Editions Fleuve noir, Editions Pocket, Polar/thriller français

Black Coffee – Sophie Loubière

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Il faut que je j’vous raconte !

J’étais en plein marasme littéraire, une traversée du désert, la première de l’année d’ailleurs, depuis le dernier Indridason. J’ai beaucoup traîné en lisant certains bouquins, parfois il me fallait plus d’une semaine pour un terminer un; j’en ai arrêté un aussi, d’à peine 250 pages pourtant, parce que je n’arrivais pas à rentrer dedans et que je n’y trouvais que peu d’intérêt… Et puis, certains soirs, j’ai même préféré regarder la télé le soir, moi, l’allergique au petit écran !

Et puis il y a eu Black Coffee… Enfin, j’avais prévu de lire White Coffee que je venais d’avoir en format poche car tout juste publié chez Pocket, et en publiant ma photo sur les réseaux sociaux en indiquant que je commençais cette nouvelle lecture, alerte rouge de la part de plusieurs lecteurs et de l’auteure : il serait vraiment bien de lire Black Coffee en premier lieu avant d’envisager sa suite. Qu’à cela ne tienne, j’achète via ma Kobo chérie le livre en question vers 21h, et je m’y mets à 5h du mat’, ma liseuse étant la compagne de mes nuits d’insomnie. Et j’ai avalé la première moitié d’une traite, sans m’arrêter durant cette aube d’errance sans sommeil…

J’en ai des choses à vous dire au sujet de ce livre ! Je vous emmène donc aujourd’hui dans ma valise, direction la mythique Route 66 aux USA pour vous parler de Black Coffee de l’auteure française Sophie Loubière, d’abord édité chez Fleuve Editions, puis tout récemment en format poche chez Pocket.

L’histoire (4è de couverture)

Narcissa, Oklahoma, juillet 1966.

Un jour de grand beau temps, un homme fut pris d’un coup de folie. Il égorgea une femme enceinte dans une maison et poignarda une petite fille dans le jardin. Il blessa grièvement une mère de famille et son fils, puis il repartit en boitant, couvert de sang, au volant d’une Ford Mustang jaune. C’était un dimanche après-midi. Et personne n’a rien vu.

Quarante-cinq ans plus tard, une française au comportement étrange va bientôt réveiller les démons du passé. Lola Lombard voyage seule avec ses deux enfants et cherche son mari volatilisé trois ans plus tôt sur la Route 66. Sa seule piste est un cahier que son homme lui aurait envoyé et qui pourrait bien être la preuve de l’existence d’un des plus ahurissants criminels que les Etats-Unis aient connu… Et dont le chemin sanglant traversait déjà la petite ville de Narcissa en Oklahoma à l’été 1966.

 

On the road !

Ah la vache ! J’ai vibré, comme ça faisait bien longtemps que je n’avais pas autant vibré durant une lecture !  Ce livre est un condensé de mes deux passions réunies en pas moins de 600 pages : la lecture (de littérature noire bien sûr) et le voyage. Vous le savez, vous qui me suivez depuis un certain temps, je suis très sensible aux thrillers/polars qui se déroulent à l’étranger et dont l’environnement et les paysages font partie intégrante de l’intrigue, devenant eux-mêmes une sorte de personnage immatériel et créant à chaque fois une atmosphère particulière à l’intrigue, accentuant bien souvent l’aspect sombre de l’histoire. Cet exercice est parfaitement maîtrisé par Sophie Loubière qui tisse la toile de son roman noir tout au long de la fameuse Route 66 aux Etats-Unis, route de tous les fantasmes pour les globe-trotteurs, et à la manière de Jack Kerouac qui nous a emmené en voyage Sur la Route, en bien plus mouvementé ici heureusement !

Black Coffee, ce n’est pas seulement une atmosphère, c’est aussi une intrigue intense : divers meurtres qui interviennent à plusieurs périodes, un parallèle qui est fait entre deux périodes différentes (les années soixante et de nos jours) les destins qui se croisent et s’entremêlent, les liens qui se nouent, l’errance qui est longue, pleine d’incertitudes et le danger qui rôde. Si l’action prend son temps, je ne me suis sentie à aucun moment ennuyée par les périodes un peu plus calmes du livre, parce que l’auteure a réussi le tour de force de m’immerger complètement dans son histoire et que j’ai tout de suite accroché avec les personnages que j’ai trouvé très touchants, très pugnaces également. Desmond et Lola n’ont rien en commun, et pourtant leur histoire va se croiser et leurs vies vont s’unir parce qu’ils ont tous les deux subis une rupture familiale, l’un par le massacre d’une partie de sa famille alors qu’il n’était qu’un enfant, l’autre par l’abandon de son mari alors qu’il était juste parti au Lavomatic un matin, alors qu’ils passaient leurs vacances ensemble en famille dans l’ouest américain. Chacun des deux se lancera alors dans une quête, afin d’essayer de comprendre comment et pourquoi leur vie à basculer. Forcément, vous vous en doutez, beaucoup de choses sont liées…

Sous la chaleur brûlante du désert de l’ouest américain, nous traversons avec eux des kilomètres de routes désertiques, engloutissons les pages durant les longues heures de route passées sur l’asphalte brûlant où les silhouettes fantomatiques d’anciens motels laissés à l’abandon côtoient celles des pompes à essence vidées de leur substance depuis bien longtemps. Pas âme qui vive dans ces contrées éloignées de toute civilisation, mis à part quelques bikers en Harley et voyageurs passionnés au volant de leur Ford Mustang. Ce vide rend les déplacements et le récit d’autant plus inquiétants, créant un sentiment dramatique chez le lecteur. Il m’a semblé que le climat torride accentuait les difficultés de ces investigations, comme si les éléments devenaient complices pour empêcher Lola et Desmond d’arriver au  bout de leur quête.

Black Coffe est donc un roman de quêtes : recherche d’un serial-killer qui a sévi il y a une cinquantaine d’années, quête pour retrouver une personne disparue, quête aussi pour réussir à tourner une page douloureuse de sa vie et pouvoir enfin avancer… Pour nos personnages principaux, cette quête se fait sur la route, traversant plusieurs Etats qui semblent parfois désertés de toute forme humaine. Nous vivons cette quête au cœur même de l’intrigue, témoins privilégiés des événements qui s’enchaînent et des révélations qui émergent lentement.

 

Le mot de la fin

L’atmosphère ici prend toute la place, crevant les pages du livre, emportant son lecteur à travers les déserts arides de l’ouest américain, devenant à elle seule un personnage immatériel rendant l’intrigue plus sombre encore. Ça vous prend les tripes, ça vous étouffe, ça ajoute de la noirceur à cette histoire déjà bien macabre. Mention spéciale pour le tout début du livre, au moment du premier meurtre. Sensation glaçante ressentie devant ce meurtre gratuit auquel on assiste impuissant, un assassinat barbare, un carnage qui anéantira toute une famille. C’est aussi grâce à cette introduction que je suis aussi rapidement rentrée dedans.

Un de mes voyages en 2018 sera l’ouest américain, et forcément j’ai ressenti un réel plaisir en découvrant ce livre qui se déroule dans ce secteur qui me fait rêver depuis plusieurs années.

Aussitôt terminé, aussitôt commencé White Coffee. Je vous en parlerai rapidement, en attendant, bonne lecture à tous !

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