Editions Bragelonne, Italien

Le mal en soi – Antonio Lanzetta

Vous l’avez peut-être rencontré le week-end dernier au Quai des polars à Lyon, Antonio Lanzetta est l’auteur d’un livre qui vient tout juste de paraître chez Bragelonne Thriller, et mon petit doigt me dit qu’on va encore en entendre parler, parce que pour une première parution en France, attention les amis, y a du niveau !

Non seulement ce livre est un bon thriller, mais en plus, moi qui aime voyager dans mes lectures (et voyager tout court), c’est réussi ! Je suis partie cette fois pendant près de 300 pages dans le sud de l’Italie ! Je lis très peu de thrillers italiens, à part Sandrone Dazieri ou plus récemment Valerio Varezi auquel je n’ai pas du tout accroché, et j’ai été ravie de découvrir Antonio Lanzetta !

Je vous parle aujourd’hui de son premier livre édité en France, Le mal en soi.

L’histoire (4è de couverture)

Le petit bourg de Castellaccio, dans la région du Cilento, au sud de l’Italie, abrite un très vieux saule. À la fin de l’été 1985, on a retrouvé le corps de la jeune Claudia pendu à ses branches, sa tête décapitée gisant entre les racines. Trente et un an plus tard, pendue au même arbre, torturée de la même façon, la dépouille grouillante de vers d’une autre jeune fille contemple Damiano Valente, le Chacal, un célèbre écrivain de true crime. L’Homme du saule est revenu à Castellaccio.
Hypersensible, méthodique et acharné, le visage rongé de cicatrices et condamné à traîner sa jambe brisée, tenant grâce à la morphine, Valente est hanté par cet été de la peur où lui et ses amis Claudia, Flavio et Stefano ont été fauchés par la haine, la folie et la mort. Quand le commissaire De Vivo l’appelle sur l’enquête, la traque peut commencer.

Ami lecteur, tu veux du sombre ?

Et bien tu vas en avoir !

La construction de ce thriller est classique car on retrouve la traditionnelle alternance de période entre le passé et le présent, et ça me plaît car ça permet toujours d’aborder l’intrigue de deux manières différentes et de constater les conséquences des événements qui se sont passés sur la période actuelle. Forcément, on ne nous la fait pas à nous, serial lecteurs de thriller, on sait que tout est lié !

Ici, plus que n’importe où, nous ressentons le poids du passé qui peut peser sur toute une vie, celui qu’on traîne comme un boulet et qui nous empêche parfois d’avancer, ou de tirer un trait sur un événement douloureux. Ici, c’est le poids des non-réponses, le poids d’un drame qui a eu lieu une trentaine d’années en arrière, le meurtre de Claudia une jeune adolescente. Et c’est un nouveau meurtre, à notre époque cette fois, qui va raviver ces souvenirs douloureux, ça leur revient en pleine tête, comme un boomerang…

Ce qu’il y a de différent dans ce livre, par rapport aux autres thrillers, c’est que deux sentiments ambivalents se côtoient tout au long de notre lecture et je n’ai pas souvenir de retrouver quelque chose de semblable dans les livres que j’ai pu lire, comme s’il y avait une rupture franche et nette, un avant et un après. Il y a tout d’abord la période de l’insouciance, faite de rires, de joie, on est au sein d’une petite bande de potes attachante et on partage leur quotidien et leurs premiers émois amoureux. On sait que le drame va se produire car l’auteur nous en a parlé dès le début, mais on profite de ces interludes tout en légèreté. Et puis, à l’inverse, la partie de l’intrigue qui se déroule à notre époque est d’une noirceur sans limite, dans le genre « noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir », les mots d’ordre sont nostalgie, déprime, et colère du passé qui gronde et risque de faire des dégâts. Car ce nouveau meurtre, c’est un peu comme si on jetait de l’alcool sur une plaie béante : c’est violent, c’est douloureux, anxiogène.

Le ton du livre est d’ailleurs donné dès les premières pages où nous assistons à la découverte d’un cadavre, et croyez-moi, c’est pas beau à voir, du genre vers qui grouillent, cadavre pendu à un arbre et tête qui repose à côté. Ouais, il fait pas dans la dentelle Antonio Lanzetta, même si finalement cela ne dure que quelques pages. Il a su distiller de l’horreur, mais de manière parcimonieuse.

Le mot de la fin

Le mal en soi n’est pas seulement un thriller, il est une formidable histoire d’amitié et une invitation au voyage parce que l’Italie y est décrite de manière à vous donner envie de prendre vos billets d’avion pour aller y passer quelques jours (ok, il m’en faut peu pour me donner envie de prendre des billets d’avion, je vous l’accorde ! )

L’auteur a placé les sentiments humains en plein cœur de son intrigue, ce qui provoquera invariablement de l’empathie de la part du lecteur envers eux. La trahison, l’amour, l’amitié, la souffrance, la nostalgie, le deuil impossible et la vengeance sont déclinés sous toutes leurs formes, donnant une sensibilité particulière à la plume d’Antonio.

C’est un livre qui se lit d’une traite, et la seule difficulté que j’ai éprouvée c’est que je ne suis pas habituée aux noms italiens et que j’ai dû prendre des notes au début car j’ai eu tendance à me perdre dans les personnages, leurs prénoms qui avaient tous des « O » dedans, j’ai eu du mal à m’y retrouver… Mais ça, c’est propre à moi, et un petit post-it plus tard tout est rentré dans l’ordre.

Je recommande chaudement ! Un auteur à suivre !

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