Première frayeur : « Oh mon dieu c’est du fantastique. »
Deuxième frayeur : « Oh putain ça ne se passe pas à notre époque mais dans les années 70… »
Respire Anaïs, respire, ça va bien se passe. Tu fais confiance à Olivier Bal, le premier bouquin que tu as lu de lui est sur ton podium de tes livres préférés de toute ta vie de serial lectrice… ça va bien se passer, y a pas de raison…
Les limbes, c’était ma lecture à haut risque de l’année, celle qui me fait sortir du terrain battu dans lequel je me complaisais depuis près de 10 ans, refusant de lire quoique ce soit d’autre que du polar ou du thriller réaliste. Olivier Bal a signé un ouvrage, Mille morts, dont je ne cesse de vous parler et qui est dans mon top 10 de mes livres préférés tout genre et période de lecture confondus, et il était inconcevable pour moi de ne pas essayer de lire son thriller fantastique. Pour en avoir parlé longuement avec lui lors du salon Seille de crime en novembre dernier, j’étais partant pour le lire, avec le risque que je n’arrive pas à accrocher en raison de son genre qui n’est pas mon genre de prédilection. Je n’aurais pas pu aller jusqu’au bout si je n’avais pas accroché, de toute façon.
Rares sont les auteurs qui ont réussi à capter mon attention avec ce genre littéraire. Jusqu’ici, il n’y en a eu que trois : Bram Stocker (fantastique, mais pas thriller), Sire Cedric, et Andy Weir. Je peux maintenant ajouter un quatrième nom, parce que ce livre, je ne l’ai pas lu, je l’ai englouti !
Je vous parle aujourd’hui du livre Les limbes, d’Olivier Bal, paru le 1er mars 2018 aux Editions De Saxus.
Fermez les yeux, relaxez-vous, tenez-moi la main, je vous emmène dans un voyage déroutant pour explorer le monde des rêves.
L’histoire (4è de couverture)
Vietnam, 1970.
James Hawkins est une jeune recrue. Durant un assaut, il prend une balle dans la tête et croit mourir. Après un mois de coma, et tandis qu’il essaie de se rétablir dans un hôpital de Saïgon, il découvre que quelque chose s’est éveillé en lui. Ses nuits deviennent des épreuves, son sommeil et ses rêves ne lui appartiennent plus. Désormais, lorsqu’il dort, il visite les songes des autres… Seuls les médicaments l’empêchent de rêver.
Un an plus tard, un ancien frère d’armes, Nate Irving, vient frapper à sa porte. Il est venu le chercher pour participer à un projet secret : les Limbes. Direction une base perdue au fin fond de l’Alaska opur une aventure aux frontières de la peur et de la folie, une aventure qui les entraînera au cœur des rêves pour percer le mystère des Limbes.
Fantastique ?
Oui mais pas tant que ça en fait !
Le livre commence par des faits bien réels : la guerre du Vietnam, le quotidien des soldats, la violence de la guerre, les morts, le sang, une balle tirée dans la tête de James, le coma, puis le retour à la vie normale… Enfin presque… Car il y a maintenant les rêves, ou plutôt les cauchemars. Violents, prémonitoires, difficilement maîtrisables à moins de s’assommer tous les soirs à coup de cachetons. Et puis, le pétage de plomb qui guette en raison du manque de sommeil et de la violence qui se passe dans cette autre vie qui commence pour lui lorsqu’il rêve. Le salut viendrait-il de ce scientifique un peu fou qui lui propose de participer à une expérimentation en plein cœur de l’Alaska ? Pas si sûr…
De cette introduction découle ensuite une longue partie, je dirais les trois quart du livre, axée sur les recherches scientifiques. C’est l’arrivée en Alaska, le début des expériences scientifiques, et là, je suis dedans, à fond, je n’en décroche plus que pour aller dormir, parce que moi aussi il faut bien que je dorme un peu, même si je vais me coucher un peu moins rassurée que d’habitude après ce que je viens de lire… C’est voulu par l’auteur, il fait tout pour nous conduire dans son univers, dans sa réalité. Il nous enferme dans un huis clos, un bunker perdu dans une contrée lointaine, aux côtés des personnages. Cela contribue à nous immerger totalement dans ce monde sombre de la nuit et des rêves qui la peuplent. C’est une sorte de réalité parallèle qui se met en place, où nous oscillons entre éveil et onirisme car la frontière est parfois mince entre les deux. Vous vous déconnecterez dans votre réalité pour plonger dans la sienne.
Cette longue partie est aussi divertissante qu’instructive car l’auteur a décidé de s’appuyer sur l’Histoire du rêve à travers les siècles, et sur des éléments scientifiques concrets. Ce que vous lirez à ce sujet est bien réel, et j’ai apprécié que ce thriller soit largement documenté. J’ai également apprécié d’avoir des explications scientifiques claires, avec un jargon adapté au commun des mortels et surtout aux plus réfractaires qui n’ont jamais compris grand-chose aux sciences comme moi. C’est vulgarisé, c’est adapté à tous et la crédibilité que ces éléments donnent viennent contrebalancer le fantastique présent dans le bouquin. Moi j’ai besoin d’y croire quand je lis un livre, j’ai besoin de me dire que ça existe, et que ça peut exister. Pari réussi car je me mets alors à ruminer : réalité ou fiction ? Parce que c’est quand même vachement convainquant, même pour quelqu’un de très terre à terre comme moi. Et puis c’est angoissant aussi d’ailleurs, car même si je me plais à rappeler que je ne crois en rien, je vis régulièrement des rêves bizarres, et… je dois bien avouer que ça me fait flipper !
Digne d’un scénario de film !
Les limbes est indéniablement très cinématographique car il est très imagé, tant au niveau de l’environnement dans lequel évoluent les personnages que de leurs émotions, très présentes tout long du récit. L’auteur fait se succéder des passages plus calmes où il développe son intrigue, où il nous fait découvrir les tréfonds de l’esprit humain, à des scènes d’actions ou d’introspection grâce au récit écrit à la première personne.
Un rupture franche et nette a lieu en dernière partie du livre : tout s’accélère, nous basculons, en quelques lignes dans un final tonitruant grâce à une narration très nerveuse, à des passages courts, entrecoupés par une sorte de compte à rebours qui résonnera dans votre tête comme le tic tac d’une horloge ! Le suspense est à son comble, la pression aussi, j’en frôle les palpitations dans les dernières pages, et cette fin est remarquable, inattendue. Le thriller est bien là, l’auteur en respecte tous les codes, il se joue de nous, il fait ce qu’il veut de ses lecteurs pour les laisser complètement désarçonnés après la dernière page…
Je retrouve ici la sensibilité incroyable qui caractérise la plume de l’auteur. Les émotions transpirent à travers le choix des mots qui sont utilisés, à travers le rythme donné par l’auteur également. Plus qu’un thriller, il y a un réel choix des mots, ce qui en fait un ouvrage littéraire de belle qualité.
Le mot de la fin
Il en faut, une bonne dose de talent, pour me convaincre avec un récit fantastique.
Et le talent, indéniablement, il l’a, Olivier Bal. En l’espace de deux parutions, il est devenu pour moi un des auteurs auxquels je crois le plus, qui va percer et casser la baraque dans ce milieu très concurrentiel du thriller.
Le côté fantastique est justement dosé, de façon à toucher aussi bien les lecteurs comme moi que les lecteurs vrais amateurs du genre. L’auteur m’a juste perdue une dizaine de pages, un passage vraiment trop fantastique pour moi, mais j’ai rapidement raccroché les wagons et ce, jusqu’à la dernière ligne. 10 lignes, sur 400, on va dire que ce n’était pas un vrai égarement 🙂
J’ai été transportée dans un autre monde, une autre réalité, hypnotisée par ce livre que j’ai avalé en deux jours. Je me suis ouverte à quelque chose d’intriguant, d’inquiétant. Et j’en redemande, parce que je fais un caprice de lectrice en réclamant haut et fort une suite !
Première joie : du fantastique
Deuxième joie : les années 70
J’ai l’impression de voir une sorte de Chattam. Il va falloir que je lise ça !
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alors si tu es branchée années 70 et fantastique, je suis sûre que ce livre est pour toi ! 🙂
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