J’ai pour habitude de ne jamais chroniquer un de mes livres avant sa parution, mais départ en voyage oblige, je veux impérativement la publier avant de partir. Et puis j’en ai des choses à vous dire au sujet de ce livre !
Gipsy Paladini, pour ceux qui ne la connaissent pas encore, est une auteure française. D’abord autoéditée, j’avais pu la découvrir il y a environ deux ans, avant de créer mon blog, avec son livre J’entends le bruit des ailes. Elle était une figure majeure du monde de l’autoédition et m’avait alors laissé une grande impression, et forcément, je ne suis pas surprise de la retrouver aujourd’hui, publiée chez, excusez du peu, Fleuve Noir. Ouais… Rien que ça !
Je vous parle donc aujourd’hui de Vices, de Gipsy Paladini, qui paraîtra à le 9 novembre 2017 chez Fleuve Noir.
L’histoire (4è de couverture)
Tala, ancien des stups, a imposé la création de la BJV – Brigade des jeunes victimes. C’est son bébé, sa fierté. Comme son nom ne l’indique pas, ce sont surtout les affaires dont personne ne veut que cette unité spéciale gère en priorité. Au menu : suicides, harcèlements, disparitions, viols… Ténèbres urbaines auxquelles font face Bia, Amir, Marcus et les autres, et que se mesurent au combat ordinaire que chacun livre pour sa propre existence. Parmi cette clique de cramés et néanmoins bons flics, Marie et Zolan. Échappée de sa campagne natale, la plus jeune recrue trouvera-t-elle les ressources nécessaires pour satisfaire sa soif de justice ? Et lui, le taiseux au cœur slave, quand cessera-t-il, chaque nuit, de hurler toujours le même nom ? Voilà deux chats de gouttière à apprivoiser, deux personnages gangrenés par les secrets en quête d’une vie plus douce. Et que rien n’apaise.
Parlons du fond…
Il y a les auteures gentilles, lisses, qui écrivent des petits polars gentillets, ne dépassant pas les limites de la bienséance pour préserver ses lecteurs et lectrices des sueurs froides trop fortes qu’une histoire macabre pourrait leur donner. Et puis il y a les autres. Celles qui osent, celles qui ne cachent pas grand-chose, celles qui te montrent l’envers du décor et te crachent le monde tel qu’il est en pleine tronche, et prends ça dans ta tête de lectrice et débrouille-toi après pour gérer tout ce que ça a crée en toi ! Gipsy Paladini fait partie de celles qui se risquent à ça, l’écriture est d’une noirceur qui vous colle désagréablement à la peau, mais en même temps elle est toute en finesse, c’est une écriture féminine comme j’ai pour habitude de dire, empreinte de beaucoup de sentiments différents, des positifs, des négatifs aussi, et puis parfois une once d’humanité, disséminés là pour éviter de nous flinguer définitivement le moral, comme une sorte de pansement collé sur les coups de griffes à l’âme qu’elle t’inflige.
Le livre porte bien son nom : Vices. C’est simple, ça claque, ça laisse l’imagination du lecteur vagabonder dans les bas fonds de la société, ceux qu’on préfère ne pas connaître parce qu’on est bien nous, dans notre petite vie rangée et notre routine.
Et puis un peu de la forme…
La construction du livre est inattendue. On s’attendrait à avoir une intrigue qui se déroule de la première à la dernière page, et pourtant ce sont deux histoires que Gipsy va nous proposer ici, avec comme fil rouge la Brigade des jeunes victimes que nous retrouverons dans les deux histoires mais dans deux affaires bien différentes.
On entre directement dans le vif dans le sujet. Ici pas de chichi, l’action commence dès les premières pages et les enquête se veulent riches, mouvementées. Et puis subtilement, l’auteure dresse un portrait mystérieux de certains de ses personnages principaux. On commence à faire leur connaissance, et puis on comprend tout doucement qu’ils traînent des casseroles, que leurs fréquentations ne sont pas forcément en adéquation avec leur statut de flic, flirtant parfois avec la ligne rouge. I
Marie est de loin le personnage que j’ai le plus apprécié parce qu’elle a cette sensibilité qui fait qu’elle est vulnérable ; et puis il y a Zolan, son coépiquier (mais pas que), qui dresse autour d’elle un mur en béton armé afin de protéger cette fragilité, devenant presque paternaliste parfois. C’est une relation spéciale qui les uni, et c’est ce qui donne un peu d’humanisme et édulcore un peu ce thriller noir. D’ailleurs, je me pose la question à savoir si nous sommes vraiment dans un thriller ou plutôt dans un roman noir. Un peu des deux je dirais : il y a bien une enquête policière, il y a bien des cadavres, mais il y a aussi une réelle réflexion sur la société.
J’ai apprécie les deux histoires déroulées dans ce livre, mais j’ai eu une nette préférence pour la première parce qu’elle m’a vraiment effarée de part sa violence. Je ne parle pas de gore, de viscères à l’air ou d’autres réjouissances dégueulasses du genre et que j’apprécie malgré tout dans mes lectures. Par violence, je parle de celle des sentiments, de celle induite par des réactions que nous n’aurions sans doute pas face à certains événements. Et puis il y a cette violence qui découle de certaines personnalités malsaines et qui peut anéantir un être humain.
Nous retrouvons ici tout le panel de ce qui fait émerger une enquête policière : viols, disparitions, meurtres. Comme ça, il y en a pour tout le monde, pas de jaloux !
Le mot de la fin
La maîtrise des sujets et la maturité d’écriture rendent Vices terriblement crédible, et la noirceur des faits contrebalancée par la finesse d’une écriture néanmoins acérée en font un livre très abouti.
Je me suis sentie plus proche de l’auteure, bizarrement, que des personnages. Parce qu’elle a mis ses tripes dans les 400 pages qui constituent ce bouquin, parce que de nombreux passages, émotions ressenties ou phrases prononcées ici et là ont résonné en moi. Je me suis sentie concernée en même temps que mise à nu, parce que moi finalement, j’aime aussi faire la politique de l’autruche sur les sujets qui me touchent ou me font du mal et quand je lis des choses comme ça qui trouvent un écho en moi, je me reprends tout ce que j’avais fui en pleine poire. J’ai en tête deux citations pour illustrer mon propos : « Ce n’est pas normal qu’elle soit si seule, cette petite, qu’on me disait. Je répondais que tes rêves étaient si grands que tu pouvais y caser très peu de monde. » ou bien encore « En Afrique, on croit que le destin c’est le destin, qu’y a rien à faire, c’est pour ça que les gens sont des fainéants, moi je dis merde au destin, oui, merde, le destin! »
Si vous aviez encore un tant soit peu foi en l’humanité, vous risquez d’être ébranlé dans vos convictions de ce qui s’annonce comme le premier opus d’une future série littéraire. L’ombre des maux de la société plane sur nos personnages qui se retrouvent confrontés à de sordides affaires, mais elle plane aussi au-dessus de vous lecteurs, parce qu’elle vous met face à cette réalité que vous préférez ignorer parce qu’elle est trop difficile à supporter. Déciderez-vous d’affronter la nature humaine en face, ou préférerez-vous (encore) fermer les yeux parce que ça fait moins mal ?
Je ne peux que vous recommander chaudement ce livre qui se lit d’une traite !
Waouh. Ça donne envie de la découvrir
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Bonjour, oui cela donne envie de découvrir ce nouveau livre. Merci
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Excellente critique , très bien écrite !
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Merci beaucoup Jean-Michel ! Au plaisir 🙂
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allez hop…on va l’acheter…par contre, doit on lire d’abord les autres de cette auteur?
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Bonjour Michele et désolée de ma réponse tardive mais j’étais en voyage et ne suis rentrée qu’en fin de semaine dernière ! Il n’est pas nécessaire de lire les autres de l’auteure pour entamer celui-ci. Bonne soirée !
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