré sur la scène littéraire islandaise, il en impose sévère grâce à des intrigues toujours différentes, sans aucune redondance, et une atmosphère presque palpable qui ajoute du corps et de la crédibilité à l’intrigue.

Mon petit doigt me dit que vous allez devoir rester connectés dans les jours à venir, car il se pourrait que je vous prépare un petit quelque chose, en lien avec ce livre… 🙂

Bonne lecture à tous !

7 réflexions au sujet de “Passage des ombres – Arnaldur Indridason”

    1. S’il y a Thilliez, pour moi, côté français, il y a Indridason pour le côté islandais… Je dirais même nordique d’ailleurs, car il a, depuis longtemps, dépassé les frontières de l’Islande !
      Bonne journée à toi 🙂

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  1. Voilà un commentaire très enthousiaste et enthousiasmant sur Indriðason. Je partage votre engouement pour l’auteur. Cependant, vous écrivez  » l’auteur a pris le parti de situer une bonne moitié de son intrigue à notre époque, comme s’il nous préparait déjà mentalement à refermer cette parenthèse littéraire qu’a été la trilogie dans sa bibliographie ». Je ne pense pas que votre analyse soit juste car, si, en France, Passage des ombres clôt cette trilogie, en Islande, il s’agit du premier tome écrit par Indriðason. L’éditeur français a choisi de bouleversé l’ordre de parution pour respecter la chronologie historique.
    Bonnes lectures. J’attends aves intérêt et curiosité le petit quelque chose que vous nous préparez.

    http://www.polardesglaces.com/

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    1. Je ne savais pas pour l’ordre de parution. Finalement je ne trouve pas ça plus mal que les Editions Métailié aient publié ce livre en dernier. ça m’a vraiment donné le sentiment de « la boucle est bouclée ». Espérons que nous retrouverons Erlendur prochainement 🙂
      Au plaisir !
      Anaïs

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