J’ai entendu tout et son contraire sur son livre, mais le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’a pas laissé indifférents les dizaines de lecteurs de mon entourage qui l’ont déjà découvert ! J’ai l’impression d’ailleurs d’être un peu à la ramasse en le lisant seulement maintenant alors qu’il a fait un gros buzz lors de sa sortie, mais comme on ne peut pas tout lire en même temps, je viens seulement de le découvrir et… Et bien vous verrez un peu plus tard si j’ai accroché ou non (c’te suspense que je vous fais hein ! 🙂 )
Je vous parle aujourd’hui de La fille d’avant, de JP Delaney, paru en broché aux Editions Mazarine, et qui vient tout juste de paraître aux Editions Le Livre de poche ; il fait d’ailleurs parti de la sélection 2018 du Prix des Lecteurs.
L’histoire (4è de couverture)
Lorsqu’elle découvre le One Folgate Street, Jane est conquise par cette maison ultramoderne, minimaliste, parfaite pour tourner la page après le drame éprouvant qu’elle vient de vivre. Mais, pour la louer, il faut se plier aux règles draconiennes imposées par son architecte, Edward Monkford, aussi mystérieux que séduisant. Notamment répondre régulièrement à des questionnaires intrusifs. Jane apprend bientôt qu’Emma, la locataire qui l’a précédée, lui ressemble trangement et a connu une fin tragique. Irrémédiablement, Jane s’engage sur la même voie, fait les mêmes choix, croise les mêmes personnes… Et ressent la même terreur que la fille d’avant.
Atmosphère, atmosphère !
L’auteur a pris le parti d’écrire un thriller d’atmosphère plutôt qu’une intrigue multipliant les rebondissements et les effets spectaculaires. Il y en aura, bien sûr, mais placés de manière stratégique histoire de mettre en place un climat malsain et de faire monter l’angoisse crescendo.
A l’image de la maison dans laquelle se déroule 95% de ce livre, je dirais que l’intrigue est, elle aussi, minimaliste : prenez deux femmes, enfermez-les à plusieurs années d’intervalle dans une maison hors norme, ajoutez-y un homme, le proprio, architecte complètement fracassé du ciboulot, faites-les évoluer dans cette habitation glaciale de par son architecture, où des dizaines de règles sont imposées aux futurs locataires triés sur le volet, toutes plus ahurissantes les unes que les autres, ajoutez un soupçon de manipulation et vous obtiendrez La fille d’avant ! Et malgré un rythme d’écriture plutôt calme, et bien ça marche ! en tout cas ça a fonctionné chez moi car à partir du moment où j’ai commencé ce livre, je n’ai pas réussi à le lâcher et j’ai été en quelque sort obsédée par cette histoire ! Il y aura bien des rebondissements, des découvertes macabres, des errances morales qui mettront du piment dans cette intrigue, mais ce n’est pas ça le cœur du livre, non. Le point central, c’est l’incroyable manipulation qui est mise en oeuvre envers ces deux femmes, c’est de constater par quels moyens et avec quelle facilité il est possible de faire ce qu’on veut de l’esprit de quelqu’un fragilisé par un drame ou par un besoin de changement de vie.
Qu’est-ce qui a crée cette obsession en moi pour ce bouquin, je n’en sais rien, je ne me l’explique pas car vous savez que j’aime les histoires qui tabassent et vont à cent à l’heure d’habitude, et là, vous l’aurez compris, ce n’est pas vraiment le cas. Je dirais que c’est très certainement lié au climat que l’auteur fait peser sur son récit, aux choses qu’il nous cache et à sa capacité à générer un sentiment de doute tout au long de notre lecture, sentiment qui prendra de plus en plus de place au fil des pages.
Sortez-moi de là !
L’histoire est racontée par deux points de vue alternatifs, les deux locataires de la maison, et nous changeons en effet de narratrice à chaque chapitre. On voit leur vie évoluer, nous sommes au plus proche d’elles, nous sommes omniscients, comme pris à témoin grâce à l’utilisation du « Je ». Du coup, non seulement j’avais moi aussi l’impression de déambuler dans ces grandes pièces vides privées de chaleur et d’âme, mais j’ai aussi et surtout eu l’impression d’y être inconsciemment enfermée, comme prisonnière de cette saleté de baraque et de la manipulation exercée sur ces deux jeunes femmes. On peut dire que niveau manipulation, l’auteur fait fort avec ses lecteurs !
Pourtant, on ne peut pas dire que je me suis identifiée à elles, car je n’ai pas appréciée leurs personnages. Je suis du genre femme rebelle à qui on n’impose pas grand chose, et ces deux-là sont complètement à l’opposé, elles se laissent aveugler par la prestance et l’aura de celui qui en fera ses pantins et objets sexuels. J’ai d’ailleurs parfois eu envie de les secouer pour qu’elles arrêtent d’être aussi faibles et mièvres, pas de doute qu’elles et moi ne pourrions pas nous entendre dans la vraie vie !
Sérieusement, je me suis sentie très mal dans cet environnement que je qualifierais d’hostile. Cette maison est quasiment personnifiée sous la plume de Delaney, elle prend toute la place dans la vie de nos protagonistes. Les deux femmes sont libres de leurs mouvements certes, mais quelque chose les attire irrémédiablement vers cette bâtisse ultra-moderne, elles en viennent à créer elles-même, leur propre huis-clos.
Le mot de la fin
Si vous cherchez un nouveau Home Sweet Home, et que vous visitez le One Folgate Stress, fuyez loin, très loin ! N’y entrez pas, ne tombez ni sous le charme de cette maison, ni du propriétaire des lieux.
Si vous pensiez que les maisons d’horreur ressemblaient toutes à de vieilles bâtisses délabrées perdues au fin fond d’une zone isolée, vous allez changer d’avis après cette lecture ! Il est parfois tellement plus facile de cacher certaines horreurs derrière des surfaces lisses et blanches…
Angoissant et malsain à souhait, je recommande !
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